LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Côte d’Ivoire : Menaces de Gbagbo, bluff ou réalité ?

Publié le lundi 14 juin 2004 à 09h58min

PARTAGER :                          

Avant de s’envoler vers les Etats-Unis via l’Angola, le président Laurent Gbagbo a prévenu les Ivoiriens. "A mon retour, je vais m’occuper d’eux". Un message clair qui a au moins le mérite de n’être ni le premier ni le dernier. Mais les escarmouches entre militaires cette semaine, vont-elles donner un contenu plein aux propos présidentiels ? Comme le retour de l’enfant terrible de Mama (village natal de Gbagbo) est imminent, verra qui vivra.

Les Ivoiriens et avec eux, la communauté internationale savent au moins une chose. Le 19 septembre 2002, par la cupidité des hommes politiques, des fils de la Côte d’Ivoire ont pris les armes pour revendiquer leur existence. Ce que l’on sait le moins, c’est à quand la fin de cette guerre fraticide. Une incertitude aggravée par les discours haineux des protagonistes. Comme au début de la guerre où il avait pris le commandement opérationnel sans quitter Abidjan avec en prime, une volonté affichée d’en découdre avec "les rebelles", Koudou Gbagbo se plaît toujours dans ses prises de position maximalistes. En promettant d’en finir avec "eux" dès "mon retour de voyage", Gbagbo exacerbe une situation pas réellement à son avantage.

Déjà en fin mars, les tueries perpétrées par "la présidence", selon les conclusions d’une équipe d’enquêteurs indépendants, ajoutées à la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, avaient isolé davantage le pouvoir d’Abidjan. En sus de cette situation peu enviable, les ministres de l’opposition s’étaient retirés du gouvernement occasionnant une crise sans précédent depuis les accords de Linas-Marcoussis signés en début 2003 en France.

L’engagement de Gbagbo d’en finir avec les "Forces nouvelles" repose-t-il sur des réalités tangibles ? Il est de plus en plus certain que Abidjan avantage beaucoup plus l’option militaire comme unique voie de pacification et d’unification du pays. Dans cette perspective, Gbagbo noue des alliances et croit dur comme fer que le moment est propice à une offensive militaire. Le trop plein d’armes des forces de sécurité et de défense, les nombreux mercenaires qui hanteraient les grands hôtels de la capitale ivoirienne sont autant d’éléments qui font croire à Abidjan qu"en deux temps, trois mouvements", elle en finira avec les "Forces nouvelles".

A cette certitude militaire, de nombreux analystes pensent que le récent sommet de la Communauté des Etats sahélo-sahéliens qui a vu l’adhésion de la Côte d’Ivoire et surtout les prises de position du leader libyen en "faveur" d’Abidjan, ont ragaillardi Gbagbo et les siens. Le camp présidentiel avait en son temps, parlé de "victoire diplomatique". Ce qui, aux yeux des "patriotes", est considéré comme une prime à l’activisme. Tout laisse croire que du côté de la Lagune Ebrié on est facilement oublieux des faits. Même présents.

En effet dans des circonstances difficiles, où la communauté internationale s’organisait pour la paix entre les protagonistes, Gbagbo avait promis d"en finir le plus tôt avec ces envahisseurs". Pour ne pas dire enfin eux. Et cela dure depuis bientôt deux années. C’est dire que Gbagbo a plus intérêt à calmer le jeu qu’à l’exacerber. Le ton aux antipodes du dialogue affiché agace plus d’une personne et par moments, met en péril les tractations pour le juste milieu.

En prenant des positions jusqu’auboutistes, le président Gbagbo compromet son rôle de rempart vers lequel, la communauté internationale peut recourir en cas de blocage d’éventuelles négociations. Seulement en a-t- on cure des usages diplomatiques là-bas ? Tout porte à croire que le "rastaphilosophe", Alpha Blondy a vraiment raison lui qui avouait qu’après le président Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire n’a eu que des "présidents stagiaires".

En tous les cas, comme le voyage états-unien du président Laurent Gbagbo n’est pas sans retour, les Ivoiriens et la communauté internationale attendent de voir ce qui va se passer en Eburnie. Avec le secret espoir que le bon sens va prévaloir et que la sagesse du père de la Nation ivoirienne feu Félix Houphouët-Boigny va jaillir sur tous les acteurs du mélodrame ivoirien.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique