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Gallian 2008 : 11 ans après, les confrères des langues nationales attendent toujours …

Publié le jeudi 15 mai 2008 à 11h13min

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Vendredi dernier, pour la onzième fois, il a été procédé à la remise des prix « Gallian ». Prix de l’excellence attribué aux femmes et aux hommes des médias du Burkina Faso par le ministère de la culture du tourisme et de la communication.

Cette année la cérémonie a été parrainée par Monsieur Luc Adophe Tiao, président du Conseil supérieur de la Communication CSC, nouvellement nommé ambassadeur du Burkina Faso en France. Elle a réuni tous les cadres, techniciens de la communication et de l’information et un nombreux public autour du ministre de la culture, du tourisme et de la communication, Monsieur Filippe Savadogo.

Un beau monde qui annonçait une belle manifestation, une belle célébration de l’excellence à toutes et à tous ceux qui oeuvrent quotidiennement pour informer les burkinabés. Cependant il faut reconnaître sans complaisance, avec ceux qui ont suivi la retransmission en direct sur le petit écran et avec ceux qui étaient au site du SIAO, que, cette année encore et pour la onzième fois il ya eu des imperfections remarquables sur l’organisation de cette belle entreprise.

Quelques remarques : à l’entame de la cérémonie l’enveloppe dans laquelle était inscrit le nom du gagnant du prix spécial du CSC a simplement disparu. Il a fallu souffler à l’oreille le nom du lauréat à M. Victor Sanou pour qu’il l’annonce au public après 3 à 5 minutes d’attente. Ensuite des lauréats, il a été constaté l’absence de la moitié des intéressés lors de la remise des prix.

Est-ce que ceux-ci n’avaient pas été invités en tant que nominés ? par ailleurs les animateurs, qu’on appelle maîtres de cérémonie, prennent des initiatives hasardeuses dans leurs commentaires. Ils font de l’improvisation, rendant souvent difficile la lecture par le public de la présente cérémonie. Bref

Notre propos vise la recherche de l’excellence dans ce genre de manifestation. Mais ce qui retient notre attention, et plus d’une personne l’aurait deviné, c’est l’absence des œuvres primées en langues nationales. Depuis une décennie nous menons la bataille pour une prise en compte des langues nationales dans l’organisation des "Gallian".

Cette non prise en compte pour une énième fois est une grosse imperfection de cette belle nuit pour célébrer l’excellence dans les médias burkinabé. C’est une Lapalissade de dire que le Burkina Faso compte plus de locuteurs, d’auditeurs, de téléspectateurs et lecteurs en langues nationales que ne compte les langues étrangères.

C’est un constat que dans les média burkinabés, toutes catégories confondues, l’on compte plus de femmes et d’hommes qui traitent l’information en langues nationales. Cà sonne plus mal lorsqu’on célèbre les « Gallian » sans les langues nationales sous la tutelle d’un ministère de la Culture du Tourisme et de la Communication. Langues nationales étant un élément de base de la culture d’un pays.

Pourquoi une absence remarquée des prix aux femmes et aux hommes de médias qui font leur travail dans les langues nationales ? Les raisons qui ont été souvent évoquées depuis une décennie pour ne pas prendre en compte les langues nationales se résument en une seule : la difficulté de mettre en place un jury pour délibérer pour plusieurs langues en compétition. Combien de jurys faut il mettre en place ? Faut il mettre un jury par langue ? Où trouver des spécialistes pour juger des œuvres en langues nationales ? Etc.

L’association des éditeurs et publicateurs de journaux en langues nationales (AEPJLN) avait été contacté il ya quelques années pour offrir des prix spéciaux. Sur trois éditions, elle a été présente. L’AEPJLN a réussi à mettre en place un jury, élaborer un règlement intérieur et fixer des critères de sélection, qui a permis sur trois éditions de primer des confrères des langues nationales moore, jula, fulfulde et gulimacema.

Cette initiative s’est vite arrêtée parce que les partenaires financiers trouvaient qu’elle était bonne mais que cette activité revenait aux organisateurs des « Gallian ». Pour eux c’est à l’Etat de promouvoir les langues nationales dans les médias. Cependant il faut relever à l’honneur du ministère que l’AEPJLN a été distinguée en 2007 par un "Gallian" d’honneur.

En terme de propositions nous suggérons au plan organisationnel que la cérémonie de remise des "Gallian" revienne à un commissariat général des « Gallian » au même titre que les « Kundé ». Au niveau des langues nationales, nous suggérons de faire le choix de quatre (4) langues à mettre en compétition, de faire appel à l’expertise des organisations qui travaillent dans le domaine des langues nationales et d’impliquer le ministère de l’enseignement de base et de l’alphabétisation à travers ses directions spécialisées comme la DRINA.

Nous saluons la création de la direction de développement des médias (DDM), qui, nous le pensons va certainement inscrire ces préoccupations dans ses prochaines activités. Le défi ici à relever est de répondre aux attentes des nombreux confrères en langues nationales de la presse écrite audio visuelle.

Evariste ZONGO/
Coordonnateur du programme de développement
de la presse en langues nationales
WWW.aepjln.org
evazongo@coopération.net

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