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Last Tuesday : Les Démocrates ouvrent un boulevard à Mc Cain

Publié le mercredi 4 juin 2008 à 11h53min

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Du Caucus de l’Iowa le 3 janvier 2008 aux dernières primaires du Montana et du Dakota, qui se sont déroulées hier 3 juin, le camp démocrate aura donné l’image d’une campagne vivace mais mortelle.

Hillary Clinton et Barak Obama, qui se disputent l’investiture de cette coterie politique, auront crapahuté dur, chacun en ce qui le concerne pour avoir l’adoubement des délégués fin août 2008 à Denver dans le Colorado. Un duel qui s’est métamorphosé, au fil des primaires, en attaques et dérapages verbaux.

Donnée favorite dès le départ, la sénatrice de New York avait cru que sa victoire contre son rival serait une promenade de santé. Ce qui, du reste, est logique, vu qu’elle partait avec des préjugés favorables : ex-first Lady, elle avait tous les lobbies et tout ce qui comptait comme force d’influence de son ex-président de mari avec elle.

Il n’est pas jusqu’aux superdélégués qui ne lui eussent en majorité donné leur soutien tacite. Ce qui s’apparentait presqu’à une victoire à l’avance, vu que dans le système des primaires démocrates, le sort de tout candidat qui n’aura pas obtenu la majorité requise des délégués est entre les mains de ces superdélégués.

Comme c’est le cas actuel pour les deux candidats. L’optimisme béat d’Hillary s’explique également par le fait qu’elle a gagné dans la quasi-totalisé des Etats qui comptent pour les Démocrates : elle a donc raflé la timbale en matière de vote populaire.

Problème : le sénateur de l’Illinois la devance en nombre de délégués, un écart qu’Hillary a espéré jusqu’à la dernière minute pouvoir combler. Ainsi en est-il au Michigan et en Floride, qui avaient avancé les dates de leurs primaires et qui n’étaient plus comptés dans le vote.

Hillary a exigé et obtenu que ces deux Etats, dans lesquels Obama n’avait pratiquement pas battu campagne, soient listés. Le comité national des Démocrates divisera la poire en deux : les délégués du Michigan et de la Floride seront pris en compte, mais leurs voix seront divisées en deux.

Hier 3 juin, s’est déroulé the Last Tuesday, le dernier mardi, qui, tout comme le Super Tuesday du 5 février 2008, n’a pu départager définitivement Hillary et Obama. "Il y a beaucoup de superdélégués qui attendent les deux derniers scrutins, mais je pense qu’ils vont se décider rapidement ensuite", lâchait, confiant, Obama dans le Michigan ; des propos auxquels répondit son adversaire politique dans le Dakota en ces termes :

"Ces dernières primaires marquent le commencement d’une nouvelle étape de la campagne". Des paroles qu’interprètent ses proches comme signifiant qu’elle va encore tenter de convaincre les superdélégués qu’elle est la mieux placée pour battre Mc Cain.

L’intention de la femme de Bil Clinton est donc limpide : elle n’entend pas abandonner le combat. Ou est-ce un dernier baroud d’honneur, puisque les attaques ad hominem (1) ont diminué et que les partisans donnent de moins en moins de la voix ?

Pour les Américains, si longtemps habitués à des primaires à l’investiture sans relief, ce combat Hillary/Obama est certes jubilaire, inédit, mais ça commence à bien faire, car l’essentiel dans cette campagne s’appelle : Maison-Banche. Or comme nous l’écrivions dans l’Observateur du 21 février 2008, ce duel sans fin "ouvre la voie au vétéran du Vietnam, le Républicain Mc Cain, qui, vu son âge (72 ans), sera un président de transition" (2).

Hillary Clinton et Barak Obama sont des candidats minoritaires. La première est une femme, et dans une Amérique virile, il n’est pas évident que la CIA, les services militaires et tous les lobbies qui comptent acceptent de confier leur destin à une femme, fût-elle first Lady dans un passé récent.

Quant au second, qui, pour certains Américains, n’est même pas afro-américain mais carrément africain (sa grand-mère, vivante, continue à fumer la pipe à Nyangogo au Kenya), il n’est pas question qu’il soit le prochain locataire de la maison ovale.

Surtout, il n’est pas certains aussi qu’une Amérique jugée islamophobe depuis le 11-Septembre accepte qu’un homme qualifié de musulman (Obama a élagué Hussein de son prénom) dirige la première puissance mondiale. Et encore.

A force de s’étriper donc, les Démocrates ont érigé un marchepied vers la présidence pour John Mc Cain. Ce qui ne serait pas une nouveauté aux USA : les exemples de soldats professionnels devenus présidents existent : Washington, Jackson, Grant, Eisenhower. Même s’il est vrai que tous étaient des généraux, alors que John Mc Cain ne fut jamais autre chose qu’un pilote de chasse.

Z Dieudonné Zoungrana

Notes :

(1) : Hillary Clinton fait souvent allusion, par ses proches interposés, à la couleur d’Obama, si ce n’est à un mauvais et inélégant parallèle entre lui et J. Kennedy

(2) : in Grille de lecture : Qui arrêtera l’Ovni Obama ?

L’Observateur

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