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Carnet de voyage : Découvertes et anecdotes des USA

Publié le vendredi 9 mai 2008 à 11h20min

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Pendant deux semaines (14 au 28 avril), j’ai séjourné aux USA, notamment à Washington, à Harrisburg, à Philadelphie, au Delaware grâce à une invitation du département d’Etat américain pour couvrir les primaires démocrates, c’est-à-dire le duel Hillary Clinton / Barak Obama en Pennsylvanie. Voici quelques découvertes et anecdotes de ce déplacement.

Bien que ce ne soit pas la première fois pour moi de fouler le sol américain, nous avons encore eu l’impression de découvrir ce pays de la démesure, des contrastes et de la liberté. D’abord Washington, la capitale fédérale, où j’ai passé quelques jours nous a donné de voir une ville assez calme, pratiquement sans gratte-ciel, du moins comparée à New York ou à Philadelphie. Mais ce n’est pas un Burkinabè qui l’affirmera, car gratte-ciel pour gratte-ciel, ces immeubles n’ont rien à voir avec ceux du pays des hommes intègres.

Après avoir déposé nos valises au Washington Plaza hôtel, sis au 10 Thomas cercle north west, c’était déjà le 15 avril 2008, nous voilà rassemblés, les 7 "journaleux invités", à la réception pour le breafing avec notre guide, Till Christophe. Il faut avouer que du fait que les primaires se déroulaient en Pennsylvanie, nous n’avons passé que 3 jours à Washington D.C.

La République de "Doumba-Doumba"

Très rapidement, les affinités se firent jour et l’on mit en place la "République de Doumba Doumba", dont le président, "El Presidente", n’était autre que mon confrère de Cameroun Tribune, Raphaèl Mvogo. L’auteur de ces lignes était bombardé ministre des Finances et Caleb Colié de la Radio Familia FM de Guinée Conakry celui des Affaires étrangères...

De ce fait, on ne s’appelait plus que par ces titres factices. Le Conseil des ministres de la République de Doumba Doumba se faisait les matins au petit déjeuner, qui, à l’hôtel Plaza de Washington, était copieux, ce qui nous permettait de tenir toute la journée, car souvent, lorsqu’on sortait le matin, c’était dans la soirée qu’on retrouvait nos chambres. Au Washington

Plaza hôtel, le Wi-Fi, entendez l’internet sans fil, était disponible, mais il fallait payer (9.90 dollars) avec sa carte bancaire et sur... internet, SVP. On n’acceptait pas de cash, alors qu’il fallait, en ce qui me concernait, envoyer les papiers régulièrement, car dans un quotidien, c’est le journalisme de l’immédiateté.

Excepté le traditionnel tour devant les grilles de la Maison-Blanche, où voltigent les écureuils et déambulent les touristes et une promenade sur Adam Morgan et au Colombia Road (la journée), il n’y a pas eu de virée nocturne dans la capitale américaine. On aura remarqué que la ville pillule de SDF, majoritairement black, les cheveux ébouriffés, les yeux exorbités et rougis probablement par le "yamba" !

Harrisburg, jadis le K.K.K. a sévi

Le 17 avril, nous voilà, après près de 3 heures de route, à Harrisburg, où nous logerons au Crowne Plaza hôtel. Harrisburg est la capitale de la Pennsylvanie, où, dans le passé, le Ku Klux Klan a écumé les rues. On y trouve aujourd’hui pourtant une importance colonie noire. Ici nous avons eu une rencontre avec le porte-parole des Républicains, à qui j’ai offert un éléphant (emblème du parti) en bronze, idem pour le directeur exécutif des Démocrates, qui a reçu un âne.

Un repas arrosé de Coca-Cola, servi par une belle métisse le lendemain et nous voilà parti pour Philadelphie, en sautant l’étape de Lancaster. Parce que la maison de location de cars nous a amené un petit véhicule, et il fallait relouer un second pour les bagages. On perdit un temps fou à résoudre ce problème. Il y avait aussi urgence, car il nous fallait assister au premier meeting de Barak Obama à 20h 30, soit 00h 30 GMT de "Phily".

C’est au Independance Mall, situé entre Market Street et la 5th street qu’eut lieu ce raoût du sénateur de l’Illinois, devant une foule estimée à 35 000 personnes. Le lendemain 19 avril 2008, nous allâmes visiter le quartier général de la campagne d’Obama : surprise, c’est une Nigeriane d’origine qui nous accueille ; Andy Adora, c’est son nom est la secrétaire adjointe chargée de la presse pour cette campagne. Le rôle des volontaires, des étudiants, la levée des fonds... ont été explicités par cette dernière, qui ne jure que par "l’Obamania".

Le même jour, seconde rencontre avec Barak Obama a l’occasion de son meeting à la gare ferroviaire de Wyniwood. Ici de petites chaudes discussions ont eu lieu entre nous, les journalistes venus d’Afrique et même d’autres pays et ceux "attitrés", surtout les photographes, entendez ceux qui suivent le candidat métis depuis des jours, et qui ont demandé une esplanade pour bien "mitrailler" le train bleu où se trouve Obama. On a même dû appeler la sécurité, qui a refusé de s’en mêler. Finalement tout rentra dans l’ordre et nous pûmes monter sur la tribune pour prendre des photos avec nos appareils d’amateurs.

Chinatown et blondes aux seins silliconés

Le soir du 19 avril 2008, me voici avec le "ministre des Affaires étrangères", mon collègue guinéen, qui aime bien qu’on l’appelle également "Fory" (le sage), surnom de son président, Lassana Conté, prenant la direction de Chinatown ou si vous préférez la cité des Chinois. Nous avions entendu que c’était le quartier chaud de "Phily" et nous tenions à y faire une virée. Personnellement j’avais déjà vu le Chinatown de New York en 2005, qui était 10 fois plus important que celui de Philadelphie.

Mais le décor ou du moins le peuplement était sensiblement le même : une multitude de Chinoises et de Chinois assis ou déambulant devant un grand maquis avec l’écriteau au fronton : le patron. Quelques américaines avec de plantureuses poitrines, visiblement les seins silliconés étaient également présentes. "Péripateticiennes" ou pas, en tout cas, elles étaient, y compris les "chintoques", bien léchées, et leur accoutrement laissait deviner ce qu’elles faisaient en ces lieux.

"Fory" et moi, on s’est bien rincé les yeux et bizarrement nous étions les deux seuls blacks dans le coin, si fait que rapidement nous avons repris un taxi pour le 1800 street, où était notre hôtel, Crowne Plaza hôtel de Philadelphie. Car si quelque chose nous arrivait (la criminalité est très importante à Phily) là-bas, on ne l’aurait pas volé.

Le taxi qui nous a ramenés à l’hôtel était conduit par un Ghanéen. Au cours de la conversation avec lui, il nous dira ceci : "Dites à nos frères africains qui veulent venir tenter l’aventure aux USA de réfléchir par deux fois, car ici on gagne l’argent, mais tout est vite dépensé, et il faut travailler dur pour l’avoir...". En attendant, cela fait 8 ans qu’il vit en Amérique et n’a pas encore ses papiers en règle. Le 20 avril 2008, ce fut au tour de Chelsea Hillary de tenir meeting au 520 North Delaware avenue, dans ce petit Etat paradis des sociétés qui y ont leur siège.

Atmosphère sibérienne en attendant Hillary

Je n’oublierai pas de sitôt le froid glacial (8°) que j’ai supporté, calvaire pour un sahélien, le 21 avril dans la nuit aux portes de l’amphithéâtre de l’université de Pennsylvanie, où devait se dérouler le meeting de la sénatrice de New York. Pendant plus d’une heure, j’ai grelotté comme certains qui étaient avec moi, attendant l’autorisation de la sécurité pour entrer dans la salle. Tout "bêtement" parce qu’il n’y avait plus de badges qui y donnaient droit. Ce fut finalement des éléments de la sécurité qui nous escorteront pour y pénétrer.

De retour à l’hôtel, voilà que mon collègue Félix Boni du quotidien "l’Inter" de Côte d’Ivoire trouve une de ses compatriotes, qui était d’ailleurs au meeting d’Obama la veille. Elle qui prétendait qu’elle était installée aux USA depuis des années est venue à l’hôtel, pour loger avec ...Félix.

Et de surcroît avec une de ses camarades. Unanimement, nous lui avons conseillé de ne pas le faire, même s’il est vrai que nos chambres, luxueuses, comportaient chacune deux lits de trois places pratiquement. Car on ne sait jamais, surtout avec ce genre "d’aventurières". Sagement il accepta et les deux femmes s’en allèrent comme elles sont venues.

"Froides et humides sont les prisons américaines"

Le lendemain soir au bar-restaurant de l’hôtel, "El presidente" fera la connaissance d’une jeune Américaine, avocate, et lors de la conversation, il passait sa main autour de son cou, l’embrassait... Nous étions à côté. Oumar Ouatt., un Sénégalais qui faisait office de guide, travaillant à l’ambassade des USA à Dakar, lui fera savoir d’aller "molo molo", car il suffit qu’elle se rebiffe et pose plainte et "ça va chercher dans les 5 ans... or les prisons américaines sont réputées froides et humides". Heureusement, tout s’est bien passé, nous n’avons pas cherché à en connaître la suite.

Ce séjour aux USA grâce au département d’Etat américain nous aura permis de mieux connaître le processus électoral dans ce pays, de découvrir d’autres réalités américaines, bref d’enrichir notre expérience en matière de couverture politique de l’événementiel.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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