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3è réunion du Cadre permanent de concertation en Côte d’Ivoire : Des réglages pour une sortie définitive de crise

Publié le lundi 12 mai 2008 à 13h22min

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Alors que les propos de l’épouse du chef de l’Etat ivoirien, Simone Gbagbo la semaine précédente avaient créé un regain de tension, c’est dans une ambiance plutôt apaisée, marquée par une tendance quasi-générale à la décrispation, que s’est déroulée à l’Hôtel des parlementaires à Yamoussoukro, le vendredi 9 mai 2008, la 3è réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) de l’Accord politique de Ouagadougou (APO).

Cette concertation est jugée capitale par les acteurs politiques et la société civile ivoirienne. Elle se tient à six mois de l’élection présidentielle de novembre. Le président Compaoré a donné le ton en arrivant, jeudi 8 mai 2008 en début d’après-midi, à Yamoussoukro, capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire.

Le facilitateur du dialogue inter ivoirien a déclaré, peu après son arrivée, qu’il faut converger vers des propositions à même de consolider les acquis et préparer l’avenir avec sérénité. "Aujourd’hui, il n’y a pas de doute que nous allons nous mobiliser pour faire en sorte que cet engagement soit tenu", a-t-il dit, précisant que la détermination de sortie de crise à tous les niveaux, permet de penser raisonnablement que la date du 30 novembre sera une bonne date.

Pour cette 3e réunion, le CPC chargé de veiller à l’application de l’Accord politique de Ouagadougou (APO) a affiché complet. Autour de la table de concertation, il y avait le président Laurent Gbagbo, le Premier ministre, Guillaume Soro, les deux ténors de l’opposition à savoir Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA), Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR) et le facilitateur du dialogue direct inter ivoirien, Blaise Compaoré, également président en exercice de la CEDEAO. En somme, tous les membres statutaires du CPC étaient au grand complet en vue de trouver des solutions idoines pour accélérer le processus. A la lecture du communiqué final par le ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, ont se rend rapidement compte que le CPC sous la présidence du facilitateur s’est recentré sur l’essentiel pour une avancée « rapide » du processus vers une sortie de crise en Eburnie.

Les membres du CPC ont recommandé au gouvernement ivoirien, le démarrage « rapide » de l’opération de reconstitution des registres de l’état civil perdus ou détruits. « Cette reprise, a prévenu le communiqué final, devra se dérouler dans le respect des dates et délais prévus prenant en compte les échéances électorales ». C’est pourquoi, le CPC a invité le gouvernement à étudier la possibilité d’organiser des audiences foraines de rattrapage qui n’auront pas d’incidence sur la date de l’élection présidentielle. Sur la préparation du processus électoral, les membres du CPC ont donné acte des actions réalisées à la Commission électorale indépendante (CEI), tout en l’encourageant à persévérer dans les efforts en vue de l’organisation d’élections libres, justes et transparentes. Cette recommandation n’est plus ni moins qu’une insistance car à la 2e réunion du CPC tenue le 24 janvier 2008 à Ouagadougou, les membres avaient aussi accordé la priorité au processus électoral afin de garantir à la Côte d’Ivoire, des élections ouvertes, libres, démocratiques et transparentes susceptibles de consolider la paix et la réconciliation nationales.

Les membres du CPC ont salué l’adoption d’un code de bonne conduite et invité les partis politiques à son respect scrupuleux, tout en exhortant tous les acteurs concernés à s’investir pleinement pour l’organisation des élections dans un climat serein. « (…) Le processus engagé est serein et (…) nous allons inévitablement aboutir à une sortie de crise et surtout cet objectif du 30 novembre est pour nous une référence capitale », a dit le facilitateur à la fin des travaux.

115 milliards de francs de la communauté internationale pour répondre au besoin de financement du processus

Les questions du financement du processus et de la sécurisation des élections ont été préoccupantes le long de la rencontre. Le CPC a lancé un appel « pressant » à la communauté internationale pour qu’elle apporte un appui « diligent » aux efforts déployés par l’Etat de Côte d’Ivoire. Cet appel semble avoir trouvé un écho favorable puisque le patron de l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), Young-Jin Choi a annoncé, vendredi dans la matinée à Yamoussoukro à l’issue d’une audience avec le facilitateur, que l’ensemble de la communauté internationale a préparé un fonds d’un montant de 115 milliards de F CFA pour la sortie de crise et les élections.

La clé de répartition de cet appui est la suivante : 11 milliards de F CFA de ce montant global seront consacrés à l`organisation de l’élection présidentielle du 30 novembre tandis que le reste du pactole à savoir 104 milliards de F CFA, servira à financer le programme de sortie de crise. Le diplomate onusien a aussi ajouté que l’ONUCI entend financer deux opérations, l’une relative à 100 projets d’impact rapide et l’autre à 1000 micro-projets. « Nous allons accélérer le lancement de ces projets pour qu’ils puissent être exécutés, épuisés avant la fin de l’année 2008 », a rassuré le patron de l’ONUCI.
Le patron de l’ONUCI a également souligné que "la date des élections pourra être respectée" et que les Nations unies feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que cette date soit respectée.

Sur la sécurisation du processus électoral, les membres du CPC ont exhorté, sans autre précision, le Premier ministre, le Centre de commandement intégré (CCI) et les forces impartiales à élaborer un plan global de sécurisation dudit processus. Le démantèlement « immédiat » des milices, la poursuite du regroupement des ex-combattants et le démarrage sans délai du service civique ont aussi fait l’objet de recommandations. Le communiqué final ne s’est pas prononcé sur le calendrier établi (5 mois) pour le regroupement des ex-combattants qui a suscité de fortes réserves du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI-pouvoir), la semaine dernière.

Le démarrage du service civique, de l’avis des observateurs de la scène politique ivoirienne, permettra d’une part d’accélérer le processus de démobilisation avec le financement de projets en faveur des démobilisés ayant une formation ou un métier et d’autre part permettre à ceux qui n’ont pas appris de métier de bénéficier d’une formation. Rappelant la nécessité d’assurer l’accès équitable des partis politiques et des candidats en compétition aux médias d’Etat pendant la période préélectorale et la campagne électorale, les membres du CPC ont invité les médias, en particulier la presse écrite, à créer un environnement médiatique propice à l’organisation d’élections apaisées. Pour cela, le CPC a instruit le Premier ministre Guillaume Soro, de rencontrer les responsables des différents organes de presse écrite et audiovisuelle en vue de les exhorter à l’adoption d’un ton apaisé.

Un grand pas vient d’être franchi à Yamoussoukro, ville symbole de la paix retrouvée selon le président du Faso. Il a affirmé que le processus est serein en dépit des difficultés et qu’il va aboutir à une sortie de crise tout en reconnaissant que la date du 30 novembre est capitale et qu’il faut encadrer ce processus. Soulignant la forte détermination des acteurs politiques et civils ivoiriens pour aller à la paix, M. Compaoré a dit avoir confiance et qu’ensemble ils vont réussir.

Satisfaits des conclusions de cette rencontre mais aussi des efforts déjà consentis, les membres du CPC se sont réjouis des avancées « significatives » enregistrées concernant les audiences foraines, le processus électoral, le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national. Ils ont jeté des fleurs au président de la République ivoirienne, au Premier ministre et à l’ensemble du gouvernement pour leur disponibilité constante, leur engagement pour le retour à une paix durable en Côte d’Ivoire, tout en leur demandant de mettre rapidement en œuvre les activités en suspens.

L’élection présidentielle du 30 novembre prochain, l’objet-clé de cette rencontre, doit mettre fin à la crise politico-militaire née en septembre 2002, quand une rébellion a pris les armes dans le Nord du pays pour renverser le président ivoirien Laurent Gbagbo.

Les participants, sous le guide du président Compaoré, sont ainsi allés à l’essentiel, passant sous silence les déclarations de l’épouse du président ivoirien Simone Gbagbo une semaine auparavant, accusant les ex-rebelles de vouloir compromettre la date de tenue de cette élection. Ce qui avait suscité de vives réactions du côté du Camp du Premier ministre. En marge des travaux, le président du Faso a profité de son séjour pour visiter jeudi, après midi, les chantiers du parlement ivoirien et du nouveau palais présidentiel en construction, en compagnie de son homologue Laurent Gbagbo. Le nouveau parlement qui sera achevé en principe en 2009, comptera un millier de bureaux pour les 225 députés et leurs assistants.

Issa SOMA

Envoyé spécial à Yamoussoukro


Le président Compaoré bloqué dans son avion 30 mn durant

L’avion du président Compaoré qui a atterri sur le tarmac à l’aéroport de Yamoussoukro, le jeudi 8 mai 2008 à 12 h 15 mn, a rencontré un couac qui a bloqué dans l’avion, le facilitateur du dialogue interivoirien pendant une trentaine de minutes. Pendant ce temps, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, les membres du gouvernement et les populations attendaient sous un soleil de plomb leur hôte. Cet incident, de sources dignes de foi, est lié à une défaillance technique. Car, la voiturette devant transporter l’échelle de coupée à la porte de l’avion était en panne. Avec l’aide des sapeurs pompiers et du service technique de l’aéroport qui grouillaient pour trouver la solution sous le soleil de plomb, la voiturette acceptera pour un temps avant de refuser définitivement de bouger à côté de la porte de l’avion.

A la faveur de cette panne, il a été sagement demandé aux autres membres de la délégation de passer par la portière arrière de l’avion, en attendant qu’on trouve la solution pour l’accueil officiel du facilitateur.

Las d’attendre d’être « coincé » dans l’avion, le président Compaoré qui ne s’est pas encombré de protocole, s’est résolu, lui aussi, à emprunter le chemin pris par sa délégation, c’est-à-dire quitter l’avion par la porte arrière, à la surprise générale alors que son homologue l’attendait au pied de l’avion du côté de la porte officielle.
Il a été accueilli à sa descente d’avion par son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo qui avait à ses côtés, les ministres Yousouf Bakayoko des Affaires étrangères, Sidiki Konaté du Tourisme et de l’Artisanat, Désiré Tagro de l’Intérieur, des autorités locales et des chefs traditionnels. M. Compaoré a eu droit aux honneurs militaires. La communauté burkinabé de la localité et des environs s’est mobilisée à l’aéroport pour la circonstance, avec de l’animation des troupes traditionnelles de danse.

Mais cette longue attente a modifié le programme de la cérémonie d’accueil. Le passage du président Compaoré au salon d’honneur a été annulé et sa déclaration différée pour être finalement livrée à son pied-à-terre. Après le bain de foule sous un soleil de plomb, l’étape du salon d’honneur a été biffée et le président Compaoré et sa suite ont mis le cap sur la Villa des Hôtes du palais présidentiel où ils ont été installés. Aux dernières nouvelles, le responsable de l’aéroport de Yamoussoukro aurait été sanctionné pour cette faute « grave », considérée par le camp présidentiel ivoirien, de négligence ou de sabotage. Car, le responsable de l’aéroport n’aurait pas fait tester son matériel avant l’arrivée de la délégation burkinabé.

Cet incident n’a toutefois pas entaché la ferveur du légendaire accueil « Akwaba » des Ivoiriens et le président Compaoré a bénéficié des honneurs militaires dus à son rang, au bain de foule et à l’animation des troupes de musique et de danse traditionnelles ivoiriennes et burkinabé présentes pour la circonstance à l’aéroport.

L’élection présidentielle du 30 novembre prochain doit mettre fin à la crise politico-militaire née en septembre 2002, quand une rébellion a pris les armes dans le Nord du pays pour renverser le président ivoirien Laurent Gbagbo. Depuis cette tentative de coup d’Etat, la Côte d’Ivoire est coupée entre un Nord rebelle et un Sud loyaliste. Le scrutin présidentiel a été sans cesse repoussé depuis octobre 2005, date de la fin du mandat du président Gbagbo, élu en 2000 à l’issue d’une élection émaillée de violences et fortement contestée.
I.SOMA

Sidwaya

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