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Séjour du Président du Faso en Israël : Le Burkina affiche son option diplomatique pour la paix

Publié le jeudi 15 mai 2008 à 12h03min

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A l’invitation de son homologue israélien, Shimon Peres, le président du Faso, Blaise Compaoré et nombre de ses pairs du monde séjournent depuis le 12 mai 2008 à Jérusalem où, ils assistent activement aux cérémonies commémoratives du 60e anniversaire de l’Etat d’Israël. A cette occasion, il est allé à la découverte du musée de l’holocauste, s’est entretenu avec le Pprésident israélien Shimon Peres, a accordé une série d’audiences à des personnalités d’horizons divers et fait une « historique déclaration… », en attendant la première visite officielle d’un chef d’Etat burkinabè, au pays de Ben Gourion…

Blaise Compaoré du Burkina Faso, George Bush des Etats-Unis, Victor Yushenko de l’Ukraine, Shimon Peres d’Israël, Mikael Gorbatchev de l’Ex-Union Soviétique, Lech Kaczynski de Pologne , et une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement, des leaders politiques et religieux qui font le monde d’aujourd’hui, sont depuis quelques jours, à Jérusalem, en Israël... Sur cette terre sainte des religions révélées, ils participent à une série de manifestations, notamment à des rencontres au sommet, relatives à l’avenir de l’humanité… Voilà pourquoi, appelé à se prononcer devant un parterre de ses pairs, sur l’avenir du monde, le président du Faso a fait une intervention fort remarquée et qui lui a valu une ovation particulière, dans l’après-midi de mardi 13 mai, dans la salle de conférence internationale de Jérusalem : « Je remercie le peuple et le gouvernement israéliens, pour nous avoir associé à la commémoration des 60 ans de cet Etat et pour participer à la conférence au sommet sur l’avenir du monde… Je repartirai conforter du droit et de la nécessité pour ce peuple, comme pour toutes les autres nations du monde, à la paix, la coexistence pacifique…

Du reste, je suis confiant en l’avenir du peuple israélien, pacifique et à même d’apporter une grande pierre dans la construction du monde empreint de paix paisible pour tous... ». Et d’ajouter relativement au débat sur l’avenir du monde, que l’Afrique dans la mondialisation est un continent qui, pour avancer, est appelé à valoriser son capital humain, tout en assurant la sécurité humaine, la sécurité politique, la bonne gouvernance à travers des bâtisseurs bien formés, bien portants et au service de leurs pays. A la tribune de Jérusalem, le Président du Faso a affirmé, avec force, urbi et orbi, qu’il n’est point possible, sans bonne gouvernance, d’aller vers le développement pour tous. Par ailleurs, Blaise Comparé a réaffirmé qu’en ces temps de mondialisation, le développement et la quiétude du monde seront pour tous ou ne seront pas...

D’autant plus que, selon lui, le progrès du monde ne peut s’organiser qu’à partir de solidarité entre pays du monde, avec plus d’imagination, avec de meilleures réponses aux problèmes auxquels l’Afrique fait face de nos jours (…). Avec émotion, le président burkinabè a dit à la face du monde, sa foi ; celle du dialogue entre les peuples et les nations. Une donne qui l’a amené, à appeler à de vigoureuses initiatives des bâtisseurs de paix, pour instaurer durablement la confiance entre les peuples israélien et palestinien. Le président Compaoré a saisi l’occasion pour dire que le Burkina Faso, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, joindra ses efforts à ceux des autres membres de cette instance mondiale, pour œuvrer au rétablissement de l’entente et de la paix entre tous les peuples vivant au Moyen-Orient, sans exclusive..

Passé du statut d’Etat assisté, à celui de pays avancé…

Le carnet de séjour du président Compaoré à cette visite qu’il effectue en Israël, sur invitation du président Shimon Peres, a été le lit de nombreuses audiences et de visites des sites historiques de la ville sainte de Jérusalem. C’est ainsi qu’il a rendu visite au président Shimon Peres dans son palais, en compagnie des ministres Djibrill Bassolé des Affaires étrangères et Filippe Savadogo de la Culture, du Tourisme et de la Communication…

A ce rendez-vous, le tableau des débats a été marqué par des gestes, des courbes et des lignes, des couleurs et parfums aux senteurs des faiseurs de la paix. A son hôtel, le chef de l’Etat a reçu la ministre des Affaires étrangères de l’Etat d’Israël, ainsi qu’un prix Nobel de la paix, de nombreux officiels des paysages politiques, religieux, économiques et diplomatiques du monde. Lors de ces entretiens avec eux, Blaise Compaoré n’a pas manqué de faire un constat : malgré les péripéties traversées par l’Etat d’Israël, ce pays a su travailler à connaître un progrès spectaculaire. Ainsi, selon Blaise Compaoré, du statut d’Etat assisté, Israël est passé à celui de pays industriellement avancé. Un pays qui, ajoute -t-il, a su résoudre rapidement, la difficile équation entre ses énormes besoins, en termes de développement et de sécurité, et la faiblesse des moyens dont il disposait dans les années 50, pour faire face au « tout prioritaire, en donnant la priorité à la formation des hommes et en développant des initiatives ambitieuses dans le domaine des technologies »… Toute chose qui, selon le président du Faso, fait d’Israël d’aujourd’hui, un exemple pour de nombreux pays du Sud qui ont le devoir de compter sur l’intelligence, l’abnégation au travail de leur peuple. Voilà pourquoi, Blaise Compaoré a réaffirmé que le Burkina Faso, qui lutte avec fierté amicale et dignité pour promouvoir un développement harmonieux et une démocratie consensuelle, entend faire sien, un pan de l’exemple israélien(…). Dès lors, au cours des entretiens qu’il a eus avec la partie israélienne, le chef de l’Etat a évalué la coopération israélo-burkinabè et travaille avec eux, dans une complicité positive, à sa dynamisation . Au sortir de ces partages, l’agriculture et les domaines de l’énergie et des mines sont des champs d’activité et d’action au Burkina, qui vont être arrosées de senteurs, et de lueurs d’espoir venues d’Israël, dans les prochains mois. L’Etat d’Israël s’est engagé à exporter ses technologies agricoles et celles de l’information et de la communication au Burkina Faso. Israël appuiera le Burkina Faso dans son action de stabilisation de la sous-région et la consolidation des organisations régionales et sous régionales africaines. Il a également été question de diplomatie et de politique stricto sensu. Dans ce chapitre, les Israéliens se sont engagés à soutenir activement le Burkina Faso, dans son action de membre du Conseil de sécurité. Au- delà de ce chapitre, Blaise Compaoré est allé à la découverte du musée de l’holocauste, où il a eu l’occasion de revisiter l’histoire des différentes péripéties qui ont marqué à sang et à bonheur, à mort et à espoir, la vie des Juifs du monde entier et la création de l’Etat d’Israël…

Par ailleurs, dans la journée de mercredi 14 mai 2008, le président du Faso et sa forte délégation composée de musulmans, de catholiques, de protestants, voire de laïcs, ont fait le pèlerinage de la vieille ville de Jérusalem, en caressant la tombe de Jésus, la pierre sur laquelle il a eu son bain mortuaire, les murs des lamentations, les mosquées de Jérusalem dont celle d’Al Agssa... Un retour au berceau des religions révélées, pendant des heures, pour prier pour le Burkina et les Burkinabè, le monde et la paix, « pour soi-même » également… Dans l’après-midi, c’est à des opérations de politique internationale et de positionnement de la diplomatie burkinabè que Blaise Compaoré s’est livré, tant officiellement qu’officieusement en participant aux activités diplomatiques liées à l’arrivée du président américain hier matin, à Jéruslmen. On susurre dans les coulisses que des échanges à huis clos, Compaoré-Bush, devraient avoir lieu (…).

Ibrahiman SAKANDE (Envoyé spécial en Israël)
ibra.sak@caramail.com


Yipènè Djibrill Bassolé, ministre burkinabè des Affaires étrangères : « … une visite officielle du président du Faso début 2009 en Israël »

Le ministre Bassolé des Affaires étrangères affirme la volonté pour le Burkina Faso d’entretenir, en toute indépendance, de bons rapports avec l’Etat d’Israël, au bénéfice de la paix dans le monde et des politiques de dévéloppement du Burkina Faso…

Sidwaya (S.) : Que représente la visite du Président du Faso en Israël ?

Yipènè Djibrill Bassolé (Y.D.B.) : Il s’agit d’une invitation adressée au président du Faso, par l’Etat d’Israël, pour prendre part a la commémoration du 60e anniversaire de ce pays. Et cela, au même titre que d’autres chefs d’Etat de pays africains (Rwanda, Ouganda), d’Europe, d’Asie. C’est également une occasion pour nous, de dégager avec les autres pays, les pistes de la nouvelle dynamique internationale de paix pour tous, de solidarité pour le développement équilibré : le monde de demain… Voilà pourquoi le président du Faso a fait une importante communication sur la question.

S. : La question de la coopération en matière de sécurité et des renseignements généraux n’est-elle pas en partie à la base de ce déplacement ?

D.Y.B. : Non, cette coopération est tout à fait classique et ne nécessite pas des déplacements au sommet… C’est plutôt les questions de politique, de sécurité et de paix à l’échelle internationale, qui ont conduit à ce voyage présidentiel en Israël. Nous sommes membre du Conseil de sécurité et nous avons le devoir d’aller à la rencontre de toutes les sensibilités internationales, afin de mieux servir la paix dans le monde.

S. : Mais cela suffit-il pour venir en Israël malgré certaines pressions assez affichées et certaines tentatives de pays dits amis ou influents au Burkina, « d’empêcher » ce voyage ?

D.Y.B : Le Burkina Faso entretient des relations diplomatiques régulières avec l’Etat d’Israël et une visite présidentielle dans le cas d’espèce est tout à fait un couronnement logique, naturel, normal. Je peux comprendre que certains leaders de par leur position puissent ne pas vouloir venir eux-mêmes à visage découvert en Israël, puissent ne pas vouloir entretenir des relations diplomatiques avec ce pays, puissent ne pas voir d’un bon œil de bonnes relations entre des pays amis et Israël, mais tout de même, que chacun se tienne pour dit que notre pays est souverain… En tous les cas, c’est à notre pays de définir les schémas de sa présence sur l’échiquier international au service de la paix. Faiseur de paix, le président du Faso ne peut se permettre de la ségrégation. Notre rôle est d‘aller partout où nous pouvons encourager le retour à plus de paix, dans les quatre coins du monde. D’autant plus que nul ne peut de nos jours se prévaloir de la quête d’une victoire à la Pyrrhus.

Sidwaya : Est-ce dans cette logique que les diplomaties burkinabè et israéliennes préparent la première visite officielle d’un président du Burkina Faso en Israël ?

D.Y.B : Oui… Je reviendrai ici en tant que ministre des Affaires étrangères, au mois de juillet, pour préparer une visite bien officielle du président du Faso auprès de l’Etat d’Israël, début janvier 2009 (…).

S. : A quel effet au juste ?

D.Y.B : Euh … (…), en vue de renforcer notre coopération et de créer un cadre de concertation bénéfique, pour tous, entre le Burkina Faso et Israël.

Interview réalisée à Jérusalem
par I. SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)

Sidwaya

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