LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Conjoncture nationale : La conséquence des mesures mi-figue mi- raisin

Publié le jeudi 15 mai 2008 à 11h42min

PARTAGER :                          

Le prix du piment et du sel de cuisine a augmenté ! Même la craie à écrire des écoles maternelles coûte cher. Au secteur, n°16 de Cissin à Ouagadougou, il y a un épicier qui a créé volontairement et méchamment une pénurie de riz et de produits divers de la SN CITEC.

A l’arrière-cour de son échope, il y a stocké 132 sacs de riz importé et gribouillé cet écriteau : "Le riz est fini" ! Le gouvernement a un rôle prépondérant de suivi et de contrôle policier des prix des produits de grande consommation de masse qu’il se doit lui-même de fixer et de faire respecter jure et facto. En suggérant les prix au lieu de les fixer lui-même, d’autorité, l’Etat se doit de reconnaître et d’accepter que sa relative mauvaise lecture des circonstances du temps, du lieu et du sujet est bien aujourd’hui cause des récurrentes valses des étiquettes des prix des articles et produits de première nécessité. Premier couac. Et rappelons-nous : l’absence de l’élaboration d’une stratégie de sensibilisation et de communication de mass-médias sur le long terme et le manque inexcusable de dispositions pratiques opérationnelles de répression, etc, ont été, en aval, des insuffisances réelles dans la batterie de décisions prises à tire-larigot par le gouvernement au fort de la grogne sociale contre la "vie chère".

C’est là aussi le deuxième couac de l’Etat. Ensuite, aux mesures de persuasion du gouvernement, a manqué la présence du pouvoir de répression légale face aux commerçants patentés et opportunistes qui ne sont pas encore prêts, malheureusement, d’atténuer la morgue de souffrance sociale et du traumatisme psychologique des populations. A cause de la valse-hésitation du gouvernement, un conglomérat d’éclopés de commerçants s’est rapidement constitué et qui, non content de faire dans la spéculation économique, développe et entretient une mafia mercantiliste de la contre- façon qui ronge à petit feu une population aujourd’hui à bout de souffle et épuisée par la "vie chère".

La problématique de la vie chère doit sincèrement être une préoccupation légitime du gouvernement car celle-ci concerne et conditionne l’existence même des populations qui attendent des autorités politiques qu’elles leur tiennent un langage de communion dans lequel transparaissent les indicateurs socio-économiques d’un avenir serein. Autant les grèves et les marches-meetings intriguent et suscitent conjonctures et controverses quant à la pertinence et l’opportunité objectives des doléances des centrales syndicales qui se doivent plutôt de canaliser ces exigences en force de propositions réalistes pour le gouvernement dans un pays où le tissu économique est cousu des mains de l’aide publique au développement, autant aussi la nouvelle dimension de la politique interpellative des députés est analysée comme un choix délicat et significatif au regard du contexte social actuel.

En effet, souhaitant disposer désormais d’un instrument juridique qui permette de juger sur-le-champ les auteurs d’actes de vandalisme et d’en écarter les personnes innocentes en détention, le gouvernement a initié et fait adopter le 8 mai dernier un projet de loi de répression des actes de vandalisme dans l’action des manifestations sur la voie publique. En droit, cette interprétation s’appelle la procédure de comparaison immédiate qui fait le distinguo entre le flagrant délit et la présomption d’innocence. Ce projet de loi du gouvernement que l’on peut désormais appeler "la loi koté" (ces dispositions ont été introduites à l’Assemblée nationale par le ministre Zakalia Koté de la Justice, garde des Sceaux) dit viser d’une part, à "faciliter la répression des initiateurs des manifestations illégales non seulement en sanctionnant les voies de fait, mais aussi et surtout en incriminant ceux qui les auront provoquées ou facilitées et, d’autre part, à protéger le droit des organisateurs des manifestations licites contre les intrusions nocives".

Evidemment, comme toute loi, les organisateurs, les instigateurs et même les participants à toute manifestation illégale encourent des sanctions.Ils écoperaient d’une peine d’un an à 5 ans assortie d’une amende de 500 000 F CFA à 3 000 000 F CFA. Quant aux participants ayant pris part aux manifestations illégales, une peine de 6 mois à 3 ans leur serait infligée avec une amende de 100 000 F CFA à 1 000 000 F CFA. Et les commerçants ? Que prévoit la loi pour les commerçants à la caboche brûlée par la recherche effrenée et éhontée du gain facile ? La vie chère écrase la population. Le cri de détresse et d’impuissance du consommateur est réelle et réaliste.

Idrissa NOGO (idrissanogo@yahoo.fr )

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique