Le coup de sang des soldats est une véritable fissure dans la forteresse jusque-là inexpugnable du pouvoir de Conakry. Cette fissure pourrait se transformer en une véritable brèche qui va faire trembler les fondations du régime, au vu de la nature des revendications de la soldatesque.

Les trois morts et les magasins saccagés seront passés par pertes et profits. Les mutins ne demandent ni plus ni moins que l’impunité de leurs actes. En contrepartie, ils renoncent à leur revendication qui était le départ de tous les généraux de l’armée. Craignant pour son pouvoir, le général-président a vite fait de régler les revendications pécuniaires des mutins.

Lansana Conté est désormais pris dans un engrenage. Car les germes de la mutinerie se retrouvent dans l’impunité des généraux qui se sont “ assis ” sur les soldes des militaires. Accorder l’impunité et toutes les faveurs que les militaires ont demandées, c’est prendre le risque d’accentuer la division du pays avec, d’un côté, des militaires dont les doléances sont toujours vite satisfaites, et de l’autre, le peuple qui peut continuer à geindre… Mais jusqu’à quand le premier bidasse saura-t-il contenter “sa” soldatesque ? Qui dit que cette caste ne demandera pas encore plus, y compris le départ du général ? La soldatesque n’est plus en odeur de sainteté avec la hiérarchie, toute chose qui n’augure rien de bon sous le ciel “incertain” de Conakry. En tout état de cause, l’impunité réclamée par les militaires est un précédent grave qui achève de ternir l’image du président Conté qui n’est visiblement plus en mesure de proposer un renouveau à son peuple.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays