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OCI : Des chantiers difficiles

Publié le mardi 18 mars 2008 à 11h14min

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Réunis la semaine dernière à Dakar dans le cadre de leur XIe Sommet, les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont dégagé de nouvelles orientations résolument tournées vers la promotion de la démocratie et la croissance économique des "laissés-pour-compte" de l’espace islamique. De belles résolutions qui risquent cependant de rester au stade des bonnes intentions, la "nature" des grands pays de la Oumah d’une part et la rivalité souvent exacerbée qui les opposent d’autre part, étant les principales raisons alimentant ce pessimisme.

Etant pour la plupart des monarchies constitutionnelles, on voit mal comment ces grands pays pourront opter brusquement pour une dévolution du pouvoir version occidentale. Il se pose un problème culturel, difficile à résoudre et qui a, dans une certaine mesure, engendré le "terrorisme islamique" (?) en réaction à cette agression culturelle et économique qui veut imposer les schémas dominants. C’est dire que les participants au Sommet de Dakar, dormaient dans le même lit, mais, n’avaient pas les mêmes rêves.

Autre chantier difficile à mettre en œuvre en raison cette fois des rivalités opposant les bailleurs de fonds, la consolidation de la solidarité islamique entre les Etats membres. Une solidarité qui s’est jusqu’à présent, manifestée à la tête du client et, comme une course au leadership entre les grands.
Quand le fonds saoudien finance un barrage par là, celui koweïtien construit des routes par-ci, tandis que les Iraniens édifient des hôpitaux ou des mosquées ailleurs. Une coopération à hue et à dia, dont pâtit le Fonds de solidarité islamique. Institué en 2005 pour recueillir des fonds à hauteur de 10 milliards de dollars, cette caisse de solidarité végète avec 2,5 "pauvres" milliards de dollars.

Malgré les vibrants appels lancés à Dakar, il y a fort à craindre que la situation ne perdure, surtout que la politique belliciste de George Bush au Moyen-Orient a divisé davantage le monde arabe. Lequel ne s’entend plus sur la cause palestinienne, autre dossier chaud à propos duquel, l’OCI n’a pas voix au chapitre. Bien sûr, il y a eu des propos enflammés contre le "sionisme" à Dakar, mais, le centre de décision étant ailleurs, on va rester là encore dans le domaine de la rhétorique. Il n’est pas jusqu’au circonstanciel conflit tchado-soudanais qui s’est invité aux débats, et qui sera réglé ailleurs, malgré un Accord de paix arraché in extremis à Dakar.

Cette crise a en effet plusieurs tiroirs avec les intérêts économiques qu’elle sous-tend. Contrôle du pétrole des deux pays, trafics d’armes, rivalités entre superpuissances, il faut élargir la base des négociations pour espérer parvenir à un véritable Accord de paix. On le voit, le rêve d’une OCI revitalisée, dotée de capacités et de moyens humains et financiers à même de faire face aux défis du XXIe siècle est loin d’être une réalité. Que c’est dur d’être la périphérie d’un centre omnipotent.

Boubakar SY (magnasy@yahoo.fr)

Sidwaya

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