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Burkina-Côte d’Ivoire : Une autre vie est possible, après le jackpot de la paix

Publié le vendredi 9 mai 2008 à 11h50min

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On disait aux Burkinabè, à une époque pas très lointaine, « train vient, vous vient ». Cette fois, on pourrait dire aux Ivoiriens « avion vient, vous vient ». Il ne se passe plus une semaine sans qu’une délégation ivoirienne ne vienne à Ouaga pour rencontrer le facilitateur.

Si, au début des accords historiques de Ouaga, les va-et-vient s’expliquaient par la nécessité d’approfondir la compréhension des uns et des autres sur ces fameux accords, depuis un certain temps, il est plus question de venir remercier le facilitateur pour le travail qu’il a accompli ou témoigner sa reconnaissance pour ces mêmes efforts.

« Remerciements », « Reconnaissance », les termes se permutent et se suivent selon les initiateurs de ces pèlerinages d’un genre nouveau. Sans doute parce qu’ils ne mesurent pas l’importance de cette accalmie retrouvée par les Ivoiriens qui ont vécu dans leur chair leur crise politico-militaire, les Burkinabè n’ont de cesse de s’interroger sur les louanges faites au facilitateur. Le summum de la reconnaissance a sans doute été « l’intronisation » du Blaiso comme grand chef ivoirien par une délégation du Conseil supérieur des rois et chefs traditionnels de Côte-d’Ivoire le 29 avril 2008.

C’est vrai que H. K. B. et A.D.O. n’ont pas fréquemment pris la route de Ouaga - du moins pas autant que Soro et Gbagbo -, mais le fait est là que le tout-Côte d’Ivoire ne cesse de louer la potion magique mijotée par le druide de Ouaga. Fraternité, histoire commune, etc., il n’y a pas à redire, l’axe Ouaga-Abidjan est à l’embellie. Les optimistes mais prudents observateurs auraient sans doute souhaité qu’on attende de voir la tenue effective des élections avant de procéder aux remerciements. Pour ces derniers, il faut éviter de se luxer la cheville avant d’entrer dans le cercle de danse. En somme, que les protagonistes gardent leur souffle en attendant l’apothéose.

Jamais donc des relations entre deux pays n’ont été aussi collées-serrées au point d’imaginer que c’est peut-être là l’occasion de réaliser l’intégration prônée par l’Union africaine et reprise en chœur par toutes les organisations sous-régionales. Ouaga et Abidjan ont là, contre toute attente, l’occasion de montrer à la face du continent qu’une autre vie en communauté, pour ne pas dire une autre unité, est possible après les tentatives de regroupement du Conseil de l’Entente ou l’intégration biens séparés de l’UEMOA. Le scénario le plus idyllique serait de permettre au Blaiso de se présenter aux élections de novembre prochain.

Il est grand chef de Côte d’Ivoire, donc Ivoirien (qui plus est par alliance), et il y réside par son représentant permanent interposé. Si les témoignages qu’on lui atteste sont sincères, le plébiscite est assuré. Le Faso, dans le fair-play, enregistrerait la candidature de Gbagbo en 2010. Laurent a crapahuté à Ouaga dont il connaît les recoins et il y a même un club de supporters. Bref, cette fiction politique n’est pas dénuée de toute logique.

En tout cas, il serait dommage qu’après les élections de novembre 2008 et le retour à la vie constitutionnelle normale aux bords de la lagune Ebrié, les deux pays se comportent en couple vivant en séparation de corps dans la paix.

Journal du jeudi

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