Au cours de l’entretien, le Président Blaise Compaoré a salué « le mérite personnel du Président Ma, celui du peuple taïwanais, et toute l’énergie et l’intelligence déployée pour amener le peuple à adhérer à son programme ». Le Président du Faso a aussi reconnu que le nouveau président aura d’immenses défis à relever. « Mais votre attachement à moderniser la démocratie sur l’île vous mènera au succès », a-t-il estimé. Les deux personnalités ont évoqué les relations bilatérales. Le Président Ma a exprimé sa volonté de poursuivre les programmes de coopération en cours. Cette coopération qui a été reprise en juin 1994, est définie et révisée tous les deux ans par la Commission mixte de coopération entre les deux pays.

Les Engagements nationaux, l’un des grands défis que le Burkina et son président s’étaient promis de relever, constituent aujourd’hui les domaines d’intervention par excellence de la Chine au Burkina. Le Président Blaise Compaoré s’est réjoui de la qualité de ces relations. Il a rassuré son homologue taïwanais du soutien constant du Burkina à la République de Chine, dans son combat pour une plus grande reconnaissance internationale. Ce soutien, le Président Ma Ying-Jeou l’a également souhaité vivement. « Votre soutien chaleureux nous a toujours réchauffés », a-t-il indiqué. Il a aussi relevé le rôle que le Burkina Faso “pays noble et prestigieux” joue dans la recherche de la paix et salué en Blaise Compaoré « un homme politique qui joue un grand rôle dans le monde ».

Pendant son séjour taïwanais, Blaise Compaoré et sa délégation ont également effectué un déplacement à Sun Moon Lake à 250 Km au Centre du pays. Le lac qui a donné son nom à la région est l’un des plus grands de l’île. Il a également visité le Musée national de séisme à Nantou, non loin de Sun Moon Lake. Ce musée a été ouvert au public à l’occasion de l’anniversaire du séisme qui s’est produit le 21 septembre 2004, et vise essentiellement à aider la population à prévenir d’éventuels séismes et d’observer certains réflexes et comportements lors de ces catastrophes.

Le nouveau président favorable à l’ouverture d’un dialogue avec Pékin

Elu en mars 2008 avec 58% des suffrages, Ma Ying-Jeou, ancien maire de Taïpeh était le candidat du parti nationaliste Kuomintang. Il a pris officiellement le relais du Président sortant Chen Shui-bian lors d’une cérémonie de prestation de serment au palais présidentiel, devant le portrait de Sun-Yat-Sen, le fondateur de la République de Chine et en présence de plusieurs dignitaires et représentants étrangers. Lors de la campagne pour la présidentielle, le candidat Ma a promis de revigorer l’économie de Taïwan et de renforcer les liens commerciaux avec la Chine continentale, tout en recherchant un accord de paix. Une paix à laquelle il tient à tout prix, et cela est revenu à plusieurs reprises dans son discours d’investiture prononcé dans l’enceinte du Taïpeh Arena, devant 1500 invités. « Œuvrer en faveur de la paix inter-détroits et de la stabilité régionale constitue notre objectif permanent et immuable. Taïwan travaillera à devenir un artisan fiable de la paix et à remodeler positivement sa réputation internationale », a précisé le Président Ma Ying-Jeou dans son discours.

La promesse d’ouverture d’un dialogue avec la Chine continentale a une portée historique, mais le Président taïwanais s’est aussi engagé à maintenir le statut existant de Taïwan, tant sur le plan intérieur qu’international. Très prochainement, des rencontres devront avoir lieu entre les deux pays. Ainsi, des discussions sont en vue pour l’établissement de vols directs entre la Chine et Taïwan. « La normalisation des relations économiques et culturelles est la première étape d’une solution gagnant-gagnant », a indiqué le Président Ma dans son discours. Il s’est dit également convaincu que « la question-clé pour une solution définitive du problème inter-détroit ne réside finalement pas dans la question de la souveraineté, mais dans le choix de société et de ses valeurs intrinsèques ».

Sa détermination à défendre la sécurité de l’île, sa prospérité et surtout sa dignité, s’est faite de plus en plus pressante. « Taïwan ne devrait plus être isolé sur le plan international et les relations inter détroit devront connaître une nouvelle phase de stabilité et de confiance », a-t-il déclaré. Le Président taïwanais a également dit la nécessité « d’allouer un budget adéquat pour nous procurer des armements nécessaires et pour organiser un corps de défense solide et efficace ».

Béatrice Tiendrébéogo
Présidence du Faso

Taïwan décerne l’Ordre de l’« Etoile brillante avec Grand cordon » à l’ambassadeur du Burkina dans ce pays

Monsieur Jacques Yamlaneba Sawadogo, vous êtes ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso près la République de Chine (Taiwan) depuis plus d’une décennie. En signe de reconnaissance de votre dévouement et de votre dynamisme, la Chine (Taïwan) vous a décerné le 15 mai 2008, la médaille de l’« Ordre de l’Etoile brillante avec Grand cordon ». Quels sont vos sentiments par rapport à cette distinction ?

Son Excellence monsieur Jacques Sawadogo (SEM J.S.) : Cette décoration que le Président de la République de Chine a eu la mansuétude de me décerner est le reflet de l’excellence de l’amitié entre notre pays et Taiwan, c’est le reflet de l’amitié portée à notre peuple.

La Chine a un nouveau Président. Quelles sont les perspectives dans la coopération ? Cela fait plus de 10 ans que vous travaillez à l’excellence de ces rapports ?

SEM J.S. : Pour nous et comme vous l’avez suivi aussi bien dans le discours d’investiture, qu’au niveau des entretiens avec le Président du Faso, dans sa vision politique, son programme de coopération avec les pays amis, le Président Ma a souhaité que les relations continuent à se développer, à se renforcer. Vis-à-vis des pays amis, il entend poursuivre cette coopération, voire la renforcer, la consolider et l’élargir au bénéfice des peuples alliés au peuple taïwanais. Il a même été clair que cette coopération exemplaire que le Burkina entretient avec Taïwan va se poursuivre. Pour moi, c’est donc dans la continuité et le renforcement que j’appréhende cette coopération dans les années à venir. Il a lui-même pris l’engagement et il a explicitement dit dans son programme qu’il allait poursuivre toutes les actions de coopération. Il entend promouvoir une politique pragmatique pour développer les relations avec les autres pays.

Existe-t-il une communauté burkinabè à Taïwan ?

SEM J.S. : Il n’y a pas d’immigrés à Taïwan. Nous avons des étudiants burkinabè qui bénéficient de bourses taïwanaises et étudient dans plusieurs domaines tels que l’informatique, la géologie, les mathématiques, etc. Nous avons quelquefois aussi de jeunes élèves officiers qui viennent échanger les expériences dans le domaine militaire.

Qu’en est-il sur le plan du commerce ?

SEM J.S. : Sur le plan commercial, les échanges sont en train de se développer. En 2006, le volume global du commerce bilatéral s’est élevé à 9 millions de dollars US. Cette année, il est à 16 millions de dollars US. Ce commerce est profitable au Burkina parce que nous avons exporté pour 15 millions de dollars US essentiellement du coton et aussi du sésame, et nous avons importé pour plus du million de dollars de pièces détachées. La balance commerciale est largement favorable à notre pays. Les industriels taïwanais apprécient beaucoup le coton burkinabè qu’ils utilisent pour faire du tissu de très haute gamme. Du point de vue des déplacements de nos hommes d’affaires, il y a certains qui ont des partenaires à Taïwan et développent un certain nombre d’activités. Des Taïwanais sont aussi installés au Burkina et évoluent dans des domaines de l’informatique et des nouvelles technologies de la communication. Une entreprise taïwanaise s’est installée récemment en 2007 à Ouagadougou et s’est intéressée à la vente des articles de couture, les boutons, garnitures, à Ouagadougou même et aussi aux autres pays voisins du Burkina.

B.T.

Sidwaya