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Blaise Compaoré, chef ivoirien : Au-delà de l’intronisation

Publié le jeudi 8 mai 2008 à 11h18min

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« Oui, a-t-on entendu ça et là, Blaise Compaoré n’aurait pas du se prêter à ce simulacre (sic) d’intronisation comme chef coutumier ivoirien, qui ne le grandit pas » (resic) et pire, peut faire naître en lui des velléités de monarchisation du pouvoir. Belle analyse républicaine, qui condamne « le mélange de genres », afin que les choses soient mieux tenues.

Pour autant, on ne peut manquer, en référence à l’histoire politique récente entre les deux pays, de souligner l’historialité d’un acte qui, au-delà du chef de l’Etat, honore le peuple burkinabè tout entier. Des raisons de fierté si tant est qu’il n’y a guère plus d’un lustre, le peuple burkinabè était indexé comme « le principal fauteur de guerre » en Côte d’Ivoire. Il vous souviendra que cette indexation avait coûté cher aux burkinabè résidant en Côte d’Ivoire, en termes de vies humaines et de spoliation de biens. Tabou I et II, Bouaflé, Aboisso...le pays profond ivoirien porte encore les stigmates de cette « guerre contre l’envahisseur » qui avait occasionné l’opération « Bayiri ».

Que les dépositaires de la tradition et de la culture de ce pays en viennent à reconnaître un mérite au premier des Burkinabè au point de l’élever au- dessus d’eux (Blaise Compaoré a été fait « grand chef ivoirien avec compétence sur tout le pays ») est la marque du leadership et du rôle joué par le président du Faso dans la résolution de la crise ivoirienne. Au moment où ils faisaient appel au « pompier » Compaoré pour éteindre leur feu, les Ivoiriens avaient quasiment épuisé les voies de recours sans pour autant vider leur contentieux. Il a fallu l’intelligence politique de Laurent Gbagbo pour se retourner vers le pyromane présumé et la mansuétude de même que l’attachement à la paix de ce dernier pour que la Côte d’Ivoire sorte de l’impasse. Et, comme le Moogho Naaba, élevé lui aussi au rang de grand chef l’a dit, « personne mieux que ces garants de la tradition ne mesure l’importance de la paix ».

Il faut donc aller au-delà du cérémonial et des analyses folkloriques pour voir la reconnaissance du mérite d’un homme et, à travers lui, de tout un peuple. Les Ivoiriens prouvent qu’ils n’ont pas la mémoire courte, et que l’expertise du facilitateur leur est plus que jamais nécessaire. Du reste, le Cadre permanent de concertation (CPC) qui se tient demain 9 mai à Yamoussoukro dans un horizon largement dégagé avec le désarmement et le regroupement des combattants des Forces Nouvelles ainsi que les promoteurs de la paix qui sillonnent le pays, viendra prouver cette assertion.

Bien sûr, il reste les problèmes du redéploiement de l’administration sur tout le territoire, celui de l’unicité des caisses et last but not the least, les bisbilles qui ont surgi entre FN et le parti présidentiel dans le cadre du désarmement susindiqué pour parfaire l’édifice. Mais, comme l’a dit le grand chef Compaoré, « Toutes les difficultés seront surmontées sur la route de la paix et de la réconciliation nationales ». Une affirmation que les conclusions du CPC devront conforter demain dans l’après-midi.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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