L’histoire, c’est expliquer des événements avec des dates. Et l’insuffisance de celle africaine, c’est le manque de preuves et le fondement sur des hypothèses. Pour donner une réponse à ceux qui disent que l’Afrique n’a pas d’histoire, le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication coorganise avec celui des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, un colloque international.

Ce colloque qui réunira des scientifiques d’Afrique, d’Europe et d’Amérique débattront des richesses historiques du Sahel sur le thème "Les développements culturels et innovations technologiques pendant le premier millénaire avant et après Jésus Christ en Afrique de l’Ouest". Le comité d’organisation a tenu un point de presse, le jeudi 6 mars 2008 pour expliquer aux hommes de média, les raisons de la tenue du colloque du 12 au 14 mars prochain.

Selon les organisateurs, la tenue du colloque est l’aboutissement d’une collaboration entre l’Université de Francfort en Allemagne et celle de Ouagadougou au Burkina Faso. En effet, cette collaboration a permis de réaliser des fouilles à Kissi dans le Nord-Est de Gorom-Gorom. Des fouilles qui ont permis de trouver du textile, des cauris, du fer, etc. datant du troisième siècle après Jésus Christ. Les résultats des fouilles ont été envoyés en Allemagne pour être analysés, datés et un document a été produit à cet effet. La remise des résultats et des objets archéologiques des fouilles interviendra lors du colloque et ils seront exposés au musée national. Selon Mme Sidibé née Andréa Reikat, représentante de l’Université de Francfort au Burkina Faso, les découvertes montrent que le Burkina Faso était dans l’antiquité. Car, elles révèlent la présence de cultivateurs et d’éleveurs sédentaires qui vivaient sur les sites situés à côté de mares .

"Nous avons le même type d’habitat et d’économie. Mais il est difficile de dire que c’est le même groupe qui vit actuellement", a dit Mme Sidibé. "Il y avait une organisation de l’espace et une maîtrise du feu à cette époque. Et on sent que la société était déjà organisée", a renchéri M. Oumarou Nao, président du comité d’organisation. Avec les résultats de ce colloque, le Burkina Faso ravit la place du Mali et du Niger dont les dates les plus anciennes sont du VIIIe siècle après Jésus Christ. Ces données des résultats sont fiables car provenant des laboratoires allemandes. "Nous sommes offusqués quand nous entendons l’Occident dire que nous n’avons pas d’histoire. Mais avec l’archéologie, nous avons des données fiables. Il y a des historiens et des archéologues en Afrique. Cependant, les recherches coûtent cher. Mais avec l’aide de l’Allemagne, nous pouvons clamer notre histoire", se console M. Oumarou Nao. Aussi, M. Nao a souhaité que l’Allemagne qui avait déjà coopéré pour le retour de la statuette "Mamio" soit remerciée et félicitée.

Le colloque de Ouagadougou réunira les "grands noms" de l’archéologie sur le Sahel. Ils aborderont des thèmes comme la sidérurgie dans le Sahel burkinabè à la fin du premier millénaire, les traditions céramiques de la Boucle du Niger : évolution technique et histoire du peuplement, ainsi que la place et l’importance du tissage dans la zone forestière de Côte d’Ivoire : une contribution à l’histoire des innovations technologiques en Afrique de l’Ouest. Pour le public burkinabè, il sera exposé au musée national à Ouagadougou à partir du 15 mars 2008 et ce pour au moins une année, des objets archéologiques trouvés. Le monde entier saura, grâce à ce colloque, que l’Afrique a une histoire et que le Burkina Faso existe depuis l’antiquité.

Jonathan YAMEOGO
(Stagiaire)

Sidwaya