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Coup d’Etat manqué en RD Congo : Derniers spasmes de l’impérialisme rwandais ?

Publié le lundi 14 juin 2004 à 10h03min

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Dans la nuit du 10 juin au 11 juin 2004, l’AN II de la transition en RD CONGO a failli connaître un terme sanglant. En effet, des militaires félons conduits par le major Eric Lengué de la garde présidentielle ont tenté de renverser le chef de l’Etat, Joseph Kabila .Ce dernier a donc frôlé de peu le sort de son devancier de père Laurent-Désiré Kabila.

On se rappelle que le Mzee avait été assassiné le 16 janvier 2001 par un « kadogo » (soldat) affecté à la sécurité rapprochée de Kabila père ; ce soldat sera à son tour tué par le colonel Eddy Kappend, aide de camp du défunt président. Le même Kappend a été jugé et condamné à mort le 07 janvier 2003 comme ayant été le cerveau du coup .

Un jugement qui n’a pourtant pas élucidé totalement le régicide intervenu au palais de marbre, puisque la question à qui profite le crime est demeurée sans réponse, tant les intérêts antagoniques dans ce pays-continent sont immenses. Il y a en effet le Zimbabwéens, les Ougandais, les Angolais et surtout les Rwandais, qui se disputent le « scandale géologique » de ce pays. Trois ans après donc la mort du chef de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), on ne peut que reposer la même interrogation : à qui aurait profité l’acte du major Eric Lengué, ce Katangais de 33 ans ?

On ne peut s’empêcher de penser encore aux voisins, en particulier aux Rwandais, qui ont trouvé dans cette région un terrain de premier choix pour mener une guerre de rapine. Après avoir aidé Kabila père à chasser Mobutu en mai 1997, les alliés d’hier rechignent à partir, même si officiellement les derniers éléments du corps expéditionnaire rwandais, fort de 30000 hommes, ont quitté ce pays depuis octobre 2003. Ce qui reste à vérifier, tant il est vrai que la spirale de la violence reste le viatique des habitants de Bukavu et bien d’autres villes, violence qualifiée d’agression du Congo par les troupes rwandaises, selon le président Kabila.

Pourtant, au-delà de cet acte de la nuit de jeudi à vendredi, il faut reconnaître que la transition, qui devra s’achever au second semestre de 2005 avec la tenue des premières élections générales, est sur les rails : le gouvernement d’union nationale mis en place il y a un an tient la route. Le jeune Kabila est désormais assisté de quatre vice-présidents, dont deux étaient jusqu’à une époque récente d’irréductibles chefs de guerre : le truculent Jean-Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo (MLC), et Azarias Rubera (proche des Rwandais) du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma). Les deux autres étant Arthur Zaidi Ngoma de l’opposition non armée, et Abdoulaye Yerodia, compagnon de Kabila père.

Mieux, le chef de l’Etat congolais convainc actuellement dans les capitales occidentales. Que ce soit à Londres, Berlin, Paris ou Bruxelles où il était en février dernier, sa jeunesse, son entregent et « sa politic plan » retiennent l’attention des investisseurs et des politiques, dont certains ont décidé d’apporter le nerf de la paix : l’UE a promis 50 millions d’euros comme aide au développement, étalée sur deux ans .

Tout semble indiqué que ce pays, jugé ingouvernable dans son entièreté, s’achemine après la longue période mobutiste et l’intermède de Kabila père, vers une sorte d’Etat dans le sens premier du terme, c’est-à-dire avec des institutions, à tout le moins un Exécutif qui gouverne. Alors, que dire de cette tentative des militaires de faire sauter la République ? Volonté de puissance ou derniers spasmes de l’impérialisme du puissant voisin rwandais ? Peut-être le tout à la fois.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga

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