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Remaniement ministériel : La cohérence de l’action gouvernementale en point de mire

Publié le mardi 1er avril 2008 à 13h37min

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Le départ de Salif Diallo du gouvernement était dans l’air du temps, c’est sûr. Puisque des journaux bien au fait des choses du pays avaient établi leur calendrier. Ce qui est encore plus sûr c’est que les supputations vont reprendre de plus belle.

Dans le domaine des inattendus, le moment choisi pour ce léger remaniement ministériel en a surpris plus d’un. Mais ici et pour en revenir au personnage qui s’en va, c’est certainement autre chose qui intéresse l’observateur extérieur que l’effet de surprise. En l’occurrence les raisons d’un départ que certains las de le voir, avait fini par ranger l’éventualité sur le compte des rumeurs dont Ouagadougou raffole. Certainement qu’il n’y a jamais de fumée sans feu à un moment où la plupart des Etats africains se trouvent confrontés à des problèmes de gouvernance.

L’action de l’exécutif, face à la crise qui secoue le système de l’économie de marché, exige plus de cohérence, autrement dit que les ordres viennent d’une seule et unique voix. Difficile de parvenir à une bonification de l’action gouvernementale lorsque le chef de l’exécutif a cette impression de discordance dans le message. Les options prises par Tertius Zongo et qui bousculent profondément les habitudes installées ne pouvaient souffrir par endroit de pesanteurs venues de l’intérieur. Or, la position acquise après de longues années dans le dispositif central du parti et de l’appareil d’Etat par Salif Diallo a fini par lui donner de nombreux « libéralismes ». Il agissait, faut-il le reconnaître, dedans et en dehors de l’exécutif. Les impératifs de la gouvernance obligent aujourd’hui à un recadrage et une prise en main plus ferme, qui ne saurait souffrir de francs- tireurs.

Il se voyait Premier ministre

Mais, il y a lieu aussi d’en convenir, Salif Diallo fut et reste un militant actif du parti majoritaire. Il a non seulement contribué de façon déterminante à installer le régime mais aussi à en tirer les ficelles. Mais de quelle manière ? Il a été de bien de combats, au point d’avoir reconnu à visage découvert que les coups portés à l’opposition furent pour l’essentiel sortis de ses griffes. Bien que cela fasse partie du jeu politique, ces attaques venues de part et d’autre, ont ici pris l’allure, en tout cas dans son expression, de volonté délibérer de destabilisation des partis d’opposition. Fallait-il le dire ainsi ?

C’est un peu, ce fait d’être au four et au moulin qui de façon conscience ou inconsciente l’ont conduit à se voir dans des souliers trop étroits dans ses fonctions de ministre d’Etat. Il a, à un moment, voulu et rechercher cette place de chef de l’exécutif qu’il considérait taillée à sa dimension. Ne pouvant plus souffrir d’être « un yes man » vu sa position, il ne pouvait qu’agir en marge et surtout au-dessus du chef nommé par qui on sait. Tertius Zongo n’a pas eu le monopôle des bisbilles avec Salif Diallo. Ce dernier a eu des affrontements incessants avec la plupart des Premiers ministres. La presse bien informée s’en est régulièrement fait l’écho. Et la fin fut à tous les coups que le Premier ministre finissait par s’en aller. Apparemment cette fois, ce ne fut pas le cas, la nouvelle donne que le président Blaise Compaoré entend impulser à la gouvernance ayant prévalu sur toutes autres considérations. Tertius Zongo a désormais les pleins pouvoirs.

… Regardons le réel

Il ne faut point se leurrer. Au sein du CDP, les querelles de clocher peuvent encore se gérer. Dans tous les cas, le parti en a l’habitude et il y survit depuis l’entame du processus de démocratisation. Cela fait un bail, faut-il en convenir. Mais au sein de l’exécutif comment ne pas reconnaître que les discordances plombent l’action et engendrent des retards dommageables dans l’atteinte des objectifs. Oui, ce serait en quelque sorte faire l’aveugle que de ne pas voir que la volonté de Tertius Zongo de reprendre en main plusieurs pans de l’économie gangrenée par des cercles d’intérêt se heurtaient à des résistances, venant des milieux des affaires, qui ont pris des aises. Ce n’est pas une surprise en soi. Lorsqu’il est question d’assainir, les opérateurs économiques ont des réflexes d’autodéfense. Il importe dans ces moments où la résistance s’oppose au changement que l’exécutif soit fort et collégial.

La lutte contre la fraude, la corruption et l’incivisme fiscal, exigée même par les premiers concernés c’est-à-dire les milieux d’affaires lors de la rencontre de 2007 gouvernement - secteur privé est en marche et a engendré les casses désormais célèbres de la fin de février 2008. C’est donc que, malgré les convergences de vue des deux partenaires sur ce problème, l’acceptation des mesures y afférentes n’est pas donnée à l’avance. Le gouvernement devrait alors se serrer les coudes pour faire aboutir les nouvelles mesures de politiques budgétaires. Les supputations sur le limogeage du ministre d’Etat vont aller bon train. Mais le contexte économique est si compliqué que le Premier ministre avait un urgent besoin d’être en phase avec chaque membre de son exécutif. Il veut bousculer chacun quand il le veut et comme il le veut dans l’optique du recadrage qu’il a annoncé et qu’il est déterminé à opérer.

Tertius Zongo pour ce faire s’est mis en avant dans tous les actes quotidiens de l’exécutif. Maintenant, il a la latitude pour dicter ses orientations et ses choix et c’est cela la réalité d’un mini changement rendu nécessaire. Pour une fois que le chef de l’Etat tranche en faveur du Premier ministre contre « son bras droit », attendons de voir le résultat. Un résultat qui tiendra également à la capacité de Laurent Sedego qui hérite du département laissé vacant par le partant, de faire mieux que son prédécesseur.

Souleymane KONE

Par : L’Hebdo

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