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Manifs contre la vie chère : Tiens, c’est seulement en Françafrique que ça se passe !

Publié le vendredi 4 avril 2008 à 10h15min

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L’effet domino de la vie chère et de ses conséquences sont désormais perceptibles dans certains pays francophones : Burkina Faso, Cameroun, Sénégal et récemment Côte d’Ivoire, demain peut-être un autre pays francophone, puisque la Banque mondiale prédit que 33 Etats pourraient subir le même sort. Le phénomène est en tout cas en passe de faire le tour des pays africains ayant en partage le français pour ne pas dire que c’est en Françafrique !

On sait que pendant la colonisation, les Français ont appris à leurs colonies que c’est de l’Etat providence que vient le salut, non pas que le secteur privé n’eût pas sa place dans leur système colonial, mais que l’individu y attendît tout du gouvernement. Les Anglophones, eux, ont imposé à leurs colonisés

"the indirect rule", qui contraint chacun à se "battre" et à ne pas avoir les yeux rivés sur l’Etat. Le Ghana, un voisin du Burkina et de la Côte d’Ivoire, qui a subi l’"indirect rule", échappe pour le moment à ce dysfonctionnement socioéconomique.

Mais justement parce que cette vie chère survient dans le précarré français, il faut bien se demander si elle n’a pas des causes "coloniales" ou plutôt si elle ne résulte pas d’un héritage déformé peut-être de nos "ancêtres" gaulois.

Certes le monde est devenu un gros village et, mondialisation oblige, quand le prix du baril de pétrole dépasse les 100 dollars, les économies chancelantes des tristes tropiques sombrent davantage.

Il y a aussi le fait que le fameux CFA, arrimé à l’euro, est porté à bout de bras par l’ex-métropole, la France, donc par ricochet par l’Union Européenne, et que, malgré la solidité de cette monnaie commune, certains économistes estiment qu’elle est surévaluée.

Cependant, incontestablement et on l’aura constaté, la vie chère frappe les produits importés. Il s’agit du lait, de l’huile, du riz, du sucre, bref, comme on le voit, l’inflation touche des produits qui viennent de l’extérieur. Des produits qui passent donc sous le scanner de la douane, d’où aussi la grogne, qui a eu des relents fiscaux.

Les principaux pays qui sont dans les convulsions de la vie chère le sont du fait de produits made in China, India…et non de denrées locales. Si la vie chère frappait le sorgho, le petit mil, le niébé,… on aurait compris. Malheureusement ce sont des besoins qui ne sortent pas de nos usines ou de nos champs.

Finalement, la vie chère n’est-elle pas symptomatique d’un mode de vie "francophone" ? Ne faut-il pas revenir à ce que professait Thomas Sankara, à savoir "produisons ce que nous consommons et consommons ce que nous produisons" ?

Ce slogan révolutionnaire, à l’heure ou la "mort subite" (1) est omniprésente dans de nombreux foyers africains, vient nous rappeler que le développement est d’abord endogène et qu’une Nation telle l’Inde par exemple l’a compris qui est en train d’émerger comme une barque des brumes du Gange.

N’est-il pas temps de pratiquer cette sorte d’auto-ajustement qui a été une tradition (2) de notre pays ? En tout cas, ces remue-ménages relatifs à la vie chère incitent à un retour aux sources comme n’a cessé de le clamer non plus un Laurent Bado. Le choix est donc limpide : opérer cette mue et suivre la marche ou conserver ces scories et être à la traîne.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Obserrvateur

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