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CPC de Yamoussoukro : Blaise visite "son royaume"

Publié le vendredi 9 mai 2008 à 11h54min

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Opportune, pourrait-on dire de cette réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) qui se tient dans la capitale politique ivoirienne ce 9 mai 2008. En effet, sauf report in extremis, le facilitateur du dialogue direct interivoirien et maître d’œuvre de l’Accord politique global du 4 mars 2007, Blaise Compaoré, et les autres gourous de la politique ivoirienne (Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara, Konan Bédié, Guillaume Soro) se retrouvent dans ce cadre pour "radioscoper" le processus électoral de la Côte d’Ivoire. Or, il se trouve que ce processus semble présenter toujours deux visages comme ceux de Janus : un officiel et un officieux.

De la face officielle : Laurent Gbagbo a désormais pour référentiel l’Accord de Ouaga, qui fixe l’agenda du processus de sortie de crise. De même que les Forces nouvelles, les ex-rebelles. Tout le monde loue le début des audiences foraines, censées identifier les vrais Ivoiriens, qui peuvent voter (à la date du 10 mars 2008, 376 000 jugements supplétifs ont été délivrés) ; la relative libre circulation des personnes et des biens, preuve que le Nord et le Sud sont réunifiés ( ?) ; la mise en place de brigades mixtes ; la création du centre de commandement intégré, qui se trouve à Yamoussoukro ;

le retour des magistrats dans les différents cours et tribunaux... in fine, la reconstitution des actes de naissance perdus ou détruits pour effectuer avec efficience le recensement électoral, confié à SAGEM, pour une présidentielle moult fois renvoyée à des dates ultérieures, dont la dernière est fixée au 30 novembre 2008. Cette face reste donc optimiste malgré les fréquents réaménagements du processus.

De la face "officieuse" Elle n’a d’officieux que le nom, puisque les personnes qui donnent de cette voix ont pour noms : Simone Ehivet Gbagbo, Mamadou Koulibaly, Désiré Tagro et Affi N’Guessan. Régulièrement donc, le train poussif de la paix roule tout de même vers la destination présidentielle, ces "faucons" du camp Gbagbo font des sorties, qui jettent de l’huile sur le feu.

Tantôt c’est Mamadou Koulibaly, le président de l’Assemblée nationale, qui est en désaccord avec son patron parce qu’il a fait trop de concessions aux ex-rebelles, tantôt c’est un Tagro Désiré qui conteste l’autorité du PM, Guillaume Soro.

Mais, c’est connu de tous, c’est surtout l’épouse du chef de l’Etat ivoirien qui montre quelquefois un radicalisme qui fait froid au dos : ainsi, pas plus tard que la semaine dernière, elle a encore fait une sortie, laquelle s’apparente à un coup de canif contre le processus ; au sujet du temps demandé par les ex-rebelles pour le DDR, elle a lâché : "...les rebelles nous disent qu’il faut cinq mois.

C’est trop ! en un mois ils peuvent se regrouper, même s’ils sont 50 000. Si on doit attendre cinq mois, comment pourrons-nous organiser l’élection le 30 novembre ? Il faut que cette élection ait lieu en 2008 et non en 2010. Il y en a qui ont des intérêts dans cette crise ..."

Une déclaration qui a sonné chez les ex-rebelles comme de la provocation et qui mérite "une clarification". En rappel, il est réel que la problématique du DDR, et surtout celle des grades restent pendantes : 45 000 combattants (33 000 rebelles et 12 000 loyalistes) sont concernés par ce DDR, lesquels doivent bénéficier d’une aide financière et d’une éducation civique pour intégrer la vie civile.

La réunion du CPC à Yamoussoukro tombe donc à pic, car elle permettra peut-être au facilitateur, Blaise Compaoré, d’aplanir toutes ces divergences et de toucher du doigt là où "ça coince". En effet, en plus de ces bisbilles entre l’entourage immédiat de Gbagbo et le camp Soro, il y a les autres, notamment ADO et Bédié, qui sentent, comme le disent certains de leurs partisans, qu’on "leur fait un bébé dans le dos".

Disons-le tout net, au regard de l’évolution de ce processus, le candidat-président, Gbagbo, a une longueur d’avance sur tous ses adversaires, et les leaders du RDR et du PDCI/RDA le savent : que le scrutin ait lieu en 2008 ou en 2010, l’actuel chef de l’Etat a toutes les chances de l’emporter.

D’abord parce qu’il est déjà en campagne, a pu accumuler un véritable trésor de guerre, et surtout parce que le RDR et le PDCI/RDA sont secoués par de multiples crises, qui ont accouché d’autres partis, des croupions. Au sujet de la précampagne que fait le fondateur du FPI, il y a, entre autres, sa visite chez le Mogho Naaba il y a 3 mois de cela et l’intronisation de Blaise Compaoré et du Mogho Naaba comme chefs traditionnels ivoiriens par le Conseil supérieur des rois et chefs traditionnels de CI (CSRCT-CI).

Des actes dont les images, montrées à la télévision aux millions de "Mossi" de la Côte d’Ivoire, font de ceux-ci des partisans naturels à l’occasion de la présidentielle. Qui nous dit que Blaise ne profitera pas de l’ occasion pour visiter le peuple akan, dont Yamoussoukro est l’un des fiefs ? Il est désormais l’un des leurs et politiquement aussi, ce sera payant.

Zowenmanogo Zoungrana

L’Observateur

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