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An 9 de San Finna : Le prix de la liberté

Publié le lundi 19 mai 2008 à 11h24min

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Dans un Etat de droit respectueux de l’expression plurielle garantie notamment par le pluralisme médiatique, on ne saurait liaisonner le bénéfice de la publicité à l’allégeance. Autrement dit, celui qui accorde des insertions publicitaires à un journal ne devrait pas croire qu’ipso facto, il paye le journal pour faire ses éloges et ne surtout pas émettre de critiques à son endroit, bref pour finalement travailler au polissage de son image.

Par ailleurs, si l’acheteur est libre de s’adresser de préférence à tel ou tel journal, le stand ou le centre commercial ne devrait pas, autrement que pour des raisons techniques liées à la présentation de la marchandise, refuser tel ou tel organe sur des critères subjectifs.

Mais dans un contexte où les contrôles sur la concurrence politique, spécialement de la confusion des rôles, de la monopolisation des pouvoirs de l’envahissement d’une minorité gouvernante sur tout l’espace politique, économique…), il arrive que de telles convictions soient forgées dans l’esprit de ceux qui accordent des publicités ou qui dirigent des centres commerciaux, des boutiques ou des stands de journaux. Lorsque le droit est conquis et remis pour usage et protection d’une minorité, on assiste à de tels phénomènes.

San Finna en fait souvent l’amère expérience, en se voyant refuser -même sèchement- dans certains services publics et même privés, dans certains stands ou centres commerciaux parce qu’on traite le journal comme un brûlot, un danger, un produit compromettant et dangereux dont il faut se tenir éloigné, et le journal voit souvent ses colonnes punies de publicité parce qu’il a osé laisser paraître des points de vue ou des interviews qui n’allaient pas dans le sens de l’annonceur.

Ainsi en 2004, pour les propos de Désiré Bakyono, ex employé licencié de CELTEL, dirigée à l’époque par Mme Emilienne Macauley (propos repris par notre organe), San Finna avait été déclarée définitivement, semble-t-il, persona non grata à cette compagnie de téléphonie en matière d’insertions publicitaires.

Des faits de ce genre ont été dernièrement réédités à la SOFITEX. Un certain cadre des lieux, qui proclamerait à qui veut l’entendre son aversion pour le journal, n’aurait pas apprécié les termes d’un point de vue d’un de nos lecteurs qui prêtait à un participant à la dernière Journée nationale du paysan, une interpellation du Président du Faso sur le traitement salarial du Directeur général de la boîte en rapport avec les difficultés des cotonculteurs. Pour ce point de vue, qui n’engageait donc pas en tant que tel le journal, et pour lequel nos colonnes auraient au demeurant pu suffire à un droit de réponse, on a préféré couper le « robinet » !

Soit. Mais ni pour les dits stands, centres commerciaux et administrations, ni pour Celtel et bien d’autres qui entendaient faire de leurs demandes de publicité ou de mise en vente dans leurs boutiques, une condition de maîtrise de la ligne du journal, ni pour Sofitex qui estime que San Finna ne brique pas suffisamment son image, la Rédaction n’a pensé changer d’un iota sa ligne éditoriale à laquelle elle tient plus que tout.

Il est vrai que, de nos jours au Burkina Faso comme partout dans le monde, il est difficile pour un journal de vivre sans la publicité. Mais voilà déjà 9 ans (tout un bail) que San Finna chemine sans apport publicitaire sinon que très épisodiquement mais continuant à lutter pour ses convictions, notamment contre l’insoumission de l’Etat aux contrôles, les atteintes aux libertés publiques et démocratiques, l’ogémisation sans précaution et donc irresponsable qui peut hypothéquer l’avenir de l’humanité… Et prouesse, il tient toujours debout.

Ses 9 piges, il les doit à sa persévérance, à la fidélité à ses objectifs fixés au lendemain des évènements de Sapouy, mais aussi et surtout à son lectorat toujours plus nombreux à lire le journal papier autant qu’à le parcourir sur le Net où, depuis qu’il y a pris pied, il apparaît avec une régularité appréciée par tous.

C’est avec lui en priorité que nous voulons fêter ce 9ème anniversaire et souhaiter qu’on en ait bien d’autres encore à consacrer au service d’une information désaliénante, gratifiante, préservée de la rapacité des puissances politiques et d’argent de toutes sortes qui envahissent le secteur médiatique de nos jours aux fins de formatage des opinions, pour tout dire au détriment des fondamentaux de la démocratie.

La Rédaction


On l’a fêté en famille

Neuf (9) ans après la parution du journal San Finna, il y en a qui continuent à s’étonner que l’iconoclaste canard n’ait pas rendu les armes. Il faut le dire : neuf (9) ans dans la vie d’un journal ayant une ligne éditoriale comme la nôtre, ce n’était pas vraiment évident d’en arriver jusqu’à 9 berges.

Mais le 14 mai dernier, cet anniversaire même si c’était dans l’intimité, a été célébré en communion entre le personnel et la rédaction. Un canard qui a su braver l’adversité, les inimitiés et les étiquetages de toutes sortes pour aujourd’hui s’imposer dans la faune médiatique de notre pays. Le 14 mai 2008 dernier, en prenant la parole pour suspendre le temps, le temps des cinq (5) heures que nous allions passer ensemble, le Directeur de Publication Monsieur Mathieu N’DO sans fausse modestie a axé son discours sur deux points.

D’abord, il a fait l’historique du journal depuis sa création jusqu’aujourd’hui. Il est revenu sur les Directeurs de Publication successifs qui ont conduit le destin du journal un moment avant sa modeste personne. Il dira qu’asseoir un journal en termes de crédibilité, de
professionnalisme, et d’abrégation à vouloir sensibiliser, former et informer n’a pas été une mince affaire. Mais le navire battant pavillon San Finna a tenu bon tant bien que mal. Créer au lendemain de la mort de notre illustre confrère sauvagement assassiné sur la route de Sapouy, Norbert Zongo, le journal se promettait d’être un rempart contre l’injustice et un creuset pour l’ancrage de la démocratie et des valeurs républicaines dans notre pays. Mais une telle position donne à réfléchir aux annonceurs qui traînent encore dans leurs mémoires la survivance des comportements et des actes, des années de l’Etat d’exception.

Ensuite, il ouvrira dans son discours une passerelle pour rejoindre les perspectives et les combats futurs du canard. Outre la parution du journal papier qui commence à être assez visible dans les différentes villes du pays (malgré une organisation pas encore totalement au point puisque les rentrées d’argent sont bien souvent annihilées par la faute de revendeurs peu scrupuleux), le compteur du site du journal affiche chaque semaine entre 3000 et 5000 visiteurs. A ce niveau, le Directeur de Publication Monsieur Mathieu N’DO pense que l’on pourrait faire mieux pour attirer plus de visiteurs. Il a aussi recensé les difficultés que rencontrent les travailleurs et les journalistes de San Finna au quotidien et dans l’exercice de leurs fonctions. Promesse a été faite que seul le fuit du travail sera partagé et pour cela il fallait que San Finna soit une famille, qu’on ait une équipe plus soudée, transcendant les différences et les divergences des uns et des autres au profit du canard. Avant de finir son discours, il a promis de mettre une cellule de réflexion en place qui va cogiter et proposer un scénario pour les festivités du 10ème anniversaire, le 14 mai 2009 que tous ont souhaité particulières.

Un anniversaire comme on le vit rarement dans la vie ou l’on se dit qu’il ne suffit pas de célébrer son anniversaire dans un château de Provence en France ou dans ces lieux mythiques balayés par la mer pour connaître de purs instants de bonheurs. Nous avons bu et mangé nos maigres poulets en famille tout en se promettant de ne jamais faillir aux yeux de nos fidèles lecteurs et du peuple burkinabé. C’était tout simplement super !

Aristide Ouédraogo

San Finna

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