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Faso Kombat "C’est la mixité qui fait la force de notre groupe"

Publié le lundi 14 avril 2008 à 11h23min

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De passage en France dans le cadre du Festival de Belfort, Malk’hom nous a accordé une interview à quelques jours de son départ. Portrait d’un artiste au grand cœur…

Bonjour, pouvez­­­­­­­-vous vous présenter ?

Je suis Salif Ouédraogo, connu sous le nom de « Malk’hom », je fais partie du groupe « Faso Kombat ». J’ai débuté ma carrière de rappeur il y a maintenant 13 ans, en Côte d’Ivoire.

En 1998, j’ai participé à un concours de rap organisé par la Croix Rouge ayant pour thème « La guerre a ses limites ». J’ai été finaliste puis j’ai rejoint une des plus grandes familles du Hip Hop ivoirien « F.O.N.D.Y ».

En 2000, ma carrière prend un nouveau tournant lorsque je rencontre David Malgoubri, « le combattant », au Burkina Faso. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. De ce coup de cœur artistique naitra « Faso Kombat ».

Vous-êtes vous toujours destiné à une carrière dans la musique ?

Absolument pas ! J’ai une formation d’électricien dans le bâtiment, au départ, je chantais au travail. J’ai toujours eu un grand respect pour la musique mais je n’ai jamais pensé en faire mon métier. Je faisais quelques mix tapes pour le plaisir mais cela n’allait pas plus loin. Puis, j’ai eu l’opportunité de faire de ma passion mon nouveau métier.

Quelle est la signification de « Faso Kombat » ?

« Faso » signifie « le pays » et le « Kombat » est notre lutte pour la valorisation de la culture Burkinabè. Notre but est, principalement, de faire découvrir et aimer la musique Burkinabè.

Quelles sont vos influences musicales ?

En tant qu’artiste, je me dois d’écouter un peu de tout. Mes influences sont donc assez diverses. Mais j’écoute tout de même beaucoup de Hip hop, de reggae et de musique traditionnelle burkinabè.

Actuellement, que faites vous en France ?

« Faso Kombat » a été invité au festival « GénériQ » de Belfort. David et moi sortons à peine d’une tournée d’un mois (du 23 février au 8 mars) principalement dans l’est de la France. Ce n’est pas la première fois que nous venons en France. D’ailleurs, nous reviendrons en Juillet pour les « Eurockéennes ».

Quel accueil le public français vous a-t-il réservé ?

Avec David, nous avons remarqué que le public français appréciait aussi ce qu’il ne comprenait pas. Bien que nos chansons soient en mooré et en français, le message reste le même, il n’y a donc pas eu de problèmes à ce niveau là. De plus, « Faso Kombat » possède une certaine originalité, un côté « exotique » qu’adorent les européens.

Pendant votre tournée, avez-vous rencontré des compatriotes ?

En effet, nous avons fait d’assez belles rencontres. Avec des africains de l’Ouest, surtout. Beaucoup se sont montrés assez nostalgiques. Ils nous ont souvent dit que notre musique permettait un retour aux sources, avec les ambiances du pays.

Par contre, les Burkinabè se sont révélés être les plus septiques. Ils pensaient qu’une chanson en mooré, même ponctuée de passages en français, ne pouvait avoir du succès en dehors du Burkina Faso. L’accueil du public international prouve bien que notre musique n’a pas de frontières.

Envisagez-vous de vous produire dans d’autres pays ?

Je l’espère ! En sept ans de concerts, nous avons joué sur trois continents (Afrique, Amérique du Sud & Europe) et espérons tous les parcourir. Cependant, David et moi gardons tout de même les pieds sur terre. Ce que nous avons vécu jusque là était inimaginable, chaque concert nous enrichit toujours un peu plus, c’est un vrai bonheur.

Votre dernier album, « Diamant et Miroir », mélange français et mooré ; musique traditionnelle et rap. Comment le public a-t-il réagi face à tant de mixité ?

Je pense que c’est précisément cette mixité qui fait la force de notre groupe. Le public a donc bien adhéré. Et puis, nous avons simplement adapté la musique burkinabè à ce qui se fait actuellement. Pas seulement en quête d’originalité mais parce que c’est un vrai plaisir de montrer sous un angle différent ce qui existe depuis toujours.

Certains textes sont, en plus d’être engagés, très polémiques. N’avez-vous pas eu peur que votre album soit mal accueilli ?

Effectivement, nos chansons sont très engagées. Mais nous avons le devoir de rester « vrais ». De ce fait, lorsque nous écrivons, nous ne faisons face à aucune forme d’autocensure, ce qui est assez risqué dans un pays africain tel que le Burkina Faso. Cependant, nous restons motivés. « Faso Kombat » se bat pour un avenir meilleur et, un jour, notre franchise paiera.

Malgré une certaine célébrité, résultat d’une carrière bien lancée, vous avez su rester simple, comment ?

Ah ! En réalité, je ne me suis jamais considéré comme un « artiste » dans le sens où ma carrière n’a transformé ni ma façon d’être, ni ma vision actuelle du monde. D’ailleurs, on m’a souvent fait la remarque, apparemment je suis trop « simple » mais, je n’y vois aucun mal ! Notre musique vient du cœur et, le vrai talent, c’est de savoir rester authentique. Le public est intelligent et décèle assez vite les chanteurs à but uniquement lucratif. Par respect pour lui, nous nous devons de rester nous-mêmes.

Pour finir, comment définiriez-vous la musique ?

La musique, c’est un moyen d’expression universel. Et, en plus de son accessibilité, elle permet de combattre les maux de la société tout en communiquant ses émotions.

Propos recueillis par Kady Ouédraogo, journaliste stagiaire

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