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Pour que demain soit meilleur à aujourd’hui

Publié le lundi 28 avril 2008 à 12h05min

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Le Burkina Faso a vécu tout au long de la semaine dernière au rythme des Nations unies, de l’informatique et des technologies de l’information et de la communication. Rompant avec le cercle vicieux de la vie chère qui nous enserre depuis un certain temps, la Nation entière s’est tournée vers d’autres sujets, moins alimentaires certes, mais susceptibles de nous projeter vers des perspectives qui pourraient rendre demain plus positif et meilleur qu’aujourd’hui.

La visite du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), M. Ban Ki-moon les 22 et 23 avril à Ouagadougou a montré, si besoin en était, les bonnes relations qui existent entre le Burkina Faso et le système onusien. Ban Ki-moon a dit être venu échanger avec le président Blaise Compaoré sur « les efforts que le Burkina continue de déployer dans la poursuite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et sur les questions régionales notamment la situation en Côte d’Ivoire ».

Malgré les améliorations de la situation en Côte d’Ivoire, le Secrétaire général des Nations unies est conscient qu’il reste beaucoup à faire, mais se dit encouragé par le fait qu’une date est désormais fixée pour les élections, à savoir le 30 novembre 2008. Sensible aux défis auxquels est confronté le Burkina de nos jours, Ban Ki-moon s’est réjoui de l’annonce par les donateurs de 1,1 milliard de dollars d’investissements dans l’eau et l’assainissement pour aider notre pays dans la mise en œuvre des OMD et dans son développement. Le séjour du Secrétaire général des Nations unies au Burkina, au-delà de l’hommage et de la considération, est un signe de reconnaissance de la communauté internationale à l’égard de ses plus hautes autorités et de notre pays, membre non permanent du Conseil de sécurité depuis janvier 2008 et acteur clé dans la stabilité et la paix dans la sous-région et dans différentes commissions de l’Assemblée générale de l’ONU.

Le Burkina peut donc se féliciter de jouir d’une bonne image auprès de la communauté internationale, atout majeur qui permet d’ouvrir bien des portes. La semaine de l’Internet du 19 au 26 avril dernier aura également été au centre de l’actualité dans notre pays. A l’occasion de cette 4ème semaine de l’Internet qui vise à sensibiliser et à initier les Burkinabè aux technologies de l’information et de la communication, il s’est également tenu le 2ème Forum panafricain sur le partage des meilleures pratiques dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour le développement. Initié par Microsoft Afrique en partenariat avec le gouvernement du Burkina Faso et le soutien de l’Union européenne, ce forum devra permettre à l’Afrique en général et au Burkina en particulier d’entrer dans la société de l’information et de s’engager sur la voie de la transformation et de la compétitivité.

Ne dit-on pas que le développement passe par le savoir et la culture ? Car au-delà de la vie chère qui est une préoccupation immédiate certes, il faut voir loin et dans le futur afin d’assurer au Burkina un développement harmonieux et durable. Contrairement au petit peuple qui se préoccupe de l’immédiat, les leaders politiques voient l’évolution de la société en termes de vision et de perspectives à long terme. Toute l’habileté des dirigeants devrait consister à concilier ces deux impératifs, car le peuple ne saurait se contenter ni d’agrégats macroéconomiques ni de vision prospective. Les bouches et les ventres au contraire réclament chaque jour du riz, du mil, du maïs, de la viande, du lait… La réalité sur ce plan demeure têtue et cruelle. Subitement, tous les voyants sont au rouge : les prix des hydrocarbures et des produits alimentaires connaissent une flambée sans précédent dans l’histoire.

Comme au Moyen-âge où la peste et la famine faisaient des hécatombes, l’humanité est menacée de nos jours par une grave pénurie alimentaire, doublée d’une hausse vertigineuse des prix. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), depuis juin 2007, le prix des produits alimentaires a augmenté de 55%, une hausse qui constitue, selon lui, le plus gros défi de l’histoire du PAM depuis sa création en 1963, a reconnu la semaine dernière sa directrice.
Le prix mondial du blé a doublé en un an, celui du riz a augmenté de plus de 50 % depuis janvier dernier. Le coût d’un repas a été surenchéri de 40 % en un an dans les pays pauvres, ce qui est tout simplement scandaleux et catastrophique. C’est le cas dans notre pays. Même des Nations croulant sous le poids des pétrodollars engrangés comme le Gabon connaissent de nos jours leurs émeutes de la faim.

Le gouvernement burkinabè, qui tente de contenir la flambée du prix du pétrole qui frôle de nos jours les 120 dollars le baril, a engagé en même temps depuis novembre 2007, une vaste opération d’approvisionnement des zones déficitaires en céréales à des prix sociaux en même temps qu’il a entrepris des concertations avec les acteurs de la filière pour une stabilisation des prix des produits céréaliers. Un mois après les mesures gouvernementales portant sur la suspension à six mois des droits de douane et de la TVA à l’importation sur les produits de grande consommation, quel constat ? Si dans les boutiques témoins les prix préconisés par les autorités semblent être respectés, il n’en est pas de même partout.

Si la suspension des droits de douane et de la TVA est générale sur toute l’étendue du territoire, il est indécent que de petits malins profitent de cette mesure pour s’enrichir sur le dos des consommateurs en continuant à vendre plus cher que prévu. La guerre contre l’inflation et la vie chère est déclarée et l’Etat devrait utiliser la machine et les armes de la puissance publique pour se faire respecter. En associant les consommateurs, les opérateurs économiques honnêtes et les acteurs sociaux de bonne foi, il pourra gagner cette guerre des prix au grand bonheur des populations. C’est du reste un des points de revendication des syndicats. Alors que l’heure devrait être à la concertation et à la solidarité pour trouver la meilleure thérapeutique à ce phénomène mondial que constituent l’inflation et la vie chère, les grèves syndicales qui s’annoncent du 13 au 15 mai prochain après celles des 8 et 9 avril derniers n’augurent rien de bon. Aussi, le dialogue social traditionnellement pratiqué devrait-il retrouver ses droits afin que les partenaires sociaux et les autorités étatiques, en toute responsabilité, examinent les doléances des syndicats, en particulier la plate-forme revendicative, objet du préavis de grève du 13 mai 2008 pour des solutions en phase avec les possibilités de l’Etat et les réalités du moment.

Car la situation plutôt nous impose plus d’ardeur au travail pour une relance de la production et pour l’augmentation des richesses nationales et des recettes. S’imposent également un changement de nos habitudes de consommation et de vie tant au niveau de l’Etat que des individus et une meilleure gouvernance à tous les niveaux. En cette période de crise planétaire et d’incertitude, le bras de fer, les troubles sociaux et politiques, facteurs d’instabilité et de chaos ainsi que les risques de dérapage économique, pourraient plutôt apporter des souffrances encore plus grandes à notre peuple, et personne, y compris ceux qui pensent récupérer la situation, n’en tirera vraiment profit.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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