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Sommet Inde-Afrique : L’Inde prépare un grand coup commercial

Publié le jeudi 10 avril 2008 à 12h02min

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New Delhi a abrité les 8 et 9 avril 2008, le premier Sommet-Inde Afrique. Placé sous le signe du renforcement de la coopération bilatérale entre le pays du Mahatma Gandhi et le continent africain, seize délégations dont six chefs d’Etat africains, des Premiers ministres parmi lesquels le chef de gouvernement burkinabè Tertius Zongo, ont ouvert un nouvel avenir avec l’Inde.

L’Inde et l’Afrique s’engage dans un même combat : celui de la coopération pour un développement mutuel. Dans la capitale indienne, autour du Premier ministre Manmohan Singh, les présidents Abdoulaye Wade (Sénégal), Joseph Kabila (RDC), John Kufuor (Ghana), Thabo M’Beki (Afrique du Sud), Yoweri Museveni (Ouganda), Jakaya Kikweté (Tanzanie), Alpha Oumar Konaré ex-président de la Commission de l’UA, le Premier ministre Tertius Zongo (Burkina) et plusieurs premiers ministres, l’Afrique et l’Inde ont posé les jallons pour écrire une nouvelle page de la coopération et des échanges commerciaux.

Les 8 et 9 avril 2008, comme l’a souligné le Premier ministre Tertius Zongo, New Delhi a été « l’expression d’une volonté commune de renforcer la coopération Sud-Sud au profit du bien-être des peuples indien et africains dans un monde de compétition. » Pour émousser la compétition dans le tremplin des échanges, le Premier ministre indien, Manmohan Singh a annoncé une série de dispositions tarifaires relatives aux exportations vers son pays. Notamment, l’instauration d’un régime préférenciel tarifaire hors taxe, pour les pays moins développés. « L’Inde fournira de manière unilatérale, l’accès préférentiel au marché pour les exportations d’au moins 50 pays les moins développés dont 34 se situent en Afrique, » a expliqué M. Singh. En filigrane, ledit programme couvrira 94 % des lignes tarifaires totales du pays « aux mille dieux ».

Les produits qui bénéficieront de cette manne sont le coton, le cacao, l’aluminium, le cuivre, les noix de cajou, la canne à sucre, le prêt-à-porter, les filets de poisson et les diamants non industriels. Ce fut l’occasion pour M. Singh de rappeler les bienfaits des relations indo-africaines. Entre 2003-2004 et 2007-2008, M. Singh a avoué que l’Inde a accordé « des lignes de crédit dont la valeur s’élève à 2,15 milliards de dollars (plus de 900 milliards de F CFA) ». Pour mieux faire, cette ligne sera suppléée par un crédit supplémentaire de 5, 4 milliards de dollars ( plus de 2250 milliards de F CFA).

Un mariage pour un développement durable et mutuel

Un autre élément de la santé de la coopération indo-africaine est l’augmentation du budget du programme « Aide pour l’Afrique » pour le développement des ressources humaines. Dans les 5 à 6 ans à venir, 500 millions de dollars seront débloqués. Le Sommet Inde-Afrique a incontestablement scellé un mariage de raison et de développement durable. L’Inde a annoncé le renforcement des compétences locales dans les domaines de la science, des technologies de l’information, de l’enseignement professionnel, ainsi que ceux de la recherche, l’énergie, l’agriculture. Les étudiants ne seront pas oubliés car, dans le cadre des programmes d’assistance technique, le nombre des bourses va augmenter passant de 1100 à 1600 places, a précisé M. Singh. Toutefois, la mise en œuvre de ce partenariat entre l’Inde et le continent ne se fera pas n’importe comment, à en croire le Premier ministre Tertius Zongo : « La mise en oeuvre de ce partenariat exige de nous Africains, le renforcement de la stabilité institutionnelle et politique, l’amélioration du cadre macroéconmique et de l’environnement des affaires ainsi que la mobilisation des ressources internes » a-t-il expliqué.

La situation de l’économie mondiale caractérisée par la flambée des prix du pétrole, des produits alimentaires et les fluctuations persistantes du dollar risque de ternir « l’embellie de croissance économique de 6 % constatée en termes de croissance dans la majorité des pays africains ». Partageant ainsi les bons points marqués par les entreprises africaines, la bonne gouvernance politique, la lutte contre la corruption, les systèmes judiciaires, Tertius Zongo a salué le soutien de l’Inde à la démocratie, la santé, l’éducation, l’agriculture, aux PME, aux infrastructures, le développement des ressources humaines, la lutte contre le VIH/SIDA. Il a partagé l’idée selon laquelle le projet de création d’un réseau panafricain de télécommunications par satellite et fibre optique contribuera à la promotion de la coopération entre l’Inde et l’Afrique par le biais de la télééducation et de la télémédecine.

Les besoins prioritaires du Burkina Faso

Le Premier ministreTertius Zongo a profité de cette tribune pour rappeler à l’Afrique et à l’Inde les besoins prioritaires du Burkina. Priorités résultantes de la bonne santé des relations entre les deux pays. « J’en veux pour preuve, dit-il, le vaste programme de développement et de mécanisation agricole ainsi que le soutien au secteur hydraulique". Celui-ci devra permettre d’assurer la modernisation des exploitations agricoles et étendre le programme de petite et moyenne irrigation dont l’impact, selon M. Zongo, est de plus en plus évident dans l’accroissement de la production. Le Premier ministre dit pouvoir compter sur cette mission sur « l’expérience et l’expertise de l’Inde en matière de mécanisation, d’utilisation rationnelle de l’eau, de pratiques d’irrigation, de fertilisation des sols".

Durant ce sommet, tout en rappelant le rôle historique du combat contre le colonialisme soutenu solidairement par l’Afrique et l’Inde à travers des grands hommes tels Gandhi, N’Krumah, les différents intervenants des 16 délégations ont montré la volonté affichée de construire entre ces deux entités, l’espérance de lendemains meilleurs entre les peuples africains et indien. Ce, pour que « triomphe notre aspiration à un monde plus juste , plus solidaire, plus libre et plus harmonisé. »

Daouda Emile OUEDRAOGO
Envoyé spécial
à New Delhi (INDE

Sidwaya

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