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Bobodioufs : Le malheur des uns ... le malheur des autres

Publié le mardi 15 juin 2004 à 10h08min

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Acte II dans le feuilleton Bobodiouf. Après Stanislas Soré, l’homme à tout faire dans le "royaume d’Abou", le groupe des dix. Et comme il n’y a jamais 2 sans 3 dans un avenir proche, il faudra passer à l’acte III. Disons le troisième épisode.

En apparence, ce groupe qui fait la joie des télespectateurs avec sa "télénovela" version burkinabè est truffé d’amateurs. Patrick Martinet, le réalisateur, en dépit des apparences, se veut un vrai blanc bec dans le domaine de la production. Non pas qu’il lui manque des qualités, mais plutôt que l’homme ne sait pas prendre des dispositions.

Avec Abou, dans la version première des multiples palabres, les Burkinabè dans l’ensemble avaient donné raison à M. Martinet. "Abou" disait-on n’a pas pris des précautions, plus clairement n’a pas signé de contrat qui le protège au cas où ce n’est pas "parce que ça marche" qu’il faut et exiger un cachet de grosse facture. Ce qui d’un point de vue commercial est faux. Mais d’un point de vue des clauses, on peut donner quitus si tant est que ce volet n’était pas pris en compte. Où est-il maintenant avec les "Suké" et autres ? Ce qu’on retient après lecture des interviews, le réalisateur demande des "sacrifices".

Et comme dans toute entreprise, il faut que les premiers à crapahuter dur se serrent la ceinture. Gros paradoxe ! Eh bien oui. Si les clauses pour lesquelles les Burkinabè ne comprennent pas "Abou" dans sa quête d’une augmentation dédouanaient, pourquoi Martinet peut-il vouloir que ses acteurs baissent le manche si cela n’est pas inclus dans les clauses. Pour une première ç’en aurait été une. Dans quel pays les primes des comédiens, à défaut de connaître une augmentation, ou de ne même pas subir de coupe, doivent être revues à la baisse.

En fait, un mécanisme proportionnellement inverse à leur notoriété. De l’anonymat complet, ces acteurs sont aujourd’hui devenus des vedettes. Des hommes dont on parle dans toute la sous-région et même sous d’autres cieux. Martinet exagère. Et avec lui, tous ceux et toutes celles qui dès la main levée courent prendre la place des autres. Le malheur des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres. Dans cette frénésie, le malheur des uns fait inéluctablement le maheur des autres.

A cette allure, il est certain que les nouveaux acteurs qui ont sûrement du talent vont connaître le même destin que les "virés" du jour. "Abou" a été viré et cela a permis à "Suké", "Tonton Brama" et consorts de se faire connaître. A moins que dans le scénario initial de Martinet, l’enjeu est plus de faire connaître (dans le sens de sortir de l’anonymat) des acteurs que de les voir s’épanouir. (Les intéressés avouent qu’en quatre ans ils ont palpé chacun 2 500 000 francs. Soit 625 000 francs l’an et 60 000 F par mois). On aimerait applaudir le faiseur de stars...

En tous les cas, alors que la question de statut de l’artiste dans notre pays vient d’être débattue avec des conclusions prometteuses, permettre à un réalisateur de se jouer d’une composante importante pour ne pas dire ultra importante dans une réalisation visuelle, c’est compromettre la portée d’un groupe. Il faut mettre fin à cette arnaque qui ne dit pas son nom. Quelle est la clause qui lie les deux parties ? A priori, les Burkinabè ont pris le malin plaisir de se faire hara kiri. La première aurait dû servir de rempart à la deuxième. Mais dommages !

Jean-Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

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