Au plus haut niveau de l’Etat, l’heure est à la mobilisation pour une production record au cours de la campagne qui s’annonce. La crise alimentaire de ces derniers mois y est sans doute pour quelque chose. Elle a subitement fait prendre conscience aux dirigeants africains que leur propre survie dépend de l’autosuffisance alimentaire des populations. Ce thème a été de tout temps brandi comme un objectif, mais sa réalisation se fait attendre.

Les politiques agricoles appliquées jusque-là n’ont pas été à la hauteur des espérances. Mais avec les émeutes de ces derniers mois, il est apparu que la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de développement. Elle est hautement stratégique et peut saper les fondements de l’Etat. Les troubles sociaux consécutifs à la flambée des prix des denrées ont ébranlé plus d’un régime. D’abord pris de court, bien des pouvoirs ont crié à la manipulation des émeutiers de la faim, avant de se raviser et de prendre des mesures énergiques pour juguler l’inflation.

Mais il s’agit dans la plupart des cas de réactions spontanées, sans prise sur le long terme. La campagne agricole à venir est donc une opportunité pour les pays africains de relancer la production agricole, seule à même de créer la sécurité alimentaire, de promouvoir le développement et de garantir la stabilité sociale et politique. Pourvu que l’agitation actuelle ne soit à nouveau circonstancielle, juste le temps d’une saison agricole. Car ce serait oublier de désamorcer une bombe à retardement.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays