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Vie chère : la crise alimentaire internationale pourrait s’accentuer

Publié le vendredi 11 avril 2008 à 11h32min

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Malgré les mesures d’accroissement des stocks que les gouvernements s’apprêtent à lancer, la tendance mondiale à la hausse des prix alimentaires semble structurelle et risque d’être délicate à contrer, prévient le président du Fonds international pour le développement agricole.

Pétrole cher, hausse de la consommation de viande en Asie, réorientation de parcelles vers la production de biocarburants, climat déréglé et spéculations ont contribué à l’augmentation des prix alimentaires.

De violentes manifestations contre cette tendance apparaissent dans plusieurs pays pauvres : Haïti, Egypte, Burkina Faso, Mauritanie, entre autres.

"La majorité des experts estiment que les prix élevés sont là pour longtemps", prévient le Suédois Lennart Bage, président de l’agence onusienne Fida, dans une interview accordée à Reuters.

"Nous assisterons à une réaction sur l’offre, qui devrait, je l’espère, faire quelque peu baisser les prix", dit-il. "Selon les experts sur le terrain, les prix devraient rester plus élevés qu’autrefois, et nous sommes probablement les témoins d’une évolution structurelle à la hausse", tempère-t-il toutefois.

HAUSSE DE 65% DEPUIS 2002

Selon les données de l’Onu, les prix alimentaires ont globalement augmenté de 35% entre fin janvier 2007 et fin janvier 2008, accélérant une tendance amorcée en 2002. Depuis cette date, les prix se sont envolés de 65%.

Pour la seule année 2007, les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montrent une hausse de 80% pour les produits laitiers, de 42% pour les céréales.

Tous ces signaux, assure Lennart Bage, montrent avec force que la production doit augmenter. Il semble d’ailleurs déjà que davantage de semailles aient lieu dans le monde.

"Qu’il y ait une réaction sur l’offre ne fait aucun doute. Ce que nous ignorons encore, c’est dans quelle mesure cette réaction fera baisser les prix", poursuit-il.

Le rôle principal du Fida est la lutte contre la pauvreté dans les régions rurales. Selon son président, la communauté internationale doit présenter un front uni et prendre des mesures immédiates pour nourrir les populations menacées de famine. Une solution à long terme, qui passera par des investissements plus élevés dans l’agriculture, doit aussi être envisagée.

"L’intérêt des gouvernements pour les investissements agricoles a diminué dans de nombreux pays ces dix ou quinze dernières années. La part de l’aide internationale au développement consacrée à l’agriculture est passée de 20% au début des années 1980 à moins de 3% aujourd’hui."

A l’issue du sommet Inde-Afrique à New Delhi, les dirigeants des pays représentés ont fait voeu mercredi de lutter ensemble pour la sécurité alimentaire, et ont appelé les pays occidentaux à revoir leurs pratiques, notamment l’emploi de vastes stocks pour la production de biocarburants.

Cette dernière tendance a provoqué des pénuries et une flambée des prix dans plusieurs pays pauvres où, prévient la FAO, les émeutes liées au coût des aliments pourraient s’étendre à l’avenir.

Version française Gregory Schwartz

Reuters

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