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Lutte contre la vie chère : Les solutions d’un démographe économiste

Publié le mercredi 16 avril 2008 à 10h51min

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Pour lutter contre la vie chère, chacun y va de ses solutions. Voici exposées ci-dessous celles préconisées par un démographe économiste.

Les manifestations contre la vie chère ont connu des dénouements jusque-là inhabituels : saccage de biens publics et privés, marche meeting, concertations tous azimuts des composantes sociales.

La hausse des prix constatée ces temps-ci est la traduction d’une nouvelle répartition des ressources au niveau de la superstructure sociale, précisément entre l’Etat et les commerçants. Au départ, l’Etat a réclamé son dû légal aux commerçants ; ces derniers l’ont répercuté sur les prix des produits de grande consommation. La conséquence est une baisse drastique du pouvoir d’achat des consommateurs. Dans ce bras de fer, les commerçants semblent avoir gagné la première partie.

En effet, au nom de la paix sociale, le gouvernement, pour ne pas envenimer la situation, leur a concédé un report de payements des arriérés fiscaux, des importations sans taxes douanières sur les produits de grande consommation pour une durée de trois, puis six mois dans l’espoir d’une réduction des prix à la consommation.

Depuis l’entrée en application de ces mesures d’urgence, on n’a pas suffisamment de recul pour apprécier leur impact réel, mais déjà certains de ces produits indexés ont soit disparu des étals, soit résistent à la baisse annoncée. Toujours est-il que le caractère provisoire des mesures peut entraîner une augmentation effective des importations sans taxes, et une accumulation des stocks, en attendant les prochaines libéralisations des prix, surtout si on a affaire à des produits non périssables. Les commerçants savent comment réguler l’offre pour en tirer meilleure partie pour eux et non pour les consommateurs, ni pour l’Etat.

Nous pensons qu’un problème économique appelle des réponses économiques : dans cette situation, il appartient aux travailleurs organisés de créer des coopératives, des centrales d’achat des produits de grande consommation pour stabiliser les prix. Ils peuvent financer leurs projets de coopératives de biens de consommation de masse, de distribution de carburant, de pharmacies, de centres de santé et même créer des banques ou organismes financiers au moyen d’une sorte d’actionnariat populaire. Au Burkina, on peut dénombrer 300 000 à 400 000 salariés publics ou privés confondus. Si une part revient à 12 000 F CFA, chaque travailleur, quel que soit son statut ou son grade, peut acquérir chaque mois un douzième (1/12) de part (soit 1000 F CFA) pour constituer un capital conséquent. Ainsi, les travailleurs organisés peuvent, sans sacrifice extrême, banalement mobiliser des milliards de F CFA pour se lancer, contrôler le circuit économique de la distribution et participer ainsi à la production par la création de richesses et d’emplois.

L’environnement actuel est favorable à ce type d’initiatives. L’Etat ne peut plus réouvrir les "Faso Yaar" ou magasins d’Etat ; il ne peut pas non plus imposer durablement les prix de tous les produits, dont il n’a aucune maîtrise de la production et de, surcroît, dans une économie libérale.

Les travailleurs, par contre, peuvent, au vu de leurs intérêts, s’impliquer davantage dans l’économie. Il en a été ainsi par exemple en Europe dans les pays nordiques, et en Amérique latine. Il est temps que les travailleurs burkinabè s’en inspirent, s’orientent résolument dans des choix stratégiques tournés vers l’offre et la production, si la lutte contre la vie chère est leur objectif principal.

Clément Roger Yaméogo,
Démographe économiste

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