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Communication gouvernementale et institutionnelle : Les suggestions du député Mahama Sawadogo

Publié le mercredi 2 avril 2008 à 09h22min

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Le contexte de la vie chère offre l’occasion au député Mahama Sawadogo d’exposer à travers cet écrit son analyse de la communication du gouvernement et d’institutions comme l’Assemblée nationale. Se fondant sur des ouvrages spécialisés, le député Sawadogo propose la création de cadres formalisés et non formalisés pour permettre aux citoyens et aux forces politiques, sociales et économiques d’exprimer leur point de vue.

Le contexte de la vie chère constitue depuis un certain temps une opportune occasion pour les leaders d’opinions (toutes tendances confondues) d’exposer publiquement les nombreux problèmes auxquels se trouve confronté le pays des Hommes intègres et certaines insuffisances de la gouvernance qui méritent une attention particulière. Cet exercice, certes salutaire, nécessite cependant d’être complété par un autre, celui de l’exposé des solutions possibles. Cet exercice permettra que la crise sociale actuelle serve aussi de tremplin pour traiter de certaines questions que ladite crise a clairement mises en évidence. En effet, comme le dit Jacques Gerstlé dans son livre "La communication politique", "c’est en élaborant des propositions, des projets de règlement des problèmes que les forces politiques arrivent à s’affronter, à s’opposer ou bien à coopérer pour trouver une voie consensuelle vers des décisions, des politiques publiques et au total une action publique dotée de légitimité".

Parmi les problématiques mises en évidence, celles de la communication et du dialogue nécessitent un traitement approprié du fait du rôle cardinal que devraient jouer ces pratiques (communication et dialogue) dans les sociétés démocratiques modernes.
A propos de la communication, le reproche fait au gouvernement est qu’il recourt à elle (la communication) seulement en temps de crise. Il découle naturellement de cette critique que la communication gouvernementale ne saurait être conjoncturelle mais plutôt et davantage permanente.

Tout en partageant ce point de vue, il convient toutefois d’attirer l’attention sur une dérive possible qui est la transformation de la vie politique en campagnes permanentes.
Ainsi, sous réserve de cette dérive, les services de communication des institutions de la République et des départements ministériels devront améliorer quantitativement et qualitativement leur pratique communicationnelle. Cela permettra de satisfaire la demande clairement exprimée tant par les citoyens que par les organisations de la société civile qui, de temps à autre souhaitent avoir le point de vue des plus hautes autorités (Président du Faso, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale) sur certaines questions de l’agenda politique.

Concernant le dialogue, on a relevé un déficit dans la pratique démocratique. Cette critique exprime d’une part, l’insuffisance quantitative et/ou qualitative des institutions comme l’Assemblée nationale et les conseils locaux à satisfaire le besoin de dialogue des citoyens et d’autre part, le souhait de la création de cadres d’expression complémentaires pour pallier les limites du dialogue au niveau institutionnel.
Pourquoi le dialogue intéresse tant les citoyens ? Tout simplement parce qu’ils estiment qu’ils doivent et peuvent participer à la prise des décisions les concernant.
Comment faire pour que la dialogue soit possible ?

Selon Jon Elster, un politologue, "dans les sociétés modernes, il existe trois moyens de parvenir à une décision collective : argumenter, négocier et voter". De ce point de vue, il convient de créer des cadres formalisés et non formalisés pour permettre aux citoyens ou leurs organisations, aux forces politiques, sociales et économiques de pouvoir exprimer leurs points de vue et surtout de négocier afin de parvenir à dégager autant que faire se pourra des positions consensuelles sur des questions données.
Les structures de prises de décisions que sont les organes élus (Assemblée nationale, conseils locaux), sans pour autant être liées par ces positions consensuelles pourront utilement s’en inspirer.

En tout état de cause la pratique de la démocratie majoritaire devrait tenir compte d’une manière ou d’une autre de la tendance clairement exprimée d’une certaine démocratie consensuelle.
C’est dire donc que la dualité démocratie majoritaire et consensuelle comprise dans le sens de leur coexistence constitue une exigence de la pratique démocratique d’aujourd’hui et surtout de demain dans le pays des Hommes intègres.

Mahama Sawadogo
Député

Sidwaya

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