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Savoir sauvegarder l’essentiel

Publié le jeudi 10 avril 2008 à 12h24min

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Il convient de rappeler à tous que la vie est chère partout sur notre planète terre et que c’est véritablement de notre capacité d’adaptation et de transformation de nos faiblesses en atouts que peut venir notre salut. Les syndicalistes devraient plutôt éviter la surenchère et s’inscrire dans les perspectives de la recherche du consensus dans le règlement des problèmes des travailleurs car une plate-forme revendicative peut mener à tout pour peu qu’on y fourre tout et qu’on la conduise à mauvais escient. En tout cas, l’adage populaire indique la voie de la sagesse lorsqu’il dit : « Le caleçon d’aujourd’hui est mieux que le pantalon de demain ».

Il semble que la « vie chère » n’a pas fini de faire parler d’elle sous nos tropiques. Bien au contraire, tel un cancer, qui se métastase, le phénomène est en train de s’installer partout à un rythme qui ne donne pas le temps à ceux qui ne l’ont pas encore expérimenté de s’en prémunir comme si quelque part, quelques méchants esprits avaient décidé que personne n’y échapperait. Partout, le programme des manifestations est le même : marches-meetings avec leurs slogans contre la vie chère, la corruption, les violations des libertés syndicales etc., et tout aussi invariablement des actes de vandalisme et leurs corollaires que sont les jets de gaz lacrymogènes, les courses poursuites entre manifestants et forces de l’ordre et malheureusement quelquefois avec à la clef des corps sans vie laissés sur le macadam. Le Burkina Faso qui peut se réjouir d’avoir échappé à cette dernière constante devrait s’en féliciter et œuvrer à éviter une si funeste éventualité.

Pour ceux qui en doutaient encore, « la vie chère » est donc un phénomène qui va chercher au-delà du continent et sa solution ne peut être trouvée « intra muros » même si chacun est obligé de mettre du sien pour s’en sortir. En effet, les causes, on ne les connaît que trop ; tout comme les conséquences. C’est dans les solutions qu’on ne s’entend pas parler généralement, les uns et les autres se regardant en chiens de faïence, s’ils ne se tirent pas dessus. Ainsi, chacun se victimise tout en accusant celui d’en face d’être de mauvaise foi. La confiance devient une denrée aussi rare que les ressources devant permettre d’améliorer la vie. C’est l’impression que nous donne la situation de dialogue de sourds actuel entre le gouvernement et les syndicats.
En effet, alors que le premier assure être à la limite du techniquement possible pour soulager le calvaire des populations, les autres hurlent à la mauvaise foi et à la dissimulation. Dans cette cacophonie, ce qui est le plus dramatique c’est la désinvolture avec laquelle les syndicats accueillent les réponses à leurs revendications. Incontestablement, le gouvernement a fait des efforts dont les retombées sur le vécu quotidien des populations sont concrètes tout comme leurs conséquences sur ses ressources ne sont pas négligeables.

La plupart des Burkinabè sont conscients des limites du Trésor public et des écarts qu’il ne peut se permettre même si l’envie est forte de contenter tout le monde à la hauteur de ce dont rêve chacun. On l’aura en tout cas vu, ce n’est pas la volonté d’affranchir les populations des affres de la vie chère qui a manqué. La mesure de renoncement par le gouvernement de la perception des taxes douanières sur les produits de grande consommation tels que le riz, les pâtes alimentaires, l’huile, les farines industrielles, le lait et ses produits dérivés… entre dans ce cadre. Un effort que les connaisseurs diront colossal quand on sait que la fiscalité de porte est grande pourvoyeuse d’argent frais dans les caisses de l’Etat et que les produits exonérés, parce que justement presque exclusivement importés, représentent une masse importante dans ce mécanisme financier.

Ainsi, ayant opté de jouer sur les éléments de la structure des prix de ces produits assurément le souci du gouvernement est de toucher et satisfaire tous les Burkinabè, salariés ou non. Et ce n’est pas tout ; une batterie de mesures additionnelles est mise en œuvre pour, par exemple à défaut de pouvoir les diminuer, bloquer les prix des hydrocarbures, permettre à certaines catégories de consommateurs de l’ONEA et de la SONABEL à ne pas être assujetties à des taxes sur leurs consommations etc. Incontestablement, des incidences financières considérables pour le gouvernement qui du reste est en train de réhabiliter les infrastructures ayant souffert des casses perpétrées par les vandales des 20, 21 et 28 février derniers. Qui dit mieux ? Devrait-on s’interroger à la manière des commissaires priseurs et on ne peut qu’être circonspect sur cette attitude de refus des responsables syndicaux de voir les réalités en face et de reconnaître que le gouvernement a fait et veut faire ce qu’il peut. A l’impossible nul n’est tenu dit-on et la grève des 8 et 9 courant n’y changera rien.

Malgré la satisfaction de certaines doléances, la prédisposition à l’examen des questions d’augmentations salariales et d’abandon de la TVA sur les prêts bancaires, on a côté syndicats refusé les vertus du dialogue. Qui dit dialogue, dit acceptation des principes de compromis, de concession, de consensus. Ce qui ne semble pas avoir animé les responsables syndicaux sinon l’économie de cette grève ne souffrait pas d’ambiguïté et personne n’aurait crié à la compromission encore moins à la démission, hantises du monde syndical. Bien au contraire, les acteurs en seraient sortis grandis, leur lucidité et leur sens de la mesure étant mis en exergue.

Malheureusement on s’est laissé obnubiler par des contingences pour les uns et des ambitions inavouées pour les autres au point de ne pas évaluer le mal que l’action envisagée peut faire à ceux pour qui le combat est prétendument mené.
Nul ne peut ignorer qu’en ces temps de vie chère, l’arrêt de travail est très lourd de conséquences négatives pour le travailleur et son outil de travail. On pourrait demander perfidement aux syndicats : maintenant que vous êtes allés en grève, que vous reste-il ?
Si l’Etat enregistre un manque à gagner dû à la baisse de l’activité économique, le préjudice est tout aussi grand pour les opérateurs économiques que pour les populations en général. La grève est donc une arme qu’il faut savoir manier avec subtilité sinon elle dessert le travailleur, le confinant à être à la mentalité d’éternel assisté qui pense tout devoir attendre de l’Etat providence alors que la perversion des réalités contemporaines n’autorise pas la vie de végétal. On a ce que l’on mérite à force d’abnégation dans le travail.

Il convient de rappeler à tous que la vie est chère partout sur notre planète terre et que c’est véritablement de notre capacité d’adaptation et de transformation de nos faiblesses en atouts que peut venir notre salut. Les syndicalistes devraient plutôt éviter la surenchère et s’inscrire dans les perspectives de la recherche du consensus dans le règlement des problèmes des travailleurs car une plate-forme revendicative peut mener à tout pour peu qu’on y fourre tout et qu’on la conduise à mauvais escient. En tout cas, l’adage populaire indique la voie de la sagesse lorsqu’il dit : « Le caleçon d’aujourd’hui est mieux que le pantalon de demain ». Simplement pour faire comprendre aux syndicats qu’il n’est pas toujours bon de refuser le « peu » proposé de façon concrète ; c’est lui qui permet d’espérer plus demain.

Par Cheick AHMED (cheickahmed001@yahoo.fr)

L’Opinion

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