LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pékin-Taipeh : Vent favorable sur le détroit de Formose

Publié le vendredi 30 mai 2008 à 12h01min

PARTAGER :                          

Mao Zedong et Tchang-Kai Check doivent se retourner dans leurs tombes : eux qui se sont combattus dans les années 40 et qui ont forgé de leur main ce qui deviendra plus tard la République populaire de Chine et Formose n’auraient pas compris l’attitude des actuels dirigeants des deux Chine.

En effet à peine Ma Ying-Jeou installé dans son fauteuil de président élu de Taiwan que la Chine communiste a-t-elle entrepris de se rapprocher de l’île nationaliste par une reprise de la coopération bilatérale, rompue depuis la partition de 1949.Ce qui n’est pas innocent, car le nouveau chef de l’Etat taïwanais, partisan du Kuomintang (KMT), est favorable à un réchauffement des rapports avec l’Empire rouge.

Ainsi l’Association for Relations Accross the Taiwan Strait (ARAFTS), l’organisme chargé de négocier avec Taiwan, a adressé une invitation à la Strait Exchange Foundation (SEF), son équivalent taïwanais, qui l’a acceptée.

Sauf donc incident de dernière minute, du 11 au 14 juin prochain devraient se tenir à Pékin des discussions relatives à l’établissement de vols directs entre la Chine et Taiwan. Autant dire un début d’échanges commerciaux et culturels entre deux pays que tout uni mais qui se regardent toujours en frères ennemis.

Mais attention à ne pas devancer l’iguane dans l’eau, car si des questions ayant trait au commerce et à l’économie seront à l’ordre du jour de ces prochaines rencontres parce que relativement plus faciles à débattre, les sujets relatifs aux aspects militaire et à la réunification ne feront pas l’objet d’évocation.

Du reste, le communiqué final de la rencontre entre Wu Poh-Hsing, le président du Kuomintang, et le chef de l’Etat chinois, Hu Jintao, est limpide là-dessus : la délicate problématique de la réunification ne sera pas à l’ordre du jour.

Et pourtant, c’est le nœud gordien des relations entre les deux Chine. Le pays de Deng Xiaoping a toujours considéré que Taiwan est une de ses provinces, ce que n’entend pas d’une bonne oreille l’île, qui menace souvent de déclarer son indépendance, encouragée selon Pékin par les USA. La République populaire de Chine, elle, a, de nos jours, des centaines de missiles pointés sur l’ex-Formose et ne fait pas mystère de sa volonté d’envahir l’île si jamais elle déclarait unilatéralement son autonomie.

Pour donc originales et inédites qu’ils soient, les prochains échanges entres les deux pays ne porteront pas les sujets qui fâchent. Ce qui n’exclut pas que la question de la réunification puisse revenir rapidement en surface.

Une question qui intéresse au plus haut point les pays africains, dont les cœurs balancent entre les deux Chine au gré... de la diplomatie du chéquier. En effet, pendant longtemps, de nombreux pays du continent noir ont été tantôt avec l’un tantôt avec l’autre jusqu’à tout récemment, mais presque tous les pays s’abreuvent désormais au barrage des Trois-Gorges. Exceptées 4Nations, qui font figure de résistantes ou plutôt qui refusent de suivre le mouvement comme des moutons de Panurge.

Le Burkina Faso, qui est toujours avec Taiwan (même s’il y a le Forum d’amitié sino-burkinabè (FASIB) dont l’un des initiateurs n’est autre que Zéphirin Diabré de AREVA), estime que souvent dans les relations, c’est kif-kif bouriko, car elles ne sont pas toujours sincères, mais fondées sur de grands intérêts.

Qui peut cracher aujourd’hui sur un marché de 1,3 milliard d’habitants ? A l’inverse, le pétrole du Soudan et les immenses richesses du continent noir attirent également la Chine, fût-elle un dragon. D’où, par exemple, le micmac incompréhensible pour résoudre le brûlot du Darfour. Alors Chine ou Taiwan, pourvu que le partenariat soit fructueux ; comme dirait Mao, qu’importe la couleur d’un chat pourvu qu’il attrape des souris.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique