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Burkina – Israël : Vers une dynamisation des relations bilatérales ?

Publié le mardi 13 mai 2008 à 12h40min

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L'ambassadeur d'Israël au Burkina, Daniel Kadem et Blaise CompaoréAux côtés de nombreux chefs d’Etat, Blaise Compaoré participera du 13 au 15 mai 2008 aux festivités célébrant le 60e anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. Pour sa première visite dans ce pays depuis son accession au pouvoir en octobre 1987, il devrait, selon un communiqué de la présidence, « réaffirmer sa foi dans le dialogue pour ramener la paix au Moyen-Orient ». Le communiqué rappelle que le Burkina « a toujours soutenu la création d’un Etat palestinien indépendant qui respecte l’existence et la sécurité d’Israël ».

En attendant d’effectuer une visite officielle qui pourrait avoir lieu dans les premiers mois de l’année 2009, ce voyage du président Burkinabè marque le début d’une dynamisation des relations entre les deux pays, liés depuis juin 1961 par un accord de coopération et un traité d’amitié.

Interrompues pendant la Révolution démocratique et populaire (RDP) en raison de la position antisioniste de ses dirigeants, les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rétablies en 1994 et matérialisées par la signature d’un Accord de coopération économique, technique et culturelle, puis d’un second Accord de coopération culturelle, éducative et scientifique en 1996.
Malgré l’ancienneté de ces liens, le niveau de coopération entre le Burkina et Israël n’est toutefois pas à la hauteur des enjeux de développement que notre pays doit relever.

Certes, des Burkinabè bénéficient de bourses d’études et de perfectionnement offertes par le gouvernement israélien dans les domaines de l’agriculture, de la diplomatie, de la santé et des secteurs sociaux, mais la Commission mixte de coopération, prévue par l’accord du 20 octobre 1994 n’est pas encore opérationnelle. Selon une note du Ministère burkinabè des Affaires étrangères et de la coopération régionale, son activation « permettra de programmer les différentes interventions mettant l’accent sur les secteurs clés, grâce au dynamisme de l’économie israélienne ».

En contrepartie d’une position plus pragmatique, moins idéologique sur la question palestinienne, l’Etat Israël peut nous être un précieux partenaire dans la réussite de notre politique de modernisation de l’agriculture, notamment la maîtrise de la technique d’irrigation goutte à goutte, la recherche agronomique ou encore la lutte contre la désertification. Après tout, la Jordanie et la Mauritanie entretiennent de bonnes relations avec l’Etat hébreux et le président égyptien, Hosni Moubarak incite les états arabes à normaliser leurs relations avec Israël.

Déjà, le Burkina a bénéficié du soutien de six experts israéliens pour sauver le lac Bam qui commençait à sécher et au plan social, la visite en Israël de la ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale Pascaline Tamini-Bihoun en janvier 2007 a permis la signature d’un un programme visant à soutenir la scolarité des enfants défavorisés. Des discussions en cours avec le pasteur évangéliste Ram Zango pourraient aboutir à l’adoption d’un programme financé par des partenaires du Texas destiné à soutenir les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et de l’action sociale. Des volontaires israéliens, dont des personnes âgées sont attendus au Burkina pour un séjour d’au moins 6 mois.

« Pour être franc avec vous, on connaît bien le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Ghana, mais le grand public israélien ne connaît pas le Burkina. Les personnes d’un certain âge se rappellent de la Haute-Volta, mais très peu de gens sont capables de localiser le Burkina sur une carte », déplore le Consul du Burkina en Israël depuis 1995, Eitan Israely. 72 ans, ex-cadre au ministère de l’Agriculture pendant 20 ans reconverti dans l’agrobusiness, il a vécu plusieurs années au Burkina et a assisté en 1963 à la création du Centre agricole polyvalent de Matourkou de Bobo-Dioulasso.

En dehors des compagnies privées qui font des affaires chez nous, le Burkina n’entretient pas de relations de coopération militaire avec Israël. Pourtant, dès avril 1962, Maurice Yaméogo avait manifesté son souhait de nouer des liens avec l’Etat hébreux. Estimant que la présence des bases militaires françaises dans notre pays constituait une atteinte à sa souveraineté, le président avait demandé leur départ, suscitant la colère des autorités françaises. Soucieux de son indépendance et pour ne pas être totalement dépendant de l’ex-puissance coloniale dans la formation et l’équipement de son armée, il avait dépêché « une mission de prospection en Israël pour rechercher une meilleure coopération dans le domaine militaire ».

Selon le défunt président Sangoulé Lamizana, cette mission conduite par Bamina Nébié, ministre de la Défense fut bien accueillie le 17 avril 1962 par Shimon Pérès, l’actuel président d’Israël et à l’époque vice-ministre de la Défense. L’achat de matériels militaires lourds n’est sans doute ni une nécessité encore moins une priorité pour le Burkina, en revanche un soutien de l’Etat hébreux dans la formation et l’équipement d’une police républicaine ne seraient pas de trop pour renforcer l’Etat de droit en construction.

Joachim Vokouma
Lefaso.net

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