LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

François Compaoré, L’OVNI de la FEDAP

Publié le lundi 5 mai 2008 à 11h52min

PARTAGER :                          

François Compaoré

La FEDAP soutient Blaise pour mieux servir François. C’est comme dirait l’autre, tout " le relationnel " de l’aîné se prépare à se mettre au service du petit frère dans l’objectif précis de le faire gagner au moment venu.

Un confrère, dont la proximité avec François Compaoré n’est plus à démontrer, a écrit, fort à propos croyons-nous, que "le parrainage de Blaise Compaoré est capital pour réussir. Pour la simple raison que cette marque de confiance présidentielle suppose un transfert sur l’heureux élu, de réseaux relationnels aussi bien en interne qu’en externe, toute chose qui devrait s’avérer décisive dans la conquête de l’électorat, la gestion et la conservation du pouvoir… "1

La fédération des associations de soutien à Blaise Compaoré (FEDAP/BC) est incontestablement l’une de ces structures relationnelles dont l’influence, réelle ou supposée, qui sert présentement le président sera transférée à son dauphin. Il reste maintenant la question principale : C’est qui ce dauphin ?

Lorsque l’on regarde les images de l’installation de la FEDAP, dans ces locaux, qui voit-on qui peut prétendre à la succession de Blaise Compaoré ? Les premiers responsables du parti présidentiel n’y étaient pas. S’ils y étaient, ils étaient bien discrets. Ils sont pourtant, dans un système républicain, les héritiers putatifs de l’actuel président, dont ils sont logiquement les " camarades " et dont ils contribuent présentement à la mise en œuvre du programme politique.
En revanche, il y avait une surabondance des images de François Compaoré. Il était même la vedette de la cérémonie quoi qu’il n’ait rien dit. Mais il y a de ces présences qui valent plus que des discours.

Si la FEDAP est un réseau au service du président dont on imagine facilement que son éventuel héritier devait en bénéficier, les pontes du CDP et des partis de la mouvance auraient dû s’y bousculer. Les a-t-on vu ?

La FEDAP ne fait pas la politique, elle soutient Blaise Compaoré. Mais que fait donc Blaise Compaoré si ce n’est la politique ? Il y a chez les animateurs des associations de soutien au président, comme une illogique feinte ou voulue. On ne saurait soutenir un président en exercice, élu sur un programme politique en concurrence avec d’autres programmes et affirmer péremptoirement que l’on est apolitique. En soutenant Blaise Compaoré, on indique assez clairement que l’on n’est pas avec les concurrents qui l’ont affronté au scrutin passé. Or la notion d’apolitisme, c’est l’équidistance de tous les politiques. Dans le cas présent, la FEDAP apolitique fait quand même la politique de Blaise Compaoré.

La logique aurait voulu que, comme en Allemagne, ces structures épousent la philosophie politique du CDP en oeuvrant, en prolongement de ces idées, à faire et réaliser ce qu’un parti politique ne peut faire directement. Chacun des grands partis allemands (CDU et le SPD) a sa structure associative au service des idées et de la philosophie du parti.
Dans le cas qui nous concerne, Blaise Compaoré aurait-il des idées et une philosophie de la gouvernance politique différentes de celles du CDP, au point que ces soutiens " civils " en viennent à préférer les siennes à celles de son parti ? Ce serait incongru si c’était le cas.

Même natte, mais pas même rêve…

La société "d’espérance" que Blaise Compaoré met en œuvre présentement ne serait-elle pas aussi le projet de société du CDP ? On pense que oui puisque le CDP a été la tête de proue des partis qui ont soutenu la candidature du président en 2005. Le CDP est d’autant comptable de ce programme que c’est son vice-président, chargé des questions politiques et idéologiques qui était le directeur de campagne pour cette présidentielle. Les pontes du CDP se considèrent naturellement comptables, puisqu’ils sont chacun " en ce qui le concerne et au poste qu’il occupe chargé de mettre le programme en musique ".

Blaise Compaoré, après le remaniement qui a vu le départ de Salif Diallo du gouvernement, a dit une chose que les observateurs n’ont pas forcément retenue. Il a dit qu’" il espère que Salif Diallo restera mobilisé pour la mise en œuvre du programme pour lequel il ( lui Blaise) a été élu en 2005". Cette phrase renseigne un peu sur l’état d’esprit du "divorce" entre les deux hommes. Ce n’est pas la première fois que Salif Diallo quitte le gouvernement. Il l’avait déjà fait en 1999. A cette époque, personne n’avait pensé un instant au démariage entre les deux hommes. Bien au contraire. Si cette fois, Blaise est emmené à s’interroger si Salif lui demeurera quand même fidèle pour l’aider à conduire son programme, c’est que l’inverse est possible.

Il faut se rappeler que la campagne pour la candidature de Blaise Compaoré en 2005 s’est faite en marge du CDP. L’objectif non avoué était de mettre le parti présidentiel en situation de ne pas être le parrain principal de la victoire du chef de l’Etat. L’élection s’est faite donc à la lisière de soutiens éclectiques où l’on retrouvait les ABC, les Tontons et les Tantis de Blaise Compaoré face à deux forces politiques, le CDP et l’ADF/RDA. Les mouvanciers ont été mis dans le vent cette fois. C’est pourquoi, in fine, ils n’étaient pas à "la table du seigneur" quand est venu le moment de la récompense.

Cette intention de "dissolution" du CDP dans ce "fourre tout des soutiens présidentiels" n’a pas fonctionné comme souhaitée. Les responsables du parti, à commencer par le directeur de campagne Salif Diallo, ont œuvré à le faire échouer. Les structures du CDP, localement, ont été les responsables de la mobilisation. Les autres soutiens ont été contraints de venir en appoint. La victoire de Blaise Compaoré en 2005, contrairement au souhait de l’intéressé, reste fondamentalement le fait du CDP. Blaise Compaoré n’a pas pu se défaire de son parti. Mais il n’a pas pour autant renoncé.

La volonté de s’affranchir du CDP est devenue obsessionnelle pour Blaise Compaoré depuis la sortie de la crise consécutive à l’assassinat de Norbert Zongo. La question est évidemment pourquoi ? Il y a deux réponses possibles :
la première, le président veut, comme en 1996 à la création du même CDP, renouveler le personnel politique autour de lui. le conglomérat qui a travaillé à son élection devrait donc logiquement fusionner et former, comme en France après la victoire toute soviétique de Chirac, une sorte d’"Union de la majorité présidentielle". Mais une telle union n’aurait pas pu se faire en sacrifiant d’emblée les fidèles lieutenants. Or c’est l’impression que pouvaient avoir "les camarades " du président.

La deuxième explication recoupe d’une certaine manière la conclusion de la première. Le président veut au moment des choix décisifs ne plus rien devoir à ces "camarades". Or est-il possible d’exclure, dans les choix décisifs, la question de sa succession ? Difficile, en effet, car même si le président peu encore briguer un autre mandat, le dernier constitutionnel, son pouvoir tire irrémédiablement vers son crépuscule. Si le président tient tant à s’affranchir du CDP, est-ce pour ne pas lui être comptable dans le choix de son successeur éventuel ? Autre question qui ne manque pas d’intérêt : croit-il que son choix ne sera pas forcément entériné par son parti ?

La FEDAP qui est à présent en ordre de marche n’a pas les moyens et la légitimité de pareil scrupule. Cela devrait être donc, un formidable marche pied pour le dauphin dont les traits robots ressemblent de plus en plus extraordinairement à François Compaoré, dont on se plait à rappeler qu’il en a le droit constitutionnel, comme si quelque part, quelqu’un le lui déniait.

Par Newton Ahmed Barry

1 In L’Hebdomadaire (n°469) du 18 au 24 avril 2008


Voici donc la pomme de discorde ! !

Quelques cinq mois après avoir été portée dans les fonts baptismaux, la Fédération des associations pour la Paix et le Progrès avec Blaise Compaoré sort du bois pour se donner de la visibilité. Après avoir inauguré en fanfare son siège sis à Koulouba, route de l’aéroport, elle promet les jours qui viennent de se faire entendre. En attendant, la venue de ce nouveau né intrigue et suscite appréhensions et inquiétudes.

La nouvelle fédération est née de la volonté d’unir les associations qui se réclamaient de Blaise Compaoré dans une synergie d’actions pour la paix. Si l’objectif se précise en se resserrant autour de deux concepts : la paix et le progrès, Blaise Compaoré demeure cependant et toujours le personnage central qui fonde la raison d’être de la FEDAP. Sur ce point, pas d’équivoque possible. La FEDAP n’entend pas ressembler à ces associations de la place qui oeuvrent pour la paix, dans le genre du mouvement du Dr. Pierre Bidima.

Certes, la nouvelle fédération dit s’être forgée autour de l’idée de paix, mais elle entend travailler à la promotion de la paix seulement avec Blaise Compaoré. Pour les géniteurs de cette organisation, c’est donc Blaise oyé, ad vitam eternam.

Difficile pour Gaston Soubeiga, le président de la FEDAP de convaincre du caractère apolitique d’une organisation qui affiche d’emblée des choix et des objectifs politiques au nom desquels il disputait dans son discours inaugural, l’initiative aux partis politiques : "les questions touchant à la vie et à l’avenir de la Nation ne peuvent plus être l’apanage des seuls professionnels de la politique…" Les morveux ont sans doute pris bonne note. Et le CDP en premier, lui qui jusque-là domine sans partage la vie politique nationale.

Au niveau de l’organisation politique, il n’est pas facile pour quelqu’un qui n’a pas fait ses armes dans les groupuscules idéologiques de s’imposer. Les groupes apparaissent en effet comme la source de la légitimité, et ce n’est pas les hommes de l’ex CNPP/PSD qui diront le contraire ! D’où la naissance de partis politiques mouvanciers, ainsi que d’organisations dites de la société civile qui mènent des actions concurrentes au CDP.

L’absence des responsables du CDP

On s’interroge sur l’absence des ténors du CDP au lancement des activités d’une association dont la référence exclusive est le chef de l’Etat. Etant la mère des organisations qui soutiennent l’action de Blaise, on s’attendait à ce que sa place, son rôle et ses rapports avec les associations qui oeuvrent ou prétendent œuvrer à l’intérieur d’une même galaxie soient définis. On a plutôt noté la splendide absence du CDP à la toute première activité de la fédération. Roch Marc Christian Kaboré semblait plutôt préoccupé par la session parlementaire en cours, tandis que Simon Compaoré était tout heureux d’avoir à se consacrer à ses baptêmes de rues. Pas de Kanidoua, de Mahama Sawadogo ou encore d’Achille Tapsoba. Un vide qui inspirera certainement des gloses pendant longtemps.

Quoi qu’il en soit, l’opinion publique ne s’embarrasse pas de subtilités. Le FEDAP est une organisation concurrente du CDP. Si Salif Diallo symbolisait la résistance visible à cette association dont les objectifs lui paraissaient obscurs, d’autres barons du CDP ne nourrissaient pas moins les mêmes appréhensions vis-à-vis d’une organisation inspirée du centre même du pouvoir et dont le contrôle échappe au parti au pouvoir censé impulser l’activité des organisations qui lui sont proches.

Le président du CDP, Roch Marc Christian avait, semble-t-il, levé le lièvre à une instance du parti, reconnaissant qu’il va falloir définir clairement la place et le rôle respectifs des entités associatives et partisanes de la mouvance ainsi que leurs rapports réciproques. Cette sortie du premier responsable du CDP avait surpris plus d’un. Et plus récemment, à l’occasion de la sortie de Salif Diallo du gouvernement, il avait pris sa plume pour lui témoigner la reconnaissance du parti, en même temps qu’il lui adressait des félicitations. Des signes qui montraient qu’au sein de la direction du CDP, il y avait comme une volonté de reprendre en main une situation grosse de danger pour sa survie. Les principaux responsables semblaient avoir pris la mesure de cette évolution, une évolution caractérisée par l’effritement des positions du parti dans la vie nationale et parallèlement par le resserrement du pouvoir autour de la famille présidentielle.

François Compaoré, vrai parrain de la FEDAP

Le moment ne semble pas encore venu pour le " petit président " de jouer les premiers rôles. Dans le jeu de coulisses qu’il affectionne, il aura travaillé à rassembler les associations en fédération. Tout le monde reconnaît en lui le vrai patron de la FEDAP. L’homme a cependant une qualité, c’est la discrétion. Rien à voir avec les fanfaronnades des nouveaux riches tout heureux de nous en mettre plein la vue. Dans le combat qui a opposé son beau-père à Salif Diallo, il est resté dans l’ombre, agissant lentement mais efficacement pour faire émerger son bouillant beau-père à la surface. Au finish, il a bien réussi à lui décrocher une place sur la liste nationale au dernier scrutin législatif.

A la mairie de Ouaga, il avait voulu propulser son poulain, mais il s’était heurté à une résistance farouche du duo Simon-Salif. Mais tout indique que la partie est loin d’être terminée. Pour l’heure, il a réussi à caser son poulain comme premier adjoint au maire de la capitale et il est pratiquement sûr que l’homme remettra l’ouvrage à la tâche jusqu’à ce que l’objectif soit atteint.

En ce qui concerne la FEDAP, il n’y aura pas de souci côté argent pour son implantation nationale. L’argent qui va couler à flots, (les opérateurs économiques qui comptent au Faso en ont fait leur affaire) sera l’argument essentiel de la mobilisation. Dans un contexte de vie chère, ce serait bon à prendre, surtout que le prix à payer n’est pas élevé aux yeux d’une population affamée. La vie politique promet donc d’être animée au Faso les jours et les mois à venir.

Fait curieux cependant. Le tapage médiatique fait avant l’événement contraste fort avec le relatif silence observé par ces mêmes médias après. A l’exception du quotidien d’Etat Sidwaya qui lui a consacré quelques colonnes, la radio et la télé nationales semblent avoir observé le silence. Sauf erreur !

Par Germain Bitiou Nama

L’Evénement

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique