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Alphabétisation : Les productrices de beurre de karité s’émancipent par la lecture

Publié le mardi 11 mars 2008 à 10h43min

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Au Burkina Faso, où environ 85% des femmes sont analphabètes, l’Union des productrices du beurre de karité d’un quartier de Ouagadougou a créé en son sein un centre d’alphabétisation afin de permettre à ses élèves d’acquérir une véritable autonomie.

Depuis des années, Salamata Nikièma rêve de savoir lire comme son fils aîné Arouna qui va au collège. À 35 ans, elle apprend maintenant à déchiffrer l’alphabet sur un tableau vert à l’aide d’un bâton.

Trois semaines après son inscription au Centre Bangre-Noma (littéralement « la connaissance est bonne » en mooré, une des principales langues du pays), cette mère de cinq enfants se dit « heureuse » de voir son rêve devenir réalité dans ce centre de Kalgondin, un quartier périphérique du sud de Ouagadougou.

« Actuellement, je peux composer un numéro sur mon portable, lire mon ordonnance, calculer les marges bénéficiaires du beurre que je fais », se réjouit Mme Nikièma qui se fixe pour ambition de parler « d’égal à égal » en français avec son fils.

L’objectif de ce centre créé en 2005 est d’abord de sortir les femmes de la pauvreté mais « il fallait aussi les aider à s’émanciper et à prendre conscience de l’importance de l’école » pour elles et leurs enfants, explique Sonia Nikièma, coordonnatrice du centre.

Dans la vaste cour de l’Union, une centaine de femmes fabriquent du beurre de karité le jour et, le soir venu, se rendent aux séances d’alphabétisation en même temps que quelques habitantes du quartier venues grossir les rangs des « écolières ».

« La principale motivation » des femmes qui viennent ici pour apprendre à lire et à écrire, « est de savoir gérer de façon autonome leurs affaires », souligne Boukaré D. Ouédraogo, le superviseur général du Centre Bangre-Noma.

L’engouement pour ce centre est aussi dû à la possibilité pour ses élèves d’apprendre un métier lorsqu’elles auront atteint, au bout de 90 jours, la fin du premier cycle de formation. Elles pourront alors apprendre la culture maraîchère, la couture ou la fabrication de produits cosmétiques (savon, shampoing).

Certaines jeunes filles scolarisées ailleurs viennent aussi s’inscrire à Bangre-Noma « parce qu’elles ne sont pas sûres que ça marchera là-bas », explique M. Ouédraogo.

C’est le cas d’Alizèta Compaoré, 19 ans, inscrite cette année en classe de 6e dans l’enseignement classique et en même temps élève de Bangre-Noma.

« Je veux non seulement apprendre à parler et à écrire mais aussi apprendre le métier de couturière, au cas où l’école (classique) ne marcherait pas », avoue la jeune femme qui espère obtenir en juin un diplôme délivré par le ministère de l’Alphabétisation.

À Bangre-Noma, « toutes les femmes envoient maintenant leurs enfants à l’école parce qu’elles ont compris l’importance de l’alphabétisation », souligne M. Ouédraogo.

« Nous discutons quelquefois de leurs résultats scolaires comparés à ceux de leurs enfants dans les écoles classiques. Il y en a qui vous disent qu’elles sont plus fortes en calcul que leurs fils, d’autres disent que leurs enfants sont très bien en dictée », poursuit-il.

« Or, il y a des années, elles ne savaient pas ce que c’était qu’une dictée ou l’orthographe. Maintenant elles en parlent avec beaucoup d’aisance », note-t-il.

Romaric Ollo Hien

AFP
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