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Coopération bilatérale : La Principauté de Monaco s’intéresse au Burkina Faso

Publié le mardi 13 mai 2008 à 12h18min

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Bien qu’elle soit récente, la coopération entre la Principauté de Monaco et le Burkina Faso a déjà produit des « résultats concrets satisfaisants ». Tel est le sentiment de deux Monégasques, M. Jérôme Froissart de la direction de la coopération internationale et le Colonel Bersihand, commandant supérieur de la force publique, venus à Ouagadougou pour visiter les projets financés par Monaco. Dans cet entretien réalisé le 28 avril 2008, les Monégasques parlent également des axes de coopération entre les deux parties et les perspectives.

Sidwaya : Quel est l’état de la coopération entre la Principauté de Monaco et le Burkina Faso ?

Jérôme Froissart : La coopération internationale est une priorité du gouvernement monégasque, une priorité du prince Albert qui veut faire de Monaco un modèle de solidarité internationale.
Nos interventions se déclinent en quatre axes, principalement sous l’angle de la lutte contre la pauvreté. Les quatre axes sont la santé, l’éducation, la micro économie, le développement rural et la lutte contre la désertification et la valorisation des ressources naturelles. A l’heure actuelle, on est présent sur le pourtour méditerranéen, (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Sud, Madagascar). On envisage une ouverture vers l’Amérique du Sud. La coopération monégasque a une vingtaine de pays partenaires. Notre coopération avec le Burkina Faso date de 2004, depuis le sommet de la Francophonie, avec l’ouverture d’un consulat de Monaco à Ouagadougou en 2004. Au Burkina Faso, la principauté de Monaco intervient dans la santé à travers un projet de lutte contre la malnutrition dans la région de Ouahigouya. L’aide de la Principauté permet la prise en charge de 1000 enfants malnutris.

Ce projet a également un volet sensibilisation/formation des mères de famille. Nous sommes également présents dans l’éducation primaire. Depuis 2004, nous avons 3 écoles dans la région du Plateau central. Dans le volet micro-économique, nous venons en appui à des groupements féminins qui mènent des activités génératrices de revenus (fabrication de savon, de beurre de karité, etc). Depuis 2008, la Principauté de Monaco développe un projet de micro- finance dont le Burkina Faso est le premier pays bénéficiaire. Des micro-crédits seront dans ce cadre, octroyés à des personnes vivant avec le Sida, pour mener des activités génératrices de revenus. Cela leur permettra de pouvoir accéder au traitement et d’améliorer leur niveau de vie. La coopération internationale monégasque a également un volet sécurité civile.

Sidwaya : Comment se fait le choix des secteurs d’intervention de la coopération monégasque ?

J. F : Nos actions s’inscrivent essentiellement dans la politique nationale de développement. Pour le Burkina Faso, on a eu des échanges avec le ministère des Affaires étrangères et les Agences des Nations unies pour définir les secteurs prioritaires. Mais compte tenu du fait qu’on ne peut pas couvrir tous les secteurs prioritaires, nous procédons à des choix selon la pertinence des projets qu’on nous soumet et selon les partenaires que l’on peut trouver sur le terrain. C’est à la fois une approche par le haut et par la base.

Sidwaya : La coopération entre le Burkina Faso et la Principauté de Monaco est jeune mais quel bilan peut-on en tirer au stade actuel ?

F. J : La coopération monégasque est en effet très jeune. Les premières actions de coopération datent de 1998. En 2003, il y a eu la création d’une entité spécialisée dans l’aide au développement. La direction de la coopération internationale date de 2007. C’est une structure très jeune qui est en pleine phase de croissance. Il est donc difficile de dresser au stade actuel, un bilan de la coopération entre Monaco et le Burkina Faso. Toujours est-il qu’un projet comme celui de la lutte contre la malnutrition a permis à nos jours, la prise en charge d’environ 5 000 enfants. Dans le domaine de l’éducation, environ 600 à 800 enfants ont été scolarisés. Pour la lutte contre l’excision, 44 comités de vigilance ont été mis en place. Dans le domaine de la sécurité civile, la coopération est également en marche. A l’heure actuelle, notre coopération avec le Burkina Faso est en phase d’évolution. Chaque année, le budget de la coopération avec le Burkina Faso augmente de 25%.

S. : Quel est l’objet de votre présent séjour au Burkina Faso ?

F. J. : Nous sommes là pour visiter l’ensemble de nos projets. On accorde beaucoup d’importance au suivi-terrain de nos projets. Alors on se déplace partout, on va dans les villages, on rencontre les populations, on échange avec les autorités locales, les premiers responsables des ministères, les représentants des institutions spécialisées des Nations unies. Il s’agit pour nous de rencontrer nos partenaires afin de pouvoir maintenir le dialogue.

S. : Etes-vous satisfait de ce que vous avez vu sur le terrain ?

F. J. : Dans les différents projets visités, on a constaté des résultats satisfaisants. Pour le projet de lutte contre l’excision dans les départements de Pabré et à Ziga, nous avons vu des populations motivées et très enthousiastes. 25 exciseuses identifiées bénéficient de micro-crédit pour mener des activités génératrices de revenus. Ces résultats concrets nous encouragent. Notre coopération repose sur l’approche-résultat. Quand on voit des infrastructures, fruit de la coopération monégasque qui permet à des enfants d’être scolarisés, d’avoir accès à l’éducation, quand on voit des femmes produire du savons (grâce à la coopération) pour subvenir à leurs besoins, on ne peut qu’être satisfaits. Il s’agit là des choses concrètes, vérifiables, qualifiables. Nous sommes satisfaits de nos actions au Burkina Faso.

S. : Qu’est-ce qui est fait concrètement dans le domaine de la sécurité sociale au profit du Burkina Faso ?

Colonel Bersihand, commandant supérieur de la Force publique de la principauté de Monaco : Nos actions de coopération dans la sécurité civile datent également du Sommet de la Francophonie.
A l’époque, je suis rentré en contact avec le colonel Tiendrébéogo (que je connaissais déjà depuis très longtemps) qui était à la fois le patron des sapeurs-pompiers et le responsable de la sécurité civile pour savoir ce que la principauté pouvait apporter concrètement. A l’époque, nous avions envoyé du matériel, un véhicule de désincarcération pour les accidents de la route. C’était une opération très ponctuelle. Par la suite, Monaco a voulu que le Burkina Faso soit le pays- phare de la coopération à travers la désignation d’un consul. Aussi, on a décidé d’étendre nos actions dans le domaine de la sécurité civile.

Pour ce faire, on a signé en 2007, une convention-cadre sur 3 années portant sur l’achat de matériel, et d’équipements de lutte contre les incendies, de matériels de secours à victimes pour un montant de 130 mille euros, soit plus de 85 millions de F CFA. En 2007, 30 mille euros, (plus de 19 millions de F CFA) ont été dégagés. Cette somme a été utilisée pour faire un état des lieux du matériel roulant de la brigade, pour l’achat d’un certain nombre de pièces pour remettre le parc auto en bon état. Je me suis rendu compte à travers ce voyage que les matériels et équipements ont été achetés et que les véhicules sont en cours de réfection. Pour 2008-2009, nous avons 50 mille euros (plus de 32 millions de F CFA) de disponibles.

Avec cette somme, nous allons de concert avec l’Etat-major de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, acheter une ambulance. Le reste de l’argent sera utilisé pour la remise en état des véhicules ou pour l’achat d’équipements de première nécessité d’intervention comme les tuyaux, les lances. Parallèlement à cela, les pompiers de Monaco vont remettre au Burkina Faso, des véhicules reformés, reconditionnés et remis en bon état. Il ont également prévu pour fin 2008-début 2009, la remise au Burkina Faso d’un engin de grande puissance destiné à la lutte contre les feux de grande importance. Deux autres véhicules de transport et une petite voiture seront également remis au Burkina Faso.
En 2009, en fonction des besoins des responsables de la sécurité civile, on pourra également apporter quelque chose.

S. : La coopération dans le domaine de la sécurité civile ne prend-elle pas la formation en compte ?

Colonel Bersihand : La formation est prise en compte. C’est un volet important. Il est prévu dans ce cadre de monter un programme de formation qui se fera à travers la Croix-Rouge monégasque. On a aussi un projet d’installation d’une liaison radio dans une ville du Burkina Faso qui reste à déterminer. Il s’agit de permettre aux sapeurs-pompiers de pouvoir communiquer entre eux à travers une liaison radio de bonne qualité.

Interview réalisée parRabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr


Monaco, « le pays le plus dense au monde »

La principauté de Monaco est le deuxième plus petit pays du monde après le Vatican. C’est un pays de 2 km2 qui a la plus forte densité de population au km2 dans le monde entier. Monaco compte 33 000 habitants et tous les jours, environ 30 000 résidents extérieurs, viennent y travailler.
Cela donne au pays une densité d’environ 30 000 personnes au km2. Toute proportion gardée, le pays est ainsi le plus peuplé du monde. Contrairement aux idées reçues, le Casino n’est pas la principale source de richesse de Monaco.
La part des jeux dans les recettes de l’Etat n’excède pas 3,5 à 4%. Ce sont les industries à forte plus- value (industries pharmaceutiques, cosmétiques, etc.) qui génèrent les principales recettes de l’Etat, notamment la TVA qui représente 60% des recettes de l’Etat. Le secteur bancaire et le tourisme apportent des recettes à l’Etat. Monaco ne vit donc pas de l’argent que l’on met ou que l’on perd dans les casinos.
Aujourd’hui, Monaco est perçu comme le pays de luxe, de la modernité etc. Mais il ne faudra pas oublier que jusqu’au 19e siècle, c’était un pays pauvre, enclavé entre la Méditerranée et les Alpes où vivait une population rurale défavorisée qui cultivait des oignons et mangeait du pain avec de l’huile d’olive. Le pays a su se développer en un siècle. C’est une note d’espoir qui pourra inspirer le Burkina Faso.

R.A.Z.

Sidwaya

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