Humeur : Megd’alors !
Megd’ ! J’ai marre de vivre dans ce pays où on crie famine à longueur de journée alors qu’on n’arrête pas d’y organiser la bamboula. Toutes les occasions sont bonnes pour se donner en spectacle et dévorer le peu de ressources qui nous fait courir.
Tenez. Même une semaine après la fameuse fête des megd, pardon des mères, des fêtards impénitents se sont encore débrouillés pour rattraper l’événement, comme s’ils y étaient obligés. Tout cela, avec la bénédiction de sociétés qui préfèrent jeter l’argent par la fenêtre de ces conneries que de sponsoriser des choses plus utiles. Megd’ !
Je sais que les gros porcs qui dirigent ces sociétés ne prêteront pas la moindre attention à ma demande de sponsoring d’une année de provision de Guigui. Mais ils auraient au moins raison de s’investir dans les cantines scolaires qui sauvent chaque année des milliers de mômes de la faim à l’école. Megd’ ! Tout se passe parfois dans ce foutu bled comme si on préfèrait les futilités à ce qui peut nous faire avancer véritablement. On préfère faire venir de l’étranger des enfoirés de chanteurs qui viennent gambader sur des scènes comme des orangs-outangs. Si au moins ils jouaient de la vraie musique live... Megd’ !
Ça me fait vraiment mal de voir qu’on importe ces zigotos à coups de millions pour des play-back aussi fades que de la Guigui mal brassée. Certains ont trouvé la perverse ingéniosité de faire venir des danseuses au gros popotin, comme cette bobaraba ivoirienne qui a été présentée en attraction à la télébidon nationale le week-end dernier. Megd’ ! Tenez-vous bien. Il fallait débourser 15 000 balles pour aller voir un postérieur en agitation. Et ceci à l’occasion de la Fête des mères. N’importe quoi ! Vous imaginez très naturellement que jamais, au grand jamais, je ne miserai une telle somme pour un tel spectacle. Ce serait jouer le vrai con. Megd’ !
Aussi longtemps que les gros porcs qui s’engraissent sur notre dos affectionneront ces genres d’exhibitions, les connards qui les organisent auront toujours pignon sur rue. En plus, on les passera à la télé pour mieux nous narguer. C’est pourquoi j’ai décidé de vendre mon vieux poste à un gaou qui vient d’arriver dans mon quartier pour me faire un peu de sou pour une semaine de Guigui. C’est plus utile et moins écoeurant. Megd’alors !
Journal du jeudi