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Baptême de rues de la ville de Ouagadougou : "Soyons conséquents"

Publié le jeudi 13 mars 2008 à 11h07min

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Le baptême des rues de Ouagadougou continue de susciter des interrogation sur son caractère objectif ou non. Voici, en guise de contribution au débat, le point de vue de Yacouba H. S. Ouédraogo.

Le "Fou" du Journal "Le Pays" dans sa chronique du vendredi 22 février 2008 a touché un point que nous avons jugé très sensible : le baptême de rues à Ouagadougou qu’il a d’ailleurs qualifié de "monstre incontrôlable". Nous souscrivons entièrement à cette façon de voir du "Fou". D’ailleurs, actuellement dans ce bas-monde, ceux qui disent la vérité sont les fous et les enfants. Bref, revenons à notre objet du jour.

Pour commencer, nous émettons le voeu d’être compris et souhaitons du même coup qu’on s’entende sur un fait : nous ne sommes aucunement contre l’attribution du nom de X ou Y à telle rue ou à tel boulevard. Nous n’avons ni cette intelligence, ni cette personnalité, encore moins cette valeur historique de juger les décisions du comité chargé de toponymie de la ville de Ouagadougou. Ces lignes que nous traçons ne sont que l’exercice d’un droit citoyen : le droit de penser.

Donner une âme aux artères de la capitale de notre pays est un acte plein de symboles et hautement historique. Seulement, nous comprenons le "Fou" quand il constate qu’« à l’allure où vont les choses, à la manière des critiques que l’on entend par-ci, par-là, n’y a-t-il pas lieu pour le conseil municipal et le comité de toponymie d’oeuvrer à obtenir un plus grand consensus avant de procéder à un baptême ou à une débaptisation (...). Sinon, on risque à la longue de voir dans ces baptêmes, des actes de complaisance à l’image de certaines décorations dont on a pu dire qu’elles étaient attribuées à la pelle. On pourrait par exemple dire qu’après s’être partagé le pouvoir et le pays, l’heure est venue de se distribuer des honneurs. » Voilà qui est très bien dit. Nous insistons encore pour dire qu’on ne saurait remettre en cause une décision du comité de toponymie. Nous insistons parce que dans ce pays on n’hésite plus une seule seconde à taxer d’"aigris" ceux qui essaient encore de lire réellement entre les lignes.

Ceux qui ont donné des points de vue sur l’attribution des décorations en savent quelque chose. Nous voulons seulement qu’on évite des situations de sectarisme qui n’arrangent guère un pays qui prône l’unité, le progrès et la justice. « C’est pourquoi, du point de vue de la morale et de l’éthique politique, une explication s’impose. Il faut motiver le choix, dire quel a été l’apport du distingué dans l’histoire de son pays. Faute de cela, il y a risque de jeter des hommes et des femmes en pâture » a précisé le "Fou" du "Pays". L’ex-député Mahamadi Koanda est convaincu que « cette manière de baptiser les rues est mauvaise, car on y voit peu de logique. Le maire Simon Compaoré agit à la tête du client. » (ln L’Observateur Paalga n°7047 du vendredi 11 au dimanche 13 janvier 2008.). Et puis entre nous !

Quelle nuit a pu bien porter ce conseil à ces messieurs du comité de toponymie pour "fusiller" le président angolais Agostinho Neto et le remplacer par Joseph Ki-Zerbo à côté de la prématuré ? Le géant historien du Burkina Faso, rappelé à Dieu le 4 décembre 2006 a dû certainement se retourner dans sa tombe. Nous parions que s’il était vivant, ce premier agrégé d’Histoire en Afrique noire allait tout simplement refuser qu’on "gomme" un pan de l’histoire congolaise (africaine) "pour lui faire plaisir". On aurait dû penser à lui plus tôt en lui décernant une distinction de son vivant ou à baptiser le temple du savoir de son nom à l’image de son compagnon et ami Cheick Anta Diop. N’est-ce pas ?

"Enrayer tout subjectivisme"

Nous suggérons que le comité de toponymie travaille à enrayer tout subjectivisme d’où qu’il vienne. Beaucoup de personnes qui ont influencé l’histoire de ce pays dorment toujours dans le silence des cimetières. Et puis, entre baptême, debaptême et rebaptême, on risque de ne plus se retrouver. Les générations montantes risquent de se perdre. Dans le même temps, une idée bien curieuse nous effleure l’esprit. Feu Maurice Yaméogo, le premier président de notre cher Burkina semble ne pas être immortalisé dans la capitale de son pays. Peut-être que nous nous trompons. Dans le cas où nous ne nous tromperions pas, ce serait très dommage de notre part. Nous n’osons pas penser que c’est parce qu’il est le père de l’autre... En tout cas, nos cahiers de leçons du primaire et autres livres d’histoire sont chargés de sa mémoire.

Quel que soit ce qu’il a été, le 5 août de chaque année, sa voix charge toujours émotionnellement l’atmosphère de ce pays. De toutes les façons, travaillons tous pour l’intérêt de ce pays quelles que soient nos couleurs du moment et évitons de tricher avec l’histoire. Nous sortirons toujours perdants. « Le verdict du passé est toujours le verdict d’un oracle : Vous ne le comprendrez que si vous êtes les architectes de l’avenir, les connaisseurs du présent ». Ceci est un constat de Friedrich Nietzsche. Merci Nietzsche de nous le rappeler.

L’Amour pour tous

La Haine pour personne

Yacouba H. S. OUEDRAOGO

Direction provinciale de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Yatenga

Le Pays

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