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RD Congo : Le fédéralisme comme solution ?

Publié le vendredi 14 mars 2008 à 10h45min

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La récente répression sanglante du mouvement « Bundu dia kongo » au Bakongo vient reposer une fois encore, la question de la structuration même de l’Etat congolais. Unitaire ou fédéral, la question n’est pas superflue, tant il apparaît que sous sa forme actuelle, le géant centre africain est confronté à des problèmes récurrents d’irrédentisme voire de sécession.

Il y a un an, l’élection présidentielle à servi de prétexte à cette revendication qui, quoique diffuse, ne s’est pas moins manifestée dans l’Equateur, la région du candidat malheureux, Jean-Pierre Bemba. Au prétexte que la victoire de « leur fils » lui avait été volée, les Congolais de cette région ont appelé à la révolte, ce qui a entraîné une passe d’armes mémorable entre Kabila et son rival à Kinshasa.

Bemba n’a dû son salut qu’à son « exfiltration » du pays par l’ONU et les Occidentaux. Depuis, il vit en exil au Portugal d’où il ne cesse d’envoyer des friques au régime Kabila, pourrissant davantage un climat politique déjà délétère. Avec la crise du Kivu qui entremêle revendication identitaire, politique « nationaliste » (?) et guerre de prédation, Kabila n’a en effet pas peu à faire depuis son élection l’année dernière. Un délitement de l’autorité de l’Etat qui nous replonge dans l’histoire tumultueuse de ce pays, avec déjà, la sécession katangaise de 1964, dont le « chef d’orchestre » était Moïse Tshombé.

Dans le Congo nouvellement indépendant, la lutte pour le pouvoir était féroce, entre des politiciens en manque de légitimité depuis l’assassinat du père de l’indépendance, Patrice Emery Lumumba par les services secrets occidentaux. Aidé des mêmes Occidentaux, Mobutu Sésé Séko écrasera toutes ces velléités pouvoiristes dans le sang, pacifiant le pays à coups de canon. Las, le gigantisme du pays lui jouera des tours pendables, et, en 1977/78, une nouvelle sécession katangaise verra le jour avec cette fois-ci, le « général » Nathaniel Mbemba à la baguette. Une sécession matée cette fois encore, avec l’aide de la légion étrangère au sein de laquelle les troupes marocaines se seront fort bien illustrées. Depuis, une solide amitié se nouera entre Mobutu et Hassan II.

Lequel Mobutu s’enfuira au Maroc sous la poussée de Kabila père en 1997 et mourra dans ce pays où il est toujours enterré. Les faits actuels ne doivent rien au hasard, les populations de l’intérieur se sentant abandonnées par un pouvoir central plus prompt à servir le « maître » occidental qu’à leur faire profiter des immenses richesses du pays. Un pauvre assis sur un océan de richesses, voici l’image que renvoie le Congo. La voie unitaire ayant prouvé ses limites, peut-être que le fédéralisme permettra au pays de donner enfin la pleine mesure de ses capacités. A moins que, comme l’affirment certains, « la malédiction » ne soit « congénitale ». Auquel cas, c’en serait à désespérer de tout le continent.

Boubakar SY

Sidwaya

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