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Rébellion touarègue : Les liaisons dangereuses du bédouin de Syrte

Publié le mercredi 12 mars 2008 à 10h47min

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Ibrahim Ag Bahanga et Ag Ali Alambo. Tous deux des chefs rebelles touaregs et qui ont pris les armes contre leur pays, le Mali, pour l’un et le Niger, pour l’autre.

Ancien membre du Mouvement des forces unifiées de l’Azawad, branche armée de la rébellion touarègue au Mali dans les années 90, Ag Bahanga n’a vraiment jamais réellement accepté le pacte national scellant la paix, signé en avril 1992. Caporal-chef de l’armée malienne, il a vécu cela comme une frustration et a repris les armes en 2001.

Quant à l’autre, Ali Ag Alambo, il est propriétaire d’une prospère agence touristique d’Agadez, il est devenu subitement célèbre le 13 mars 2007 en prenant la tête du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ). Ce sont ces deux hommes qui causent l’insécurité au nord du Mali et au nord du Niger, empêchant ainsi Toumani Touré et Mamadou Tandja de gouverner en rond.

Puis le lundi 10 mars il y eut un événement, exceptionnel. Car peu de personnes l’attendaient et pour une surprise agréable, c’en est une : les rebelles touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) ont libéré ce jour 25 de leurs otages, capturés entre juin 2007 et janvier 2008 dans le nord du pays.

Pendant ce temps, au Mali aussi, on festoyait. L’heure était à la bamboula parce que la rébellion, qui sévit depuis au nord de ce pays et que dirige Ibrahim Ag Bahanga, a quelque peu lâché du lest, en accordant la liberté à quelques otages.

Cette généreuse mise en liberté, faite presque de manière simultanée dans ses deux pays grâce aux bons office de la Fondation Khadafi, a été appréciée à sa juste valeur.

C’est en cela qu’on pense que si cette Fondation (que dirige le fils aîné du Guide) n’existait pas, il aurait fallu la créer, car combien sont-elles les familles maliennes et nigériennes à être très heureuses après la libération d’un frère, d’un époux, d’un père... ?

Mais véritablement, si depuis son accession au pouvoir, Amadou Toumani Touré (ATT) a tenté autant que faire se peut d’écouter les rebelles maliens et mieux d’ouvrir des négociations avec eux, son frère d’armes nigérien Mamadou Tandja, quant à lui, semble plutôt privilégier la logique de la répression.

En effet, avec l’envoi de renforts militaires au nord du pays, Tandja semble mettre en avant son "petit secret à lui", qui est la carte du pourrissement de la situation.

Si dans cette affaire de rébellion, la Libye a été cette fois-ci acclamée pour avoir mené ses bons offices jusqu’à la libération de quelques otages, il n’en a malheureusement pas toujours été ainsi.

En effet, le Guide de la Révolution libyenne a longtemps été accusé d’avoir un projet de création d’Etat sahélien constitué par les Touarègs du Mali, du Niger et de l’Algérie, même s’il se défend bec et ongle d’avoir mijoté un tel "funeste projet".

Au Mali et principalement à Tombouctou, les mêmes accusations ont circulé en février 2006, car tout semble dire que le Guide joue un rôle pas toujours lisible dans cette affaire. Et pendant que certains pointaient un doigt accusateur sur le Guide, une notabilité touarègue a osé rompre le silence pour témoigner à visage découvert son soutien au bédouin de Syrte.

Mais quoiqu’on dise, si les chefs rebelles nigériens et maliens ont accepté de libérer leurs otages ainsi, c’est que la contrepartie doit avoir été consistante : peut-être bien une belle cagnotte pour s’approvisionner en armes et terroriser davantage les populations. Une sorte de cercle vicieux alors.

Boureima Diallo

L’Observateur

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