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Conjoncture politique nationale : Faut-t-il avoir peur de François Compaoré ?

Publié le mardi 13 mai 2008 à 12h55min

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François Compaoré

La presse, ce quatrième pouvoir, dans un Etat de droit démocratique, a l’immense privilège de façonner les opinions. Elle n’est pas de ce fait un simple reflet de l’actualité, chroniqueuse de l’événementiel. Elle participe à construire cette actualité, à en suggérer des grilles de lecture suivant sa propre hiérarchie des priorités et des objectifs qu’elle veut atteindre. Dans le jargon journalistique, on parle ainsi de scoop, d’exclusivité, de titres vendables, etc.

La vie chère par exemple est un sujet d’une brûlante actualité et est assurément la plus grande préoccupation des Burkinabè et du gouvernement. Mais c’est un sujet qui n’est plus vendable. Le baril de pétrole a beau dépasser ce mardi les 120 dollars US, il ne fait pas bouger les analystes de la presse nationale sur les multiples implications d’un baril de pétrole aussi cher. Le sujet qui fait bouger davantage bien de rédactions, c’est l’introuvable guerre de succession au président Blaise Compaoré. Elle est annoncée imminente, ouverte, explosive, avec des victimes, avalées, croquées, suivants un scénario machiavélique à faire peur au plus patriotes des Burkinabè. A en croire certains écrits, il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts et à crier au secours, César a franchi le Rubicond ! Traduisez, François arrive, la République est en danger ! Nous exagérons ?

Tant mieux alors ! Car sur cette question prématurée de la succession de Blaise Compaoré, il y a comme une urgence chez certains confrères à travailler à un lavage de cerveau des Burkinabè. Ni plus ni moins. C’est à forte dose de caricatures, de titrailles, les unes plus suggestives que les autres que ces confrères construisent à François Compaoré la légende d’un dauphin emblématique, cheval de Troie à la tête de Turc. Tantôt il bouscule le gouvernement et par un remaniement ciblé, en extirpe l’indésirable. Tantôt c’est le CDP qui est dans sa ligne de mire, ciblé par l’étrange OVNI qui fait peur : la FEDAP-BC.

Tant de dangers sur la République ne pouvaient laisser les âmes sensibles dans l’indifférence. Surgissent alors, là où on s’y attendait le moins, d’intrépides avocats pour le parti majoritaire ! En effet, ces plumes qui nous ont habitué à la litanie des échecs de « Blaise Compaoré et de son CDP », ceux qui hier vitupéraient sur l’albatros CDP, le géant aux pieds d’argile, bon à rien, lui assignent aujourd’hui la mission patriotique d’ « organiser la résistance ». De deux choses l’une, ou le CDP a toujours été la chose de Blaise Compaoré et ces quidam ne devraient pas se plaindre qu’il en dispose comme bon lui semble ou nos experts en analyse politique versent de l’encre de crocodile sur commande et font la politique de l’autruche. Quand l’hyène se lamente de la putréfaction annoncée du buffle, il y a de quoi s’étonner !

En vérité, le CDP n’est pas né de la dernière pluie. Ses douze ans d’expérience avec à son actif des victoires électorales dans trois élections législatives, deux municipales et deux présidentielles, l’ont aguerri. Ses principaux leaders ne sont pas non plus des néophytes politiques. On ne leur fera pas l’injure de leur donner des leçons sur la logique d’un remaniement ministériel, d’une guéguerre tendancielle et tendancieuse au sein du parti ni sur les ambitions d’une fédération associative, due-t-elle moissonner sur ses terres du soutien actif au président du Faso.

Au sujet du courrier brûlot de la tendance CNPPiste à la direction du CDP, il s’agit véritablement d’un aveu d’échec de la fusion-absorption des formations politiques qui ont donné naissance au parti majoritaire. Cette tare congénitale, le CDP n’est pas le seul parti au Burkina à en souffrir. On rappellera à bon escient, les malheureuses expériences de l’ ADF /RDA, de l’Opposition burkinabè unie (OBU), de l’Union des partis sankaristes, encore d’actualité. Les partis s’allient, s’unissent, se fusionnent ou se séparent librement selon la loi et les libertés républicaines et démocratiques. Mais dans le cas du parti majoritaire, son explosion maintes fois pronostiquée s’est toujours avérée un pet de poisson dans l’océan.

L’une des raisons à cela, est incontestablement le fait que Blaise Compaoré reste un point de ralliement axial qui fait l’unanimité. Le reste nous semble relever du détail des soubresauts inerrants à la vie interne de tout parti. Le CDP ne devrait donc pas avoir peur de cet éternuement bruyant de certains de ses cadres encore moins des activités de la FEDAP-BC ni de François Compaoré. N’est-ce pas que l’essentiel reste la mobilisation du plus grand nombre possible de Burkinabè autour des objectifs stratégiques de la paix, de l’unité nationale et du développement du pays ? On voit mal François Compaoré ramer à contre courant de ce minimum vital pour l’avenir du Burkina. Qui a dit : « c’est l’homme qui a peur, sinon y a rien au village ? »

Djibril TOURÉ

L’Hebdo

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