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La problématique de l’alternance au Burkina Faso

Publié le vendredi 18 avril 2008 à 01h38min

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En régime démocratique, le changement de dirigeants intervient soit à la suite d’une défaite électorale des gouvernants soit à l’issue d’une mise en minorité du gouvernement par l’Assemblée nationale devant laquelle il est responsable, cette dernière situation intervenant dans le cas particulier du régime parlementaire ; on dit alors qu’il y a alternance.

Les conditions pour la possibilité de l’alternance sont : des élections régulières organisées périodiquement, une pluralité de candidatures permettant un réel choix des électeurs. L’alternance est souhaitable parce qu’elle permet au système politique de s’ajuster constamment. C’est dire donc que sa fréquence est une excellente chose.

Malheureusement dans bon nombre de démocraties cette alternance est rare, entraînant ainsi une certaine permanence du pouvoir. Cette situation s’observe quand une même force politique ou une coalition demeure très longtemps au pouvoir. En pareil cas, et dans la mesure où l’alternance ne se décrète pas, il convient de trouver une issue à ladite permanence afin que le système politique ne se grippe pas. Dans l’histoire, la solution qui a été expérimentée a été l’ouverture du pouvoir à d’autres familles politiques à travers la participation au gouvernement et le dialogue politique.

Dans le cas de la démocratie burkinabé, la présence continue du CDP au pouvoir depuis 1992 et sa nature de parti « dominant » permettent de considérer que dans le pays des Hommes intègres s’est installée une certaine permanence du pouvoir. Et comme on ne peut pas décréter l’alternance, il convient qu’en attendant, le pouvoir s’ouvre davantage aux forces politiques qui le souhaitent, c’est-à-dire à celles qui ont comme finalité moins la conquête du pouvoir que la participation à ce pouvoir afin d’infléchir son exercice. En tout état de cause la simplification de la réalité politique en majorité et opposition reste valable uniquement sur le plan théorique et non sur celui de la pratique.

Naturellement cette ouverture constitue un risque, dans la mesure où elle est susceptible de retarder la venue de l’alternance. Toutefois il me semble que la classe politique (toutes tendances confondues) devrait accepter courir ce risque. Du reste la stratégie politique et la pratique enseignent qu’en real politik, la dualité des comportements l’emporte sur leur alternative. On peut évidemment rejeter de manière simpliste ce point de vue en s’appuyant sur le fait que le Temps est un allié objectif dans la recherche de l’alternance. C’est vrai, mais comme l’œuvre de ce Temps est incertaine il convient dans certaines circonstances de la catalyser par une pratique politique réaliste.

Mahama SAWADODO
Député

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