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Affaire Thomas Sankara : L’ONU veut-elle enterrer le dossier ?

Publié le mercredi 21 mai 2008 à 11h07min

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La tombe de Thomas Sankara

Le 21 avril 2008, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU félicitait le Burkina Faso pour sa conduite relative aux droits civils et politiques notamment par rapport à l’affaire Thomas Sankara. La Fondation qui porte le nom du père de la Révolution y a réagi hier au centre de presse Norbert Zongo en arguant que "rien n’est encore perdu", même si pour le profane, cette décision onusienne s’apparente à un enterrement de première classe du dossier.

Rappel de quelques faits saillants de cette affaire :
- le 29 septembre 1997 (16 jours avant la prescription), la veuve Mariam Sankara et ses enfants déposaient plainte avec constitution de partie civile devant le doyen des juges d’instruction du TGI de Ouaga ;

- le 14 janvier 2000, le juge Simou Georges, président de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ouaga, déclarait "les juridictions de droit commun incompétentes" ;

- le président de la Chambre judiciaire déclarait le 19 juin 2001 le pourvoi formé par le collectif des avocats irrecevable faute de paiement de caution de 5 000 F CFA.

Après d’autres actes juridiques, les avocats de la famille saisiront le Comité des droits de l’homme de l’ONU.

- le 9 mars 2004, ce comité adoptait la décision qui stipule que la communication est recevable au titre des articles 7, 9 paragraphe 1 ; 14 paragraphe 1 et 26 du pacte ;

- le 5 avril 2006 lors de sa 86e session, le Comité déclarait le recours de la veuve Sankara et de ses enfants recevable.

Le Comité invitera par ailleurs le gouvernement burkinabè à revoir l’acte de décès de Thomas Sankara, ainsi qu’à indiquer sa sépulture. Enfin, il a été notifié à l’Etat burkinabè "qu’aucune prescription ne saurait rendre caduque l’action devant le juge militaire, et dès lors la non-dénonciation de l’affaire auprès du ministre de la Défense revient au procureur, seul habilité à le faire".

Face à cette mise en demeure de l’ONU, le Burkina Faso rendait public un mémorandum où le gouvernement se proposait de remplacer le certificat de décès de Sankara par un jugement supplétif d’acte de décès ; d’indemniser les ayants-droit de Thomas Sankara à hauteur de 43 445 000 F CFA ; de liquider la pension de Sankara au niveau de la CARFO.

Alors s’il y a eu violation du pacte relatif aux droits civils et politique (articles 7, 9 et 14), qu’est-ce qui explique cette note verbale de l’ONU ?

Le dossier Thomas Sankara est-il donc clos devant l’ONU ?

Ecoutons les réponses de Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille, lors du point de presse d’hier au centre national de presse Norbert Zongo : "La note verbale n’a pas valeur juridictionnelle, elle est politique... le dossier n’est pas prescrit malgré les élucubrations de certains juges, il est pendant devant le ministre de la Défense... Malgré cette note verbale, on peut repartir devant le même comité".

Et Jean-Hubert Bazié de l’Union des partis sankaristes de dire : "Ce dossier ne peut pas se clôturer par de l’argent et un jugement supplétif d’acte de décès... la paix des cœurs passe par la vérité".

"On a au moins un témoin de taille : Blaise"

Ce retournement est-il dû à la diplomatie magique de Blaise ? "Oui, a répondu Me Sankara, car le Burkina Faso est membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, il est faiseur de paix dans la sous-région". Un deal entre Blaise et les autorités onusiennes n’est pas à exclure, a-t-il reconnu en substance.

Et le président de la Fondation Thomas Sankara, Jonas Hien, de conclure la conférence de presse par les propos suivants : "On a dans cette affaire un témoin de taille, Blaise Compaoré...

Au lendemain de l’assassinat de Sankara, il a déclaré que des gens sont venus lui dire qu’ils ont tués le président du CNR... Lui-même étant paludéen, il leur a répondu pourquoi l’avoir tué sans le lui dire...

Ces gens ont répondu : qu’ils savaient que Blaise ne serait pas d’accord... Nous savons que ces gens sont des militaires, que Blaise nous dise au moins qui sont ces derniers. Ce pays nous appartient tous, il faut qu’on se dise la vérité en face".

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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