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Génocide rwandais : Chacun son tour devant le Tribunal

Publié le mercredi 11 juin 2008 à 11h27min

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Malheur donc aux vaincus ! Triste constat au Pays des mille collines, après la victoire sanglante du Front patriotique rwandais (FPR) sur le régime de Juvénal Habyarimana une certaine année 94.

Triomphe des Tutsis sur les Hutus, qui ouvrit les portes au génocide. Quelle horreur ! On se souvient comme si, en effet, c’était hier, de l’attentat mortel dont furent victimes le président rwandais d’alors et son homologue burundais, Cyprien Ntaryaminra, au-dessus de Kigali à leur retour d’Arusha, où ils avaient pris part à un sommet consacré aux crises au Rwanda et au Burundi. Le hasard en avait-il décidé ainsi ? Ensuite, que de Rwandais massacrés par milliers, au summum d’une haine tout aussi raciale que bestiale jamais égalée.

Depuis, alors que Paul Kagamé et ses hommes, venus des quatre coins des Grands-Lacs, pavoisaient dans les allées du pouvoir, jalousement conquis, l’enfer descendait sans pitié sur les vaincus, accusés qu’ils étaient à tort ou à raison de tous les maux du Rwanda, dans l’indifférence la plus totale, tant de l’OUA, en déliquescence, que des grandes puissances, qui attendaient la fin de la tragédie pour jouer les pompiers. Hélas, depuis, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), installé à Arusha pour juger les coupables du génocide, n’avait puisé que dans la mare hutu, ignorant royalement la main qui avait actionné le missile sol-air meurtrier de cette mémorable date du 06 avril 94, quand fut descendu le Falcon 50 présidentiel rwandais.

Attitude fort compréhensible au regard la menace de que l’homme mince de Kigali a toujours proférée contre l’impertinence des juges et des anciens colons belges et français.

En tout cas, Paris se souviendra encore longtemps de la prise en otage, par Kagamé, des relations diplomatiques entre les deux pays en novembre 2006. Mais maintenant que les Hutus ont cher payé leur part du drame rwandais, place aux Tutsis, qui se surprennent dans la ligne de mire du TPIR.

Ça n’avait que trop duré, et l’on peut se réjouir qu’enfin cette instance judiciaire internationale ait ouvert l’œil et le bon pour identifier ceux des officiers du maître actuel du Pays des milles collines coupables, eux-aussi, de cette ignoble boucherie.

C’est enfin, peut-être, que leurs illustres victimes, Mgr Vincent Nsengiyumva, archevêque de Kigali ; Mgr Joseph Ruzindana, évêque de Byumba (nord) ; et Mgr Thadée Nsengiyumva, évêque de Kabgayi (centre) et alors président de la conférence des évêques catholiques du Rwanda ; tombés le 05 juin 1994 à Gitarama seront vengés par la justice des hommes, dans l’attente de celle immanente afin que, devant nul tribunal, il n’y ait point deux poids deux mesures.

On comprend aisément la promptitude avec laquelle les autorités rwandaises ont réagi, dès l’annonce par le procureur général du TPIR, de poursuites judiciaires contre des éléments de l’ancienne rébellion rwandaise, en arguant la compétence de leurs tribunaux nationaux. Mais que craignent-elles, si tant est qu’elles n’ont pas manié la hache de guerre qui a dépiécé des milliers de Rwandais et qu’elles ont les mains propres ?

Rira bien qui rira le dernier, dit l’adage ; et Kagamé devrait tendre l’oreille pour écouter sa sentence, car responsable il est, devant l’histoire, du pire drame, après l’esclavage, qu’ait jamais connu l’Afrique.

Bernard Zangré

L’Observateur

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