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Commune de Bobo-Dioulasso : Les chausse-trapes politiques ont ruiné le progrès

Publié le mercredi 21 mai 2008 à 11h02min

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Alfred Sanou et Célestin Koussoubé se sont marchés dix ans durant sur les pieds. Alors caciques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir), le premier a été porté aux commandes de la gestion de l’hôtel de ville de Bobo-Dioulasso de 1995 à 2000.

Le deuxième en était maire de 2000 à 2005. Le troisième maire, Salia Sanou, est toujours dans le feu de l’action communale. Il sied en toute objectivité, d’attendre sagement la fin de son mandat électif pour féliciter l’esprit d’entreprise très attendu de Salia Sanou et mesurer l’impact de la demande sociale dans le sillon du développement urbain de la ville de Bobo-Dioulasso.

Le passage d’Alfred Sanou et Célestin Koussoubé à la tête de la commune de Bobo-Dioulasso a été une tragi-comédie dans laquelle ils ont estimé être en légitime défense de se donner des coups de pattes et de se neutraliser en se combattant politiquement. Le seul grand chantier de développement urbain le plus bruyant et le plus controversé sous l’ère Sanou a été l’érection à coup de centaines de millions, du "mur de lamentations" de la cour de la mairie de Bobo-Dioulasso. Et, quant à Célestin Koussoubé, la conscience populaire retiendra longtemps que son acte antidéveloppementaliste, impopulaire et onéreux a été la démolition coléreuse, en espace d’un matin, de cette même enceinte !

Alfred Sanou et Célestin Koussoubé ont effrité leur capital de sympathie populaire. Hommes politiques avertis, ils n’ignorent pas que la souveraineté populaire est l’essence des bases fondamentales de leur parti au nom duquel ils ont exercé librement et en toute connaissance de cause le pouvoir du peuple. En politique, comme dans la vie, la reconstruction d’un exceptionnel capital de popularité trop tôt dilapidé exige une extrême lenteur. D’ailleurs, il est très aisé de le constater aujourd’hui : avant d’être appelé à suppléer son titulaire de député à l’Assemblée nationale, Alfred Sanou était bien visiblement passé de l’affichage à la discrétion. Quant à Célestin Koussoubé, il s’en est allé frapper, avec baluchon et enfants, à la porte de l’ADF-RDA.

Aujourd’hui encore comme hier, les fortes illusions et les énormes espérances trompées d’hier expliquent assurément l’importance des déceptions d’aujourd’hui mise en évidence par le choc de deux logiques contraignantes. Depuis plus de dix ans, la plupart des lampadaires des artères de la ville rongées par les intempéries sont devenus des lampes de poche. La nuit venue, Bobo-Dioulasso devient un coupe-gorge. Les caniveaux, du moins pour ce qui en reste, servent de dépotoir d’immondices ménagères et d’excreta humains. Bobo-Dioulasso n’est pas une ville propre. Les bâtisses publiques et les concessions familiales sont défraîchies. La zone industrielle de la deuxième ville à cause de son rythme de vie économique au ralenti, donne l’impression d’une citée habitée par les fantômes du passé. L’aéroport n’est pas compétitif.

On ne lui reconnaît son utilité et ses attributs de souveraineté que quand vient l’organisation mercantiliste annuelle du hadj. La grogne contre la vie chère a parachevé les squelettiques feux tricolores au mois de février dernier. Bobo-Dioulasso est une ville de villégiature pour les Ouagavillois. Et Bobo-Dioulasso ne retrouve sa relative vitalité économique que quand séjourne une "mission fond rouge" de Ouagadougou. Bobo-Dioulasso est économiquement une ville de casserole d’eau bouillante dont les hommes politiques ont maintenu trop longtemps le couvercle fermé. A cause des calculs d’arrière-boutique, la ville est toujours à la recherche de son souffle de vie socioéconomique.

Ni Alfred Sanou, ni Célestin Koussoubé n’ont été suffisamment à l’écoute des pulsions de la résurrection socioéconomique de cette deuxième ville du Burkina Faso. Le premier n’a pas appliqué à fond les préceptes de la bonne gouvernance communale ; le deuxième s’est employé, durant tout son mandat, à faire un pied de nez à la gestion de son prédécesseur. Et pourtant, Alfred Sanou et Célestin Koussoubé sont un modèle réussi de l’alternance relative. Mais ici, l’alternance politique est synonyme de changement improductif, il n’a pas pu être et n’a pas su être un facteur déterminant de progrès socioéconomique pour tous les Bobolais.

Idrissa NOGO (idrissanogo@yahoo.fr)

Sidwaya

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