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Limogeage de Salif Diallo : Le goudron de François va t-il sauver la tête de Simon ?

Publié le jeudi 22 mai 2008 à 11h42min

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Depuis ce jour de mars 2008 qui aura vu le tout puissant Salif Diallo immolé sur l’autel des querelles byzantines au sein du CDP, la panique a gagné le rang de ceux qui se disaient « Môgo-puissants », intouchables et indéboulonnables. Sont de ceux-là, le maire de Ouagadougou Simon Compaoré. L’épée de Damoclès qui planait sur sa tête par le biais de ses liens avérés avec Salif Diallo semble ne plus planer, mais a commencé à frôler son cuir chevelure ; autrement dit, la menace se fait de plus en plus pressante et précise.

Ceux qui ont eu raison de Salif Diallo en le débarquant de façon cavalière du gouvernement, veulent la peau de Simon Compaoré. Et ils se donnent les moyens de l’avoir même si notre « Maire qui est à l’Hôtel de ville de Ouaga » se débat pour sortir de la toile tissée pour le dévorer comme le ferait une araignée de sa proie. N’est-ce pas pourquoi Simon dans le cadre de son vaste programme de bitumage de la capitale burkinabé a crû bien faire de dérouler le tapis rouge du moins, le goudron pour François Compaoré ?

Faites un tour du côté des appartements du « Petit président », vous y verrez un changement notoire dans le sens de l’aménagement routier. On a mis le bitume de chez lui pour rejoindre l’embranchement du nouveau goudron de Boins-yaaré . Pour bien faire, même le parking visiteurs a eu sa part de bitume.

Il le fallait monsieur le Maire ; car cette petite voie qui passe devant le domicile de François Compaoré est la plus fréquentée de Ouagadougou. Le trafic y est tellement dense que sans bitume, la capitale burkinabé perdrait d’énormes points dans le cadre du concours des villes bien aménagées d’Afrique que vous aimez tant. En bitumant cette petite voie, vous rendez, monsieur le Maire, un très grand service à vos citoyens qui en avaient tellement besoin. Car à côté de cette rue, les autres aux secteurs 15, 16, à Pissy qui viennent d’être éprouvées par la petite pluie de ce début de mois après que les machines y soient passées pour le remblayage et qui sont devenues des mares donc des nids de moustiques ne sont rien. La rue jouxtant la maison de François Compaoré est effectivement la priorité des priorités. Et comme elle rejoint celle de Boins-Yaaré, le “petit président” n’aura plus à faire le grand détour pour rejoindre l’avenue Babanguida et emprunter l’échangeur pour se rendre à Kossyam.

Il le fallait pour que ceux qui n’aiment pas notre bourgmestre ne puissent pas brandir le fait qu’il a mis le bitume quelque part à Gounghin pas loin de « Reemdogo » cette salle de spectacle qui n’est pas aussi loin de la nouvelle demeure du Maire de Ouagadougou.
Il le fallait aussi, disent certains pour amadouer les nouveaux puissants de l’appareil d’Etat afin de montrer patte blanche et se désolidariser de Gorba.

Car c’est comme dit l’adage « vive le roi, à bas le roi » ; Alpha Blondy le reggae maker ivoirien ajoute que ce sont les mêmes personnes qui le disent. Ainsi donc, Simon Compaoré veut sauver sa tête par le biais du goudron, il oublie cependant que ce qui est fait, est fait et ce qui est dit, est dit. Son sort est scellé depuis le débarquement de Salif Diallo ; toute autre tentative de sauver les meubles est vouée à l’échec.
Des analystes avisés affirment même que le cas de Simon Compaoré a été traité bien avant celui de Salif Diallo ; ils avancent pour preuve la sortie médiatique de l’enquête de la Cour des comptes sur la gestion de la mairie de Ouagadougou.
Simon Compaoré qui n’est pas toujours le fin politique qu’il laisse croire avait mal analysé cette affaire de la Cour des comptes.

Il s’est laissé aller dans une colère qui cachait mal l’impression de crime de lèse-majesté qu’il croyait commis par la Cour des comptes. Et comme la colère est mauvaise conseillère, Simon Compaoré en a dit un peu trop.

Alors que « trop parler, c’est maladie » ; mais à l’époque ce mal ne pouvait pas l’emporter car il y avait le “Kimi” ou parapluie pour emprunter à l’épouse du président de l’Assemblée nationale. Et ce « Kimi » était Salif Diallo au Faso. Maintenant que la carapace protectrice a été perforée, le Maire de Ouagadougou doit se débattre seul. Lui qui aime chanter à tout va sa puissance et celle de son parti le CDP doit pouvoir le démontrer dans cette situation où il se trouve, entre gris clair et gris foncé. Il aurait un moment semble-t-il essayer de s’accrocher au président Roch Marc Christian Kaboré, mais là aussi, il n’est pas sorti de l’auberge, car de ce côté aussi, il y a des patates chaudes. La contestation ranimée de l’intérieur même du CDP n’offre plus beaucoup de marge de manœuvre au président Roch Kaboré. Il n’est plus en position de force et donc doit mettre les bouchées doubles pour ne pas tomber.

Alors que faire, comme le disait Lénine ? Un retournement de veste pour être coopté dans l’autre clan, n’est pas envisageable. Brandir le patronyme « Compaoré » comme épouvantail serait ridicule car en face, il y a la famille sanguine. Les liens de parenté rapprochés avec le président du Faso pouvaient avoir de l’effet au début du processus, au moment où la famille était éloignée des affaires ; maintenant ce n’est plus possible ; car la famille a pris les choses en mains.

De toutes ces affaires, les unes aussi mélangées que les autres, il y a comme du Baudelaire la dedans avec « les fleurs du mal ». Le renouvellement tant attendu de la classe dirigeante, à défaut d’une alternance à la tête du pouvoir, se fera dans les instances du parti majoritaire. Il y aura de la place pour les jeunes cadres dynamiques qui vont bousculer certains sénateurs sédentarisés qui ont crû un moment que ce pays est né avec eux.

Kassim Kongo

Bendré

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