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Salif Diallo : "Mon départ du gouvernement a été décidé d’un commun accord"

Publié le vendredi 4 avril 2008 à 11h35min

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Blaise Compaoré et Salif Diallo

Certains avaient peut-être enterré Salif Diallo un peu vite. Dans la soirée du 23 mars, dès l’annonce de son départ du gouvernement et de son remplacement au ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques par Laurent Sédégo, jusque-là chargé de l’Environnement et du Cadre de vie, la rue ouagalaise a immédiatement conclu à sa disgrâce.

Il est vrai que, depuis quelque temps, une rumeur insistante suggérait que Salif Diallo, longtemps l’un des plus fidèles compagnons du président Blaise Compaoré, était sans doute moins en faveur. D’autant que ses relations avec Tertius Zongo, le chef du gouvernement, et François Compaoré, le conseiller aux affaires économiques et frère cadet du président, étaient notoirement houleuses.

À plusieurs reprises, Zongo n’a pas caché que son ministre ne lui paraissait plus avoir le même rendement que par le passé et a regretté sa propension à jouer « perso ». « Je crois que le principal souci d’un gouvernement, c’est la collégialité », a-t-il déclaré, le 25 mars, en marge d’un Conseil des ministres extraordinaire. Opinion largement partagée par Blaise Compaoré, selon qui « le réaménagement d’un gouvernement procède toujours d’une volonté de donner de la cohérence à une équipe, afin d’améliorer sa motivation et de renforcer son action ».

Reste que ce remaniement intervient alors que les autorités viennent d’être mises à rude épreuve par les récentes émeutes contre la vie chère. Dans ces conditions, quel intérêt les caciques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir, auraient-ils à se lancer dans d’incertains règlements de comptes ? Est-il possible que le chef de l’État se soit vraiment brouillé avec son ancien ministre de l’Agriculture, qui travaille à ses côtés depuis l’époque de Thomas Sankara, fut son directeur de cabinet au lendemain du coup d’État de 1987 et assume depuis, avec d’autres, la responsabilité des missions délicates ?

Si Compaoré avait décidé de rompre avec lui, pourquoi aurait-il nommé Cécile Beloum, l’une de ses protégées, ministre des Relations avec le Parlement ? Et pourquoi aurait-il maintenu ce même Salif à la vice-présidence du CDP ? De là à voir dans son éviction une manœuvre pour détourner l’attention de l’opinion, il n’y a qu’un pas, que l’opposition a allègrement franchi.

Contacté par Jeune Afrique, l’intéressé se montre serein. « Voilà plus de dix-huit ans que je suis au gouvernement, explique-t-il. Après tout ce temps, le risque de devenir moins efficace est bien réel. En politique, il faut savoir prendre du recul. » Selon lui, son départ du gouvernement a été décidé « d’un commun accord ».

À l’inverse, la presse locale estime que la présence de Salif Diallo au journal télévisé de la TNB, trois heures avant son éviction, prouve qu’il n’en était pas informé. « Compte tenu de l’imminence des changements, nous nous sommes posé la question de ma participation à l’émission, répond l’ancien ministre. Nous avons finalement décidé de la maintenir, car c’était l’occasion de parler de mon bilan. » Usé et exaspéré par les incessantes rumeurs sur son compte, Diallo aurait-il de lui-même demandé à quitter le gouvernement ?

Quoi qu’il en soit, ses compatriotes estiment généralement qu’il ne se contentera pas de la vice-présidence du CDP ou d’un simple siège de député. À moins qu’il ne soit à nouveau victime de problèmes de santé, comme il y a quatre ans…

JEAN-BAPTISTE MAROT
Jeuneafrique.com

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