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Côte d’Ivoire : Soro et Badini à la rencontre des partis, groupements et forces politiques

Publié le jeudi 10 avril 2008 à 11h59min

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Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, a rencontré les mercredi 2 et jeudi 3 avril 2008 derniers, en présence du Représentant spécial du facilitateur du dialogue direc tinter ivoirien, Boureima Badini, les responsables des partis, groupements et forces politiques ivoiriens.

A l’ordre du jour de ces rencontres, l’état d’avancement de la mise en application de l’Accord politique de Ouagadougou. Cette initiative du Chef du gouvernement avait pour objectif de donner un coup d’accélérateur au processus de paix, comme l’a vivement recommandé le facilitateur Blaise Compaoré lors de la 4e réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) tenue le 21 mars dernier à Ouagadougou.

C’est dans une atmosphère détendue que le Premier ministre, avec à ses côtés le Représentant spécial du facilitateur, a échangé avec tous les responsables des partis, groupements et forces politiques ivoiriens à savoir : l’Union pour la démocratie citoyenne (l’UDCY), le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le Front populaire ivoirien (FPI), le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) et les Forces nouvelles (FN). A chacune des séances de travail, le Premier ministre, Guillaume Soro a fait le point des actions réalisées, de celles non encore exécutées, des difficultés rencontrées et des perspectives pour l’aboutissement de l’Accord politique de Ouagadougou. Parmi les sujets qu’il a évoqués, figuraient en bonne place : les audiences foraines, l’identification, le processus électoral, le redéploiement de l’administration, l’unicité des caisses de l’Etat, le regroupement des ex-combattants, le démantèlement et le désarmement des milices…

Tous se sont dit satisfaits du bilan à mi-parcours de la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou et disposés à accompagner le Premier ministre dans la mission qui lui a été confiée, celle de conduire à bon port le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Après avoir apprécié les avancées remarquables réalisées dans le processus de paix, les responsables des partis, groupements et forces politiques ivoiriens ont déclaré qu’ils apporteront, chacun en ce qui le concerne, leur contribution pour le reste du chemin à parcourir.

Danielle Boni Claverie du Conseil national de la résistance et de la démocratie (CNRD) a déclaré : « c’était une rencontre nécessaire et extrêmement utile et nous sommes satisfaits des explications du Premier ministre », avant d’apporter un démenti formel sur des propos qu’elle aurait tenus quelques jours plus tôt, demandant à Guillaume Soro de quitter la tête des Forces nouvelles pour se consacrer exclusivement à sa mission en tant que Premier ministre.

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui regroupe entre autres, le Rassemblement des républicains (RDR) de Alassane Dramane Ouattara et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA) de Henri Konan Bédié, conduit par Djédjé Mady a tenu le discours du rapprochement parfait : « Nous nous sentons solidaires du Premier ministre. C’est le minimum que nous pouvons faire pour l’aider à réaliser sa mission qui, il faut le dire, n’est pas facile. Nous devons l’appuyer. Mais, pour cela nous devons comprendre les difficultés. Dans tous les cas, il faut éviter que le pays sorte de la crise par une voie sanglante », a soutenu le chef de délégation du RHDP.

Le Porte-parole de l’Union pour la démocratie citoyenne (l’UDCY), Mel Eg Théodore, tout en félicitant le Premier ministre pour les actions entreprises, a déclaré : « C’est vrai qu’on peut observer quelques lenteurs. Mais ces lenteurs s’expliquent parfaitement ». Il s’est dit satisfait du rapprochement des points de vue que cette rencontre a permis d’obtenir.
Le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, conduit par Miaka Ouretto, son secrétaire général, s’est dit rassuré sur tous les points évoqués par le Premier ministre. Il a expliqué que Guillaume Soro a donné l’assurance que la question des allocations financières des Forces armées des forces nouvelles a été prise en compte dans le budget de l’Etat 2008 et que les institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et le FMI se sont engagées à apporter des appuis à la Côte d’Ivoire. C’est du reste en raison de ces nouveaux acquis que le processus de désarmement des FAFN connaîtra, à partir du 10 avril prochain, une véritable accélération.

Préoccupé par la question de l’unicité des caisses de l’Etat, le Premier ministre a expliqué à ses hôtes qu’il sera très prochainement mis en place au Nord du pays, un cordon douanier composé de brigades mixtes, sous la direction du Centre de commandement intégré (CCI), pour régler définitivement cette question. Par ailleurs, le Premier ministre s’est une fois de plus, engagé à faire en sorte que les élections se déroulent effectivement en 2008 pour que la Côte d’Ivoire retrouve sa situation normale et puisse être admise au Programme des pays pauvres très endettés (PPTE).
A l’instar des autres responsables de partis, groupements et forces politiques, le Premier ministre a demandé avec insistance à la délégation du FPI de prendre conscience que le processus est réellement en cours et qu’il engage tous les Ivoiriens pour parvenir à son terme.

Le signal fort de l’accélération du processus de sortie de crise est sans conteste venu des Forces Nouvelles. « Le premier ministre a émis des vœux qui constituent pour les Forces nouvelles, des actions qui doivent se mettre en place sans délai » a déclaré le ministre Sidiki Konaté, chef de délégation des FN. En effet, Guillaume Soro a évoqué de façon ferme, avec les représentants des Forces nouvelles, des questions essentielles telles que : l’unicité des caisses de l’Etat, le désarmement des ex-combattants en zones centre, nord et ouest (CNO), et la libre circulation des personnes et des biens dans lesdites zones. Cette invite du Chef du gouvernement a été favorablement accueillie par ses interlocuteurs du jour. Les Forces nouvelles, dont toutes les composantes étaient représentées à la séance de travail ont annoncé à propos de l’unicité des caisses de l’Etat, que très bientôt, des mesures concrètes seront prises sur le terrain pour rendre effectives les décisions qui ont été déjà arrêtées par le comité chargé du redéploiement de l’administration financière. Le cordon douanier mixte, préconisé par Guillaume Soro, sera une réalité sous peu.

En ce qui concerne l’amélioration de la libre circulation des personnes et des biens dans les zones citées plus haut, Konaté Sidiki a été catégorique et rassurant : « Nous allons prendre des mesures publiques s’agissant des laissez-passer qui doivent maintenant aller à leur suppression » avant de poursuivre : « nous allons aussi travaillé sur les corridors et la multiplication des check-points et des taxes ».
Le porte-parole des Forces nouvelles a également précisé qu’avec les grandes mesures annoncées par le gouvernement, concernant les allocations forfaitaires des Forces armées des forces nouvelles, le regroupement va connaître une accélération.
Le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), conduit par le Pr Francis Wodié, a indiqué, pour sa part, qu’il partageait le point de vue du Premier ministre sur le processus de sortie de crise. Dans ce cadre, une conférence de presse sera organisée par le parti ou il dévoilera sa position et précisera sa contribution à la recherche de solution au problème ivoirien.

Le Représentant spécial du Facilitateur qui a suivi de bout en bout les échanges entre le chef du gouvernement et les responsables des partis, groupements et forces politiques ivoiriens en présence de trois de ses conseillers a, à chaque fois, pris la parole en fin de séance, pour situer la vision de la Facilitation, en sa double qualité d’arbitre et de facilitateur, des différentes questions évoquées, expliquer le caractère désormais inclusif de l’Accord politique de Ouagadougou et encourager les uns et les autres à travailler à un retour de la paix à travers des élections libres, transparentes, équitables et surtout apaisées en Côte d’Ivoire.

Les jeunes des partis politiques de la Côte d’Ivoire veulent eux-aussi unir leurs forces pour soutenir l’Accord politique de Ouagadougou et booster le processus de paix en cours. Après avoir crée le Cadre de concertation permanente des jeunes (CCPJ) en mars dernier à Grand-Bassam, ils ont entrepris cette semaine, de rencontrer les leaders des partis politiques, les institutions de l’Etat, la société civile et la communauté internationale. Ils envisagent également des tournées et des meetings à l’intérieur du pays. Les jeunes veulent donc par ces actes, renforcer et accompagner l’Accord politique de Ouagadougou pour aller à des élections justes, crédibles et transparentes. Toutes ces initiatives traduisent la foi des différents acteurs en irréversibilité du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Ces actions menées tous azimuts par les acteurs ivoiriens eux-mêmes, constituent une réponse concrète à l’appel du Facilitateur lors de la dernière réunion du Comité d’Evaluation et d’Accompagnement (CEA) tenue le 28 mars dernier à Ouagadougou ; réunion au cours de laquelle le Président Blaise Compaoré avait demandé formellement et avec insistance aux acteurs politiques ivoiriens, de faire de ce mois d’avril, un mois décisif d’actions concrètes, pour faire avancer le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Pour mémoire, la Côte d’Ivoire compte à ce jour environ 130 partis politiques dont une bonne dizaine qui a vu le jour suite à des dissidences au sein des trois principales forces politiques du pays : le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) de Alassane D. Ouattara.

Jean-Baptiste ILBOUDO
Bureau du
Représentant spécial du Facilitateur
du dialogue direct interivoirien à Abidjan

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