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Mugabe : Jupiter rend fou...

Publié le lundi 9 juin 2008 à 12h29min

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On vous l’avait bien dit, Robert Mugabe, qui avait refusé contre toute évidence le K.-O. du premier tour, ne s’est pas arrangé pour avoir un second tour pour ensuite donner le fauteuil présidentiel à qui que ce soit.

On en a encore eu la preuve ces derniers jours. En effet, au fur et à mesure que la date fatidique du 27 juin approche, le vieux Bob opère des tours de vis tous azimuts, resserrant un étau chaque jour plus étouffant autour d’une opposition qui a véritablement du mal à battre campagne.

Quand ce ne sont pas des députés qui sont arbitrairement détenus (pour incitation à la violence publique), comme ce fut le cas la semaine dernière d’Eric Matinenga, c’est la police qui interdit les rassemblements de l’opposition à Harare, empêchant du même coup Morgan Tsvangirai d’entrer en contact avec les électeurs zimbabwéens, le porte-à-porte n’étant qu’une situation à laquelle il s’était résolu, faute de mieux. Fort heureusement, la justice de son pays, qui conserve un minimum d’indépendance dans un système totalitaire comme celui-là, a décidé que la police ne pourrait plus interdire les rassemblements du MDC.

Sans qu’on sache véritablement si la décision sera suivie d’effet dans la mesure où le maître de Harare lui-même n’a jamais fait mystère du peu de cas qu’il faisait de l’institution judiciaire, estimant que les magistrats n’avaient aucune légitimité pour barrer la route à sa révolution. Les chausses-trappes se multiplient aussi pour une opposition déboussolée déjà flouée de sa victoire certaine au premier tour et qui risque à nouveau de se faire voler au second, cela d’autant plus facilement que l’oncle Bob a autorisé, par décret, la présence des policiers dans les bureaux de vote. Chaque électeur sait donc à quoi s’en tenir et ce à quoi il s’expose s’il se piquait d’être téméraire.

On le voit, à 84 ans, dont 28 passés à la tête de l’Etat depuis son accession à l’indépendance en 1980, le papy tient coûte que coûte, et advienne que pourra, à conserver sa chose (pour parachever son combat révolutionnaire). Mais de quel combat révolutionnaire parle-t-il au juste ? De celui qui a remplacé la dictature raciste de Ian Smith par un despotisme pur nègre ? De celui qui a conduit l’ex-Rodhesie du Sud à la banqueroute avec un taux d’inflation astronomique à six chiffres ? De ce combat révolutionnaire qui a affamé les habitants de ce qui était jadis le grenier de l’Afrique australe ?

Bien sûr, on nous dira que si le héros de la guerre d’indépendance a mal tourné, c’est aussi en partie parce que l’ancien colonisateur britannique n’a pas respecté ses engagements pris à Lancaster house. Mais est-ce une raison suffisante pour ruiner son propre pays et martyriser son propre peuple ? On en est d’ailleurs à se demander, comme Jupiter rend fous ceux qu’il veut prendre, si le vieillard obtus n’est pas en train de perdre la raison puisqu’il fait maintenant feu de tout bois.

Non content de traquer ses propres opposants, il s’amuse à présent à prendre pour cibles les diplomates occidentaux notamment américains et britanniques. Justement, le 5 juin dernier, des diplomates de ces deux pays ont été retenus durant plusieurs heures à un barrage routier par la police. Les chauffeurs ont été molestés, les pneus des voitures tailladés. Les infortunés ont même été menacés d’être brûlés vifs dans les véhicules. Cette affaire a suscité un incident diplomatique ce week-end et un concert de désapprobation dans les capitales occidentales qui ont toutes condamné ces agissements.

Papy Bob gagnerait pourtant à avoir un minimum de retenue car s’il s’en prend désormais à des représentants de pays étrangers, on ne sait pas jusqu’où pourrait aller la réaction des Etats concernés. Mais obnubilé par le désir d’éternité au pouvoir, Mugabe, qui semble vouloir entraîner son pays dans sa tombe, a-t-il encore une claire conscience de tout cela ?

La Rédaction

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