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Sommet de la FAO : Propos au vitriol de deux mal-aimés

Publié le jeudi 5 juin 2008 à 11h03min

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Que seraient les rencontres internationales sans ces trublions qui, au cours de leurs discours, lâchent des phrases chocs ? Et l’ambiance de ces retrouvailles avec ces invités qui préféreront, la plupart du temps, user de la langue de bois ? Beaucoup vous répondront que ce serait un ennui mortel.

Evidemment, ils ont bien raison et la présence à ce genre de rendez-vous d’un Hugo Chavez, d’un Robert Mugabe ou du mystérieux président iranien, Mahmoud Ahmadinedjad, serait secrètement appréciée par les participants, qui ne bailleront plus à se fendre la mâchoire.

Il n’y a que ceux sur lesquels ils descendent leur foudre qui peuvent se sentir un peu mal à l’aise. Cette année, dans ce registre, le sommet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’a pas dérogé à la tradition. Ces rôles de bandit-chef ou de méchant, pour parler comme un cinéphile ouagalais, ont été joués à perfection par les présidents zimbabwéen et iranien.

Chaque dirigeant pouvant parler entre 5 et 10 minutes, Robert Mugabe avait, dans une conférence similaire en 2005, utilisé cette opportunité pour tenir des propos durs contre le président américain, Georges Bush, puis au premier ministre britannique, Tony Blair, les appelant « terroristes internationaux » et les comparant à Adolf Hitler.

Cette fois-ci encore, il a réédité son exploit, en leur attribuant la paternité de la famine dans le monde. Il ne pouvait en être autrement pour Mugabe, qui a accédé au territoire italien grâce à une dérogation ponctuelle. Il s’agit de son premier voyage à l’étranger depuis les élections du 29 mars, à l’issue desquelles son régime a essuyé un véritable revers.

Mahmoud Ahmadinejad, son compère dans la mal-cause, a, de son côté, avancé que les mécanismes de l’ONU ne peuvent améliorer la situation actuelle de pauvreté et d’insécurité, des puissances diaboliques imposant leurs décisions au Conseil de sécurité et l’instrumentalisant. Il s’en est vertement pris au pays de l’Oncle Sam, non sans avoir adressé quelques piques à Israël, qu’il a accusé de « barbarie » qui tue des femmes et des enfants dans leurs maisons. Pour terminer, il a prophétisé la disparition de ce pays qui, selon lui, « arrivera sûrement et est quelque chose qui est en train d’arriver ».

Malheureusement, les différents dirigeants suivent d’une oreille distraite ces propos au vitriol, qui coulent sur eux comme sur des plumes de canard. Des sorties passionnées que les participants, dans leur globalité, écoutent avec cet air condescendant de ceux qui sont sûrs d’eux-mêmes.

On laisse donc passer l’orage et c’est au suivant des discoureurs prévus dans la liste d’intervention de venir au crachoir. Le seul réconfort de celui qui prononce ce genre de discours qui n’est pas politiquement correct, ce sont les quelques acclamations par-ci par-là. A la fin de leur intervention, les égratignés les observent avec commisération rejoindre leurs fauteuils.

C’est peut-être une bonne psychanalyse pour ces empêcheurs de discourir en rond, qui ont pu vider leur trop-plein de rancœur en s’exprimant, mais rien ne changera. Le monde continuera de tourner dans le sens voulu par les puissants du moment. Après une intervention d’Hugo Chavez à l’ONU, l’actuel occupant de la Maison-Blanche lui a fait remarquer qu’il ressemble à un personnage de bande dessinée. C’est tout dire…

Issa K. Barry

L’Observateur

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