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Franchises universitaires au Burkina : Mythe ou réalité

Publié le mercredi 23 avril 2008 à 12h48min

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Les franchises universitaires sont-elles une réalité ou une simple vue de l’esprit ? C’est la question que se pose l’auteur du texte ci-dessous après les affrontements entre étudiants à l’université polytechnique de Bobo.

Parcourant la presse écrite la semaine écoulée, notre affliction fut des plus grandes de savoir que nos campus universitaires sont depuis quelques années devenus des zones de non-droit sous le couvert de prétendues franchises universitaires.

Les récents événements intervenus sur le campus de Nasso nous amènent à nous demander si des étudiants peuvent commettre des violences et voies de fait à l’encontre d’autres étudiants dans l’impunité la plus totale ? Autrement dit, l’université serait-elle un Etat dans l’Etat burkinabè au point que leurs agissements ne puissent tomber sous le coup des lois régissant la vie en communauté ?

Féroce défenseur du respect des franchises universitaires par le rejet catégorique de la police des universités, une certaine organisation d’étudiants s’illustre depuis quelques années par une vendetta systématique à l’encontre d’autres étudiants à qui ils reprochent de ne pas voir les choses comme eux.

A coups de slogans haineux du genre « A bas les fantoches ! » ou « Nettoyons-les ! », ces prétendus défenseurs des intérêts moraux et matériels des étudiants ne visent d’autre but que d’instaurer une pensée unique qui est la leur sur les champs universitaires. Reniant par ce fait le fondement même des franchises universitaires qui est celui de garantir la liberté d’opinion qui doit caractériser l’université.

Leur conception à double vitesse des franchises universitaires relève à l’évidence d’une malhonnêteté intellectuelle qui, depuis quelques années, a été contre-productive pour les étudiants.

A un moment où la question du logement étudiant se pose avec acuité du fait de l’afflux massif des étudiants à l’université avec une demande forte de logements en résidences universitaires, cette insécurité récurrente qui tend à devenir chronique dont ils sont les seuls responsables n’est pas de nature à favoriser les efforts des autorités publiques quant à l’opportunité de consentir davantage d’efforts dans ce sens.

Vous avez dit légitime défense ?

Invoquant tantôt la légitime défense, tantôt d’autres arguties pour justifier ces actes de barbarie qui ne devraient pas être l’apanage d’intellectuels, ces militants endoctrinés et instrumentalisés pensent-ils seulement à la raison première de leur présence sur le campus ? Pensent-ils encore dans leur furie animale à l’avenir de leurs camarades qu’ils compromettent ainsi ?

Pensent-ils enfin aux pauvres parents de leurs infortunés victimes qui se saignent souvent à blanc pour pouvoir voir leurs enfants réussir et les sortir de cette sordide pauvreté ? Notre analyse nous emmène hélas à conclure par la négative.

De légitime défense, il en est rien car leur « riposte » pour s’être étalée sur trois jours ne satisfait pas à la condition de la concomitance de l’attaque. En outre, leur « riposte » n’est en rien proportionnelle à la prétendue attaque d’un de leurs camarades qu’ils allèguent.

Du reste, un syndicat d’étudiants digne de ce nom devrait pouvoir faire preuve de tempérance et de conciliation au lieu de cette attitude belliciste et vindicative, au nom du sacro-saint principe de la défense des intérêts moraux et matériels de l’ensemble des étudiants.

Au surplus, il ressort de façon constante que c’est plutôt eux qui ont attaqué les résidents de la cité universitaire de Nasso à travers des perquisitions forcées et des battues. Est-il besoin de leur rappeler que nous sommes dans un Etat organisé régi par des lois et des institutions interdisant ces réflexes d’auto-justice qu’ils affectionnent tant. Si leurs adversaires se sont soumis à la procédure de contestation des résultats prévue par les textes du CENOU, qui sont-ils, eux, pour ne pas utiliser ces mêmes voies de recours ?

Les autorités doivent être fermes

Pour être étudiants, ils ne demeurent pas moins être des citoyens burkinabè dont les responsabilités pénale et civile puissent être engagés à tout moment devant les institutions compétentes.

Aussi, afin d’éviter que nos campus universitaires sombrent dans le chaos comme ce fut le cas dans une contrée voisine, nous préconisons au Gouvernement, au ministre de l’Enseignement Supérieur, aux présidents des universités et aux responsables du CENOU de rompre avec toute forme de complaisance face à ce genre d’attitudes aussi irresponsables que criminelles qui, à force d’être tolérées, font des émules et s’érigent en règles.

Par conséquent, il leur appartient de prendre instamment des décisions courageuses notamment :

- la mise en place de la police des universités afin d’éviter que des pertes en vies humaines ne surviennent des incessants affrontements entre les acteurs de la communauté universitaire ;

- des sanctions disciplinaires fermes et exemplaires à l’encontre de ces fauteurs de troubles sans préjudices des suites judiciaires qu’on pourrait donner à l’affaire.

Se dérober face à ces exigences serait une prime à la récidive, car il faut à tout prix instaurer la sécurité et la sérénité dans nos universités.

A bon entendeur salut !

K. B. Ymahila Fonctionnaire
Diplômé de l’Université polytechnique de Bobo Dioulasso

Le Pays

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