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Cette vie chère nous fait perdre la raison !

Publié le jeudi 15 mai 2008 à 12h20min

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Car il ne faut pas qu’au moment où nos pays sont en passe de trouver le bout du tunnel, quoi qu’on dise, pour mieux s’insérer dans la dynamique évolutive du monde avec des chances de bonheur, on se laisse égarer par des ressentiments somme toute légitimes mais qui ne demandent pas des actions inconsidérées pour voir la situation s’améliorer. Bien au contraire, des actions du genre grèves ou « émeutes de la faim » ne font que corser l’addition d’autant qu’elles créent de nouvelles « poches de dépenses » et altèrent la force de travail génératrice de ressources pour lutter contre la vie chère.

Aujourd’hui 14 mai 2008, certains au Faso font la grève tout comme ils l’ont faite hier 13 et la feront demain 15 à l’appel des centrales syndicales et syndicats autonomes au prétexte d’exiger du gouvernement « l’augmentation des salaires et pensions, la réduction des prix et le contrôle des prix et de la qualité des prix des produits de première nécessité, la réduction des taxes, le relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL, l’application des points d’actions gouvernement/syndicats issus des négociations de novembre 2007 et l’examen diligent de la plate-forme d’action de la Coalition nationale contre la vie chère ». Déjà en avril dernier, le ton avait été donné par 48 heures de grève ponctuée de marches-meetings au même motif et ce malgré les bonnes dispositions du gouvernement à faire ce qui est en ses possibilités et cela tenant compte des réalités budgétaires du pays et des contraintes de gestion inhérentes au fonctionnement des sociétés concernées que sont la SONABEL et l’ONEA.

C’est dire donc qu’en dépit des mesures prises par le gouvernement pour alléger le fardeau de la vie chère, le phénomène a achevé de créer des dynamiques sociales hétérogènes au Burkina car pendant que beaucoup pensent qu’il faut sereinement l’affronter en créant des conditions à même d’infléchir la tendance pour le bonheur de tous, certains acteurs de la vie sociopolitique ont opté pour des actions qui pour le moins, ne peuvent que davantage compliquer la donne au plan national. Nous ne cesserons jamais de le dire, il est des situations, et la question de la vie chère en est, qui appellent à un minimum de consensus national pour non seulement être appréhendées à leur juste mesure mais que les efforts consentis pour leur correction ne soient pas vains du fait que l’on tire dans tous les sens.

A présent au Faso, édifiés par ce qui se passe alentours, ils ne sont plus nombreux ceux qui pensent que leurs autorités nationales sont responsables de l’enchérissement de leurs produits de consommation ou de leur vie tout court. La répétition étant pédagogique comme on le dit, il ne serait toutefois pas superfétatoire de revenir avec insistance sur des aspects de la question.

Pays de l’hinterland, enclavé sans débouché maritime et à l’économie fortement dominée par l’importation, le Burkina Faso est potentiellement livré au moindre choc économique au plan international. Cela comme on le dit vulgairement est « de naissance ». Or depuis un certain temps, il ne fait de mystère à personne que tous les pays du monde sont embarqués dans une spirale de difficultés économiques contraignant les uns et les autres à des attitudes qui empruntent souvent à l’égoïsme pour se préserver des avatars des réactions populaires contre la « vie chère ». Les produits alimentaires notamment les céréales et le lait, « otages » dans ce tango économique, ne peuvent que voir leurs prix faire le yoyo s’ils ne subissent pas purement et simplement la rétention des pays producteurs créant la pénurie sur le marché international.

On l’aura vu avec le riz que les pays asiatiques grands exportateurs ont rendu rare parce que le retenant par des artifices économiques (réduction de la production, taxes à l’exportation) à l’intérieur de leurs frontières pour les besoins de leurs populations. Le blé, céréale de loin la plus échangée au monde, fait des bénéfices colossaux à des pays de l’Union européenne, aux USA et autres pays grands exportateurs. L’Afrique dans tout ça reste la grande perdante, pressurisée qu’elle est de toutes parts pour avoir à son corps défendant subi le diktat des institutions internationales telles la Banque mondiale, le FMI et l’OMC qui ont orienté son économie vers l’accroissement de la consommation de produits essentiellement importés au prétexte de vouloir éradiquer la pauvreté.

C’est dire que la question de la vie chère ne peut être réglée en un tour de main, tout comme elle ne le peut dans le cadre d’un pays. Les spécialistes de l’économie y voient d’ailleurs un processus irréversible. Il appartient aux populations africaines en général de repenser leurs modes de consommation et même de production notamment dans le domaine alimentaire pour contourner l’obstacle de la vie chère dans un sens qui ferait moins de mal au tissu social. Car il ne faut pas qu’au moment où nos pays sont en passe de trouver le bout du tunnel, quoi qu’on dise, pour mieux s’insérer dans la dynamique évolutive du monde avec des chances de bonheur, on se laisse égarer par des ressentiments somme toute légitimes mais qui ne demandent pas des actions inconsidérées pour voir la situation s’améliorer. Bien au contraire, des actions du genre grèves ou « émeutes de la faim » ne font que corser l’addition d’autant qu’elles créent de nouvelles « poches de dépenses » et altèrent la force de travail génératrice de ressources pour lutter contre la vie chère.

Les syndicats au Faso ont pensé bon suppléer la rue pour revendiquer des autorités la prise de mesures diligentes pour faire face à la vie chère. C’est bien. Le gouvernement n’a pas attendu cette réaction pour aller dans ce sens et a pris en compte dans ses décisions des aspects de la question soulevés par les syndicats. C’est aussi bien. Le dialogue a toujours été entre les deux partenaires ; alors pourquoi ne s’entend-on pas parler ? Ça, c’est la « vie chère » qui s’en gausse !

Par Cheick AHMED (cheickahmed001@yahoo.fr)

L’Opinion

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