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Défaite d’Obama en Pennsylvanie : Les non-dits de la campagne ont-ils joué ?

Publié le vendredi 25 avril 2008 à 13h39min

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Les primaires de Pennsylvanie sont terminées et Hillary a gagné. Barak Obama, le perdant, a été pour de nombreux analystes rattrapé par les non-dits de la campagne : son origine et sa petite expérience en politique.

The audacy of Hope est le livre politique (paru en 2006) du sénateur de l’Illinois, un best seller pour lequel il a touché un à-valoir de 2 millions de dollars. Dans cet ouvrage, Barak Obama expose son programme politique qui se résume à un seul vocable : changement. Prétentieux de la part de ce jeune avocat métis né à Honolulu à Hawaï d’un père Kenya et d’une mère américaine. En effet, qui est-il pour vouloir apporter un vent nouveau dans une Amérique certes qui évolue mais selon des canaux bien formatés ?

Et pourtant, rapidement, il tracera les sillons de ce qu’il veut en s’imposant chez les Démocrates, d’abord comme sénateur de l’Illinois, puis comme membre du Sénat des USA. Mais rien n’était encore joué car il fallait le nerf de toute campagne surtout dans ce pays : l’argent. « Lorsque dans les premiers mois, le parti démocrate a regardé les fonds levés par Obama, il a su très vite que ce serait un candidat sérieux ».

En effet, chez l’oncle Sam, il y a la popularité du candidat mais surtout sa capacité à rassembler des sous qui font de lui un présidentiable. Et en la matière, Obama n’est pas sans rappeler un certain... Bill Clinton. En outre sa jeunesse à 46 ans il paraît n’en avoir que 35 surtout lorsqu’il n’est pas en costume, ce qui séduit les jeunes Américains.

Si l’on ajoute son discours un peu populiste, alors on a tous les ingrédients pour ratisser large dans une Amérique engluée dans la guerre en Irak, aux subprimes, au chômage et au prix du galon d’essence qui ne cesse de grimper.

Ce n’est pas tout : il revendique également le legs de Martin Luther King, de Roosevelt et autre Nelson Mandela et n’a pas cette propension à la sempiternelle victimisation des Noirs par les Blancs, ce qui du reste laisse circonspects certains Blacks qui trouvent que s’il pense ainsi, c’est parce que ses ancêtres n’ont jamais travaillé comme esclaves.

« ..Il y a les non-dits dans toute campagne...dans une Amérique qualifiée d’islamophobe, un homme présenté souvent comme musulman peut-il être élu président ? », écrivions-nous dans notre Grille de lecture de l’Observateur paalga du 21 février 2008.

Dans aucun meeting, cette part d’Obama n’est évoquée et pourtant personne n’ignore que c’est un aspect sur lequel surfent ses adversaires Républicains et peut-être que les partisans d’Hillary n’en pensent pas moins. Multiraciale, l’Amérique l’est, mais la question raciale est encore dans certaines conversations.

En Pennsylvanie où la proportion de Noirs est estimée entre 15 et 20% (donc faible) et si l’on considère qu’une grande partie (90%) de sa frange vieille et blanche (très nombreuse dans la région) a voté pour l’ex-first Lady, on peut se poser des questions.

« Peut-être que si Obama avait épousé une femme blanche, certaines portes lui seraient ouvertes », fait remarquer un confrère. Finalement, n’est-ce pas moins les qualités intrinsèques d’Obama qui ont été « sanctionnées » par les Pennsyvanais que ses origines ? Question à un fauteuil à la maison blanche. Et pourtant Obama et sa femme Michelle forment un couple modèle aux yeux des Américains.

« Voilà quelqu’un qui a commencé la politique il y a à peine trois ans et qui veut déjà aller à la maison blanche », propos d’Hillary Clinton lors de son meeting du 21 avril, veille du vote. L’allusion est claire : Obama est jeune pour avoir cette prétention de destin national. C’est vrai qu’on ne peut pas dénier à la sénatrice de New York (60 ans) d’avoir de l’expérience, mais est-ce la seule qualité requise en la matière ?

En tout cas, c’est un autre argument qui vaut ce qu’il vaut et qui, vraisemblablement, a pesé dans les présentes primaires. En effet, pour les uns peut-on faire confiance à une personne peu expérimentée dans la conduite par exemple des questions militaires ? Autant de non-dits donc dans ce récent duel Hillary-Obama qui pourraient avoir milité en défaveur du second.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
à Philadelphie

L’Observateur

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