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Médiateur du Faso : Journée d’information sur le phénomène de la vie chère

Publié le lundi 2 juin 2008 à 11h16min

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Ces derniers mois, le Burkina Faso a connu des mouvements de protestations contre la flambée des prix des denrées de première nécessité : Le renchérissement du coût de la vie, consécutive à la hausse continuelle des prix, grève en effet le budget de la plupart des ménages.

Le gouvernement a réagi en prenant des mesures telles que la suspension temporaire de la perception des droits d’entrée sur les produits de grande consommation. Malgré cette solution, gouvernants et consommateurs continuent de se lancer la balle ; les premiers estiment avoir fait d’importants efforts, tandis que les seconds trouvent ces mesures insuffisantes, sinon inefficaces. Le Médiateur du Faso, pour sa part, reste préoccupé par la situation. Le droit à la nourriture ou droit à l’alimentation reste en effet un droit fondamental qui devrait se traduire par la disponibilité de la nourriture et son accessibilité pour les populations.
C’est dans ce contexte de difficile dialogue entre gouvernants et gouvernés que le Médiateur a entrepris de s’informer sur ce phénomène, qui est mondial, pour en comprendre les causes, leurs conséquences et les solutions envisageables. Il a donc fait appel à deux universitaires, les docteurs en économie Claude Wetta et Lacina Konaté, respectivement directeur et directeur-adjoint de l’Unité de formation et de recherche en sciences économiques et de gestion (UFR-SEG) de l’Université de Ouagadougou

Les causes

Pour les deux économistes, la flambée des prix s’explique par des facteurs internationaux et des facteurs internes. Les causes fondamentales au plan mondial sont de trois ordres :
la hausse des prix du baril de pétrole ; celle-ci se répercute sur les coûts de production, de transformation et de commercialisation des produits locaux ; la variation de la parité entre l’euro et le dollar ; cela affecte les pays de la zone UEMOA dont la monnaie, le CFA, est arrimée à l’euro ; enfin l’augmentation du pouvoir d’achat des populations des pays émergents comme le Brésil, la Chine et l’Inde, qui alimente la demande mondiale des produits de base.
Au niveau interne, le Docteur Wetta et le Professeur Konaté mettent en cause la politique de libéralisation de l’économie de notre pays ayant conduit à la suppression des subventions de l’Etat et des structures d’intervention dans le domaine des prix. La faible augmentation des salaires et pensions et le chômage massif des jeunes, ont également été cités.

Quelles sont les conséquences ?

En ce qui concerne l’impact de cette hausse vertigineuse des prix, les conférenciers ont affirmé que le contre-coup était beaucoup plus ressenti au niveau des personnes à revenus fixes tels les salariés et les paysans pauvres. Par contre, la situation serait avantageuse pour l’Etat, les entrepreneurs et les actionnaires qui possèdent des revenus variables.

Les solutions envisageables

Comme solutions, à court terme, ils proposent tout d’abord une hausse des salaires (augmentation du pouvoir d’achat) pour rétablir un équilibre sur le marché des biens entre l’offre et la demande. Cette augmentation aura également pour effet de contribuer à la baisse de la tension sociale.
Deuxièmement, un contrôle des prix. Cette solution serait une arme efficace contre la flambée des prix.
Cependant à long terme, il faudra envisager des réponses durables. Une « révolution agricole » à l’échelle nationale mais aussi sous régionale et africaine en général, devra être envisagée. L’agriculture céréalière doit prendre le pas sur celle de rente, afin de privilégier ou favoriser l’accès aux produits alimentaires.
La création d’emplois décents et durables notamment pour les jeunes reste une des voies de sortie. Enfin, le développement de l’énergie solaire, comme une alternative crédible à la hausse du prix actuel du baril.

Service de communication du Médiateur du Faso

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